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Dossier - Le steampunk ! Engrenages et haut de forme !
Par Louis - CINAK
7 min
6 mars 2021
Le Steampunk est un courant littéraire créé dans les années 80 par notamment Tim Powers, Kevin Jeter et James Blaylock, et qui est toujours d’actualité, tant en littérature que dans les jeux vidéo, en passant par les mangas et les films ! L’idée de base était de contrer le cyberpunk qui ennuyait sévèrement certains auteurs de l’époque. Dans une lettre un peu provoc aux maisons d’édition, Jeters avait envie de faire « revivre le passé » pour lutter contre la « SF du futur ». A aucun moment, ils ne pensaient créer un genre qui allait rester jusqu’à nos jours et créer une imagerie si particulière !
1
- Steampunk ? Qesaquo ?
2
- Pourquoi lire du steampunk plus que de la SF ou de la fantasy ?
3
- Les classiques du Steampunk :
4
- Les nouveaux « Punks à vapeurs » (ou pas) :
5
- BONUS
1.
| Steampunk ? Qesaquo ?
Le « Punk à Vapeur. » désigne une époque uchronique, bien souvent à l’époque Victorienne ou en pleine Révolution Industrielle, avec une technologie basée sur NOS technologies anciennes : vapeur, électricité, gaz… Ces technologies permettent à l’homme et aux créatures peuplant l’univers de réaliser des choses qui nous paraîtrait impossible sans le nucléaire ou le pétrole. Ce mouvement vise à recycler des choses déjà vécues par l’homme pour les rendre plus complexes et abouties. Le savant fou est un génie dans cet univers car il pousse les inventions à leur paroxysme !
Le Steampunk est un véritable hybride entre SF et Urban Fantasy : le merveilleux scientifique devient presque ordinaire. Des elfes ouvriers et des humains petits bourgeois côtoient automates, voitures à vapeur (ou à combustion magique) et méchas de combat (de gros robots pas beaux qui portent des choses lourdes et de font FEU !). Ce qui le rapproche de la fantasy c’est qu’il se nourrit aussi de surnaturel, puissant aussi bien dans l’occultisme, le spiritisme, la féerie ou l’égyptomanie (Les Voies d’Anubis).
L’éléphant mécanique à Nantes : l’automate steampunk moderne
Le steampunk c’est surtout une esthétique : l’engrenage. L'allure vestimentaire incorpore des éléments du siècle victorien, de la mode gothique et des accessoires divers et loufoques. Mais les British n’ont pas la part belle du steampunk. L’ambiance steam se retrouve en France sous Napoléon (L’Empire Electrique) mais aussi dans le Far West (Wild Wild West). Pour penser steampunk, il faut des engrenages sur les tenues et des gantelets en cuivre, le tout aux commandes d’un zeppelin et là vous commencerez à imaginer le potentiel du genre !
Ses récits déploient le plus souvent des intrigues de romans d’aventures extravagantes où se mêlent les anachronismes générés par l’irruption prématurée du progrès technologique. Explorateurs armés de jetpack et automates cambrioleurs ont la part belle dans ce genre !
Crédits : Owl Studio
Le steampunk est aussi l’occasion de rendre hommage aux grands noms de la littérature et aux héros de fiction, ce qui est la base du recueil de Victor Fleury, L’Empire électrique. Il recycle les thèmes et œuvres des grands auteurs comme Jules Verne, H.G. Wells, Bram Stoker, J.M Barrie, Charles Dickens, Mary Shelley, Robert Louis Stevenson, John Keats… et les confrontent volontiers à leurs propres personnages !
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2.
| Pourquoi lire du steampunk plus que de la SF ou de la fantasy ?
La première chose que l’on peut associer au steampunk c’est le fun ! Les auteurs ont un malin plaisir à casser les codes et inventer des machines loufoques et gigantesques (il suffit de voir l’araignée géante de Wild Wild West ou le sous-marin du capitaine Nemo). Le steampunk a ce grain de folie qui la rend attachante, à l’image du savant un peu fou qui cherche sans cesse à créer une machine volante ou des petits automates mignons. Et bien souvent, l’auteur ne s’arrête pas aux simples engrenages, ily mêle magie et fantastique (Les Voies d’Anubis est bourrée d’ésotérisme et de fantastique) dans une époque où la science ne peut pas encore tout expliquer.
Au-delà des fan boys des grands romans du XIXème et XXème siècle comme Conan Doyle ou Jules Verne, le steampunk est l’occasion de re-découvrir des œuvres sans les avoir lues et donc d’éviter de subir parfois des styles dépassés. On voit de plus en plus de réécritures de Sherlock Holmes à la sauce steampunk parce qu’elles sont des moyens d’associer l’histoire à une enquête menée par un génie, tout ça grâce à l’imaginaire collectif alors que très peu de gens ont lu Sir Arthur Conan Doyle. Le steampunk est à la fois un jeu pour l’auteur qui doit remanier et respecter le cœur de l’œuvre dont il s’inspire, mais aussi un jeu pour le lecteur, qui soit connait les références et savoure les Easter Eggs glissés par l’auteur, soit découvre des personnages haut en couleur !
Crédits : Legend of the Criptids
Le steampunk, c’est aussi la classe ! Il suffit de voir l’imagerie associé au genre ! Les protagonistes seront toujours des gentlemen en haut de forme, génie à leurs heures et bretteurs de toujours et les femmes de savantes intrigantes et d’audacieuses cambrioleuses, toujours raffinées. C’est la classe anglaise avec ses froufrous et ses clubs. Ce qui fascine avec le steampunk c’est qu’il traite d’une époque sous-exploitée par la fantasy, on voit peu de fantasy avec des gentlemens (je ne parlerais pas ici du Paris des Merveilles qui est mon exception qui confirme la règle 😉)
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3.
| Les classiques du Steampunk :
La SF a ses Asimov et ses Dick, le steampunk fait à la fois plus vieux et plus jeune, de Verne à Powers !
Vingt Mille Lieues sous les mers (Jules Verne)
Steampunk avant l’heure, Jules Verne est le père spirituel du genre. Le capitaine Nemo et son rafiot sous-marin est, avec Sherlock Holmes, le personnage le plus recyclé du genre. S’il n’est pas nommé, il inspire les pirates ou les capitaines de navires tourmentés par des créatures légendaires et un passé trouble ou encore jouant de l’orgue avec passion !
Les Voies d’Anubis (Tim Powers, Editions Bragelonne)
Texte fondateur du genre tel qu’on le connaît aujourd’hui, Powers joue sur ce que nous ont laissé Jules Verne et H. G Wells, comme le voyage dans le temps, le merveilleux scientifique et la fin XIXème. Dans la Voie d’Anubis, le héros joue sur la confusion des époques avec un héros perdu dans une Londres victorienne, pleine de sociétés secrètes, d’égyptologie et de poètes romantiques. En voulant faire « revivre le passé » pour contrer le cyberpunk, Tim Powers a écrit un récit récréatif qui a remis au goût du jour l’ambiance des livres d’Agatha Christie avec sa société anglaise noble et bourgeoise qui a le goût du risque et de l’aventure. Saupoudré le tout d’ésotérisme et de fantastique et vous obtenez un cocktail décoiffant bourré d’humour.
On pourrait parler également de Mathieu Gaborit & Fabrice Colinavec Confessions d’un automate mangeur d’opium qui ont introduit le genre en France, ou encore des compagnons de Powers, avec Homonculus de Blaylock ou Machines Infernales de K.W Jeter mais place à la jeunesse et la fraîcheur dans le genre ! 😉
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4.
| Les nouveaux « Punks à vapeurs » (ou pas) :
Le steampunk a fait des petits, encore aujourd’hui ! Je vous passerais les différents sous-genres (gas-lamp, voltapunk…) qui ne feront qu’ajouter de la complexité à un genre qui n’a pas de place définie dans la fantasy ou la SF, mais qu’on ne se prive pas de ces pépites !
Le château des étoiles (Alex Alice, Editions Rue de Sèvre)
Avec des dessins somptueux et presque oniriques, Alex Alice magnifie clairement le genre ! Sur fond de conflit entre la Bavière et la Prusse, le roi de Bavière s'entoure de scientifiques, pour lancer une expédition vers les étoiles. Evidemment, machines volantes et montgolfières dans les étoiles sont de la partie ! Fortement inspiré par les mythes Verniens (et on retrouve presque des plans de Léonard de Vinci), Alex Alice créé son propre univers qui est conçu avec passion et qui traite de la conquête de la Lune sous une forme nouvelle.
Victor Fleury rend hommage à la littérature d’aventure et de voyage du XIXe siècle. Il imagine un monde où la France n’aurait pas perdu Waterloo et aurait assuré sa domination sur le monde grâce à l’énergie voltaïque. Ce recueil reprend Conan Doyle, Arsène Lupin ou encore Victor Hugo avec un style fluide et dynamique, mêlant enquêtes et coup d’éclats, pour dépoussiérer les thèmes du genre ! Les amoureux de Lyon seront heureux d’apprendre qu’elle est devenue la capitale de ce nouvel empire électrique ! Victor Fleury rend un vibrant hommage à Jules Verne ! 😉
La forêt des araignées tristes (Colin Heine, Editions ActuSF)
Pépite 2019 des Editions ActuSF, Colin Heine créé un univers entouré d’une brume aux propriétés magiques et scientifiques qui lui permet de donner une ambiance onirique et oppressante par moments pour une enquête pleine d’actions sur fond d’espionnage international. Très original, La Forêt des araignées tristes est un premier roman prometteur et renouvelle le genre avec une belle virtuosité.
Dans une Constantinople steampunk, Benjamin Lupu nous sert un premier roman d’aventures agréable et rêveur. C’est notre petite dose steampunk de l’année 2021 et on en redemande. Ici, la technologie frise la magie avec notamment un cyborg mi-chimpanzé mi-automate et des pouvoirs de manipulation mentale permise par des machines diaboliques. Si en prime, vous aimez les romans d’espionnage et les casses menés par une belle bande de cambrioleurs, Le Grand Jeu est un beau début de saga. Vous trouverez ici notre critique plus détaillée 😉.
On ne le dira jamais assez, le « punk à vapeur » est une ambiance qui inspire. De jeu vidéo à la BD, ce genre créé la surprise et l’émerveillement chez n’importe qui de bien constitué 😉.
Bioshock Infinite
Les Bioshock sont toujours de vraies claques, tant scénaristiquement qu’en termes graphiques. Bioshock Infinite est une vraie œuvre de fiction purement esthétique steampunk. Jeu d’action, la vapeur et l’électricité permettent de réaliser des moves impossibles et d’évoluer dans des décors splendides. Comme le jeu commence à vieillir, il n’est plus très cher et tournera sur n’importe quelle bécane digne de ce nom !
Les Héritiers (Jeu de Rôle du Département des Sombres Projets)
Imaginez Paris, la Belle Époque, avec ses monocles, ses chapeaux haut-de-forme, ses robes raffinées mais aussi les premières automobiles et le déploiement de l’électricité. Dans les replis de la société humaine se cachent les Faux-Semblants : des êtres féériques et modernes (fleurs de métal, fée électricité…). Disposant de pouvoirs surnaturels, ils peuvent réaliser de grandes choses… Si vous êtes en quête d’évasion, le livre en lui-même, remplie d’illustrations plus inventives que la précédente, est fait pour vos petits moments de rêve. Oscillant entre steampunk et urban fantasy, Les Héritiers est une belle occasion d’incarner des personnages de la Belle Epoque autour d’une table avec des amis et s’initier au jeu de rôle !
Cités nomades, engrenages et classes laborieuses, Mortal Engines avait tout pour nous plaire mais l’ensemble est forcé avec des effets spéciaux au service de l’action et pas de l’émerveillement. Les personnages suivent des tropes trop classiques pour que le public ait vraiment accroché. Dommage quand on sait qu’un style post-apo steampunk a un potentiel énorme !
Pour approfondir :
Le Guide Steampunk (Etienne Barillier & Arthur Morgan, Editons ActuSF)
Je ne peux que vous recommander le guide steampunk d’Etienne Barillier qui va TELLEMENT plus en profondeur que nous sur les œuvres et l’impact du steampunk sur la culture populaire. Ce guide est une vraie mine d’informations pour celui qui cherche à découvrir des pépites et comprendre les secrets des œuvres !