
En raison d’une tension atone, l’avant-dernier épisode avait conduit péniblement l’intrigue jusqu’à la date fatidique du 22 novembre 1963, le jour de l’assassinat de John F. Kennedy. Ne faisons pas de mystère, toutes les pièces sont en place pour un climax qui s’avérera, au final, sans surprises. Dès la diffusion du pilote, lorsqu’on décortiquait les éléments narratifs un par un, la série trébuchait bien souvent à cause de son académisme. Pourtant, à l’aune de cette conclusion, le show a su garder son charme, preuve que sa véritable qualité se cache ailleurs.
Les photographes et les cinéastes ont contribué à bâtir la légende des États-Unis, de même que les vidéastes amateurs qui ont capturé malgré eux un morceau d’Histoire. Comme tout au long de la série, les réalisateurs successifs se sont attachés à reproduire ces images d’archives qui se sont inscrites dans la mémoire collective. Ce dernier épisode n’y déroge pas avec la vision du cortège de véhicules présidentiels aux alentours du Dealey Plaza. Cette arrivée cristallise toute la tension de cette conclusion, car le téléspectateur sait qu’elle représente le nœud d’un véritable drame que la fiction s’accapare. Est-ce que Jake pourra empêcher Lee Harvey Oswald d’assassiner le président, alors qu’il est déjà en position de tir ?
La réponse coule de source, comme toute l’intrigue qui en émane. Les surprises s’éventent au fur et à mesure que l’histoire se déroule. Mais il ne faut pas s’y tromper, contrairement à ce que son titre laisse envisager, cette série n’est pas qu’une réflexion sur le sort de l’Amérique à la suite du meurtre de John Kennedy. Le cœur du show s’attache avant tout à suivre le destin des personnages qui irriguent en réalité cette relecture des années 60, à travers leurs choix. La prestation des acteurs, au fil des épisodes, a permis de ressentir cet enjeu jusqu’à la scène finale.
La mini-série produite par J.J. Abrams reste une incursion réussie dans l’imaginaire de Stephen King. Même si l’on peut déplorer qu’elle se cantonne à une adaptation trop sage, qui ne fait qu’effleurer les thèmes se trouvant dans le roman original, sans en toucher la quintessence. Difficile de résumer mille pages en huit épisodes, et beaucoup de matériel a ainsi dû être sacrifié au profit du format sériel. Un bon exemple se trouve d'ailleurs dans cette conclusion : le passage dystopique qui devient totalement anecdotique.
Sans être désagréable, 11.22.63 ne demeurera pas dans les mémoires comme ont pu le faire en leur temps Shining de Kubrick ou les films réalisés par Frank Darabont, comme Les Évadés et La Ligne Verte. Cette série représente un amuse bouche pour les amoureux de Stephen King, qui n'auront pas beaucoup à attendre avant de retrouver leur auteur fétiche sur les écrans. Les annonces qui se succèdent prouvent que la source que représente son œuvre n’est pas près de se tarir. Même si l’adaptation du Fléau est au point mort, le film tiré du roman Cell, tourné il y a deux ans vient enfin de trouver un distributeur. Quant à Revival et Docteur Sleep, la suite de Shining, ils sont en cours de production. On n’attend aussi des nouvelles de la Tour Sombre dont le tournage devrait débuter d'ici peu, avec au casting rien de moins qu’Idris Elba et Matthew McConaughey.