
• L'ambiance toujours présente
Le pilote de 11.22.63 laissait le spectateur sur un cliffhanger qui impliquait un changement d’échelle dans le récit : la grande histoire, la mort de John F. Kennedy, s’estompait au profit d’une histoire à une taille plus humaine, le drame de la famille Dunning. Jake Epping, le personnage joué par James Franco renonçait à retourner en 2016 et se retrouvait dans le Kentucky afin d’empêcher le meurtre de cette famille.
Une première divergence commence à apparaître entre le roman et son adaptation pour la chaîne de streaming Hulu. La scénariste en charge de la série, Bridget Carpenter a pris l’initiative de déplacer l’action à Holden dans le Kentucky au lieu de Derry, lieu emblématique dans l’œuvre de Stephen King. Elle explique dans un billet de blog que l’ambiance singulière de la ville qui avait eu sa préférence faisait, à ses yeux, un endroit parfait pour son intrigue. Pour les puristes et les esprits chagrins, il est nécessaire de signaler que ce parti pris n’entame pas la qualité du show. On retrouve tout de même les obsessions propres au maître de l’horreur, la violence domestique et l’alcoolisme qui apparaissent dans beaucoup de ces romans comme dans Shining ou Dolores Claiborne, pour ne citer que ceux-là.
Cet épisode repose sur une intrigue éventée. Dès le cliffhanger qui clôturait le pilote, le spectateur connaissait déjà les tenants et les aboutissants de cette suite. Ce show requiert une certaine passivité de la part de son public, au point de lui mâcher tout travail intellectuel. Elle le prouve en s’ingéniant avec la même finesse qu’un lycéen devant une dissertation à lui expliquer le thème de l’épisode, dans une scène inutile, celle de ce passage où le vieil homme raconte son passé de militaire pendant la Seconde Guerre mondiale. Passée cette séquence purement anecdotique, on sait surtout que la qualité de la production de JJ Abrams se cache ailleurs. La tension de l’intrigue repose sur la réalisation et sur le jeu des acteurs. Le choix de s’écarter des éléments historiques et de s’attarder sur l’humain a permis de mettre en valeur les personnages secondaires. Les comédiens qui entourent James Franco donnent la couleur à l’épisode, notamment un Josh Duhamel impérial, dans le rôle de Frank Dunning, un père alcoolique et violent, qui s’illustre dans toutes les scènes-chocs.
En dépit d’une intrigue plus que convenue, ce deuxième épisode reste agréable à regarder, grâce à des acteurs inspirés et à une réalisation qui arrive à maintenir la tension de bout en bout. Les scénaristes ont pris des libertés par rapport au livre de Stephen King, et pour le moment, cela passe pour une trahison réussie tant elle se plie avec adresse aux contraintes propres au format de la série télévisée sans dénaturer le message et les obsessions de l’auteur.