
• Le Cliffhanger, une fois de plus
L’adaptation télévisée du livre de Stephen King 11/22/63 arrive dans son dernier tiers. Si la qualité générale de la série n’a pas molli avec le temps, elle le doit sans doute à une narration convenue qui reproduit la recette classique d’une bonne histoire.
L’idée du jour, c’est un préambule qui se focalise sur Lee Harvey Oswald. Il trouve un travail au Dallas Book Depository. Cet événement est un élément clé dans le parcours du futur assassin. Pour la première fois, on ne le découvre pas à travers le spectre de l’espionnage de Jake et Bill. Cette nouvelle proximité permet de deviner un peu plus ses failles. On en vient à regretter que le générique se lance et que l’on revienne sur James Franco tant on a l’impression de n’avoir fait qu’effleurer la surface de ce personnage.
La série suit un schéma narratif académique précis. L’épisode du jour arrive à l’étape que John Truby appelle dans son essai L’anatomie du scénario : l’apparente défaite. John Truby a travaillé pendant très longtemps comme script-doctor pour les plus importants studios américains : Disney, Fox, HBO, Sony Pictures... À travers son livre, il théorise de manière concrète les éléments clés qui composent une histoire du point de vue d’un scénariste hollywoodien.
L’apparente défaite survient selon Truby au deux tiers ou au trois quarts du récit - l’épisode du jour étant le sixième sur neuf, pas besoin d’avoir fait Math Spé pour savoir à quel niveau de l’histoire on se trouve.
« L’apparente défaite est un souffle important de la structure narrative, car elle correspond au moment où le héros touche le fond. Elle accroît l’aspect dramatique de l’histoire en forçant le héros à se relever pour pouvoir finalement gagner. »
L’épisode du jour répond parfaitement à cette injonction. Jake voit son monde se dérober sous ses pieds, lorsque l’un de ses principaux alliés se retourne contre lui. Même si le spectateur connait inconsciemment ces codes, l’alchimie marche toujours, si l’on se laisse prendre au jeu. Les révélations s’enchaînent et le statu quo auquel on s’était habitué s’effrite peu à peu.
L’épisode représente un véritable tournant pour les aventures de Jake Epping dans le passé et propose encore quelques scènes fortes. Pourtant, en dépit du talent des scénaristes pour raconter une histoire, les ficelles commencent à devenir visibles. Le plus gros défaut à déplorer reste la fin qui nous offre une fois de plus uncliffhanger convenu.