
• La scène de bal
Là où les deux premiers épisodes nous avaient habitué à une scène marquante en introduction, ici les scénaristes se contentent de faire la jonction avec le cliffhanger de la semaine passée tout en renouant avec l’intrigue principale qui entoure le meurtre de John F. Kennedy. Jake Epping accompagné d’un sidekick, Bill Turcotte, retourne à Dallas sur les traces de Lee Harvey Oswald.
Cette introduction est révélatrice de l’épisode du jour, qui derrière son aspect très sage nous délivre, en réalité, beaucoup d’éléments clés pour la progression de la série. À l’écran, le résultat se traduit par une multiplicité de détails narratifs qui se déroulent sur une suite de plans assez courts intercalés entre des scènes plus posées. Ces ruptures de rythme offrent une véritable dynamique au récit.
Contrairement au pilote où les années 60 se cantonnaient surtout à donner une ambiance générale, cet épisode s’attarde à en faire un portrait plus détaillé. Bien sûr, la réalisation joue adroitement avec l’iconographie de cet âge d’or de l’Amérique à travers des plans qui mettent en scène la jeunesse afin de créer une métaphore qui mêle l’insouciance de l’adolescence avec l’insouciance de l’époque. Deux scènes exposent à merveille cette idée : celle du long travelling dans le couloir du petit lycée de la ville de Jodie et celle de la séquence de bal. Mais le réalisateur ne se contente pas de cette imagerie de carte postale, il présente aussi un visage moins reluisant des États-Unis, celui du racisme montré à travers ce que subit miss Mimi Corcoran, la secrétaire du lycée, jouée par Tonya Pinkins.
Les scénaristes prennent aussi le temps de creuser le personnage de Jake Epping. Il vit maintenant pleinement dans le passé. C’est d’autant plus signifiant à travers l’ellipse de deux ans. Il existe grâce aux interactions avec son compagnon, Bill Turcotte et dans les prémices de la liaison amoureuse qu’il noue avec Sadie Dunnhill, la femme que l’on entrevoyait dans le pilote. La scène de danse est le point d’orgue dans leur relation, à laquelle il ne peut goûter totalement, car ce passage montre le tiraillement qui s’impose au héros entre une vie normale, celle de professeur, d’amant et sa mission qui consiste à empêcher le meurtre de John F. Kennedy.
Au terme de l’épisode, on éprouve la satisfaction de se dire que la série commence vraiment maintenant. Fini la mise en place de l’univers ou l’explication des limites des paradoxes temporels. L’arrivée de Lee Harvey Oswald et le début de la romance dans l’intrigue donnent un véritable coup d’accélérateur qui permet de vivifier l’intérêt pour l’adaptation du livre de Stephen King.