Critiques

Alice Automatique, la critique

Par -- David --
16 mai 2017
Alice Automatique, la critique
On a aimé
• Un livre réjouissant
• La traduction de Marie Surgers
• La langue comme espace ludique
On n'a pas aimé
• Une intrigue qui répéte les mêmes ressorts au début du livre

Alice s’ennuie jusqu’au moment où son perroquet, grand amoureux d’énigmes, lui pose une question. L’oiseau est prêt à lui donner la réponse à la condition qu’elle lui ouvre la cage. À peine a-t-elle entrebâillé la porte que le volatile s’échappe et trouve refuge dans une horloge. La fillette essaye bien de l’en déloger, mais elle tombe entre les rouages de la machine et se retrouve plongée dans le futur, à Manchester en 1998.

Après l’excellent recueil de nouvelles Le Bal des Actifs, les éditions de La Volte renouent avec l’œuvre de Jeff Noon dans un livre jubilatoire qui revisite le roman culte de Lewis Carroll, Alice au Pays des Merveilles. Loin de tomber dans le vulgaire pastiche, l’écrivain mancunien se réapproprie le personnage d’Alice et offre une suite à ses aventures, à la hauteur des deux premiers opus, dans une histoire touffue, joyeuse et réjouissante.

Ici, point de lapin blanc pour attirer l’enfant loin de son quotidien, mais un perroquet qui se nomme Wippoorwill. Comme dans l’œuvre originale, Alice va faire la connaissance, au cours de ses pérégrinations, d’êtres tous plus surprenants les uns que les autres : un termite dans un ordinateur ; des créatures mi-homme mi-bête ; un anti-boucher ; des boarocrates ; un certain monsieur Dodgson. Elle sera aidée dans son périple par sa poupée qui est devenue une petite fille automate. Si les premiers chapitres s’articulent de manière redondante autour de rencontres et de malentendus, l’intrigue finit par s’étoffer lorsque l’héroïne se retrouve confrontée à une série de meurtres étranges qu’elle devra résoudre.

Déjà primée du Grand Prix de l’Imaginaire pour la traduction d’Intrabasses du même auteur, Marie Surgers arrive à merveille à rendre l’inventivité du style de Jeff Noon. Il y a dans ce livre une douce folie linguistique. L’écrivain nous rappelle que le roman n’est pas que le véhicule d’une histoire, il est aussi le terrain de jeu des mots. Il ne se contente pas de s’amuser avec le langage, il glisse dans son récit des clins d’œil en rapport avec la musique, le cinéma ou les concepts de mécanique quantique, dans un nonsense totalement merveilleux.

Jeff Noon offre une troisième aventure à Alice à la hauteur de l’œuvre de Lewis Carroll. Alice Automatique c’est toute la puissance de la littérature, un sésame vers l’espace onirique de chacun. Un livre réjouissant où l’on sent l’auteur s’amuser avec son lecteur dans un feu d’artifice de jeux de mots, de nonsense où chaque phrase est un pur plaisir.