Critiques

Alien: Isolation, la critique

Par AlexLeCoq
9 octobre 2014
Alien: Isolation, la critique
On a aimé
• Explorer l'univers de la saga
• Graphiquement propre
• Croiser l'alien encore et toujours
On n'a pas aimé
• Un prétexte plus qu'un scénario
• Des mécaniques de gameplay souvent frustrantes

Licence très souvent martyrisée en jeux vidéo et dont le pire exemple reste le récent Aliens : Colonial Marines, la licence de Ridley Scott est une nouvelle fois sollicitée par nos consoles avec un jeu qui a décidé de se tracer une route jamais explorée et dont le sous-titre en dit long, Alien: Isolation.

Après la catastrophe signée par Gearbox Software en 2013, SEGA avait tout intérêt à revoir intégralement sa copie pour offrir à Alien une adaptation pixelisée digne de ce nom. C'est donc The Creative Assembly (Total War) qui a hérité du projet et qui ouvre de nouvelles perspectives en proposant aujourd'hui le jeu du retour aux sources. Présenté comme un FPS mixé à la sauce survival horror dans la droite lignée d'un Amnesia ou du plus récent Outlast, Alien: Isolation mise avant tout sur une ambiance oppressante comme l'a fait le film Alien lors de sa sortie dans les salles en 1979. Car ce "retour aux origines de la saga" n'était pas une parole en l'air. Depuis le début du développement du jeu, le titre mise sur ce point et à raison puisqu'il s'agit ici de prendre l'essence même du long-métrage de Ridley Scott pour le transposer manette en main. Et je ne vais pas ménager le suspense trop longtemps puisqu'il s'agit de la plus grande force du titre.



Avec son scénario écrit par Dan Abnett et dans la continuité directe du premier film sur le Xenomorphe, Alien: Isolation place les joueurs dans la peau d'Amanda Ripley, quinze longues années après la mystérieuse disparition de sa mère Ellen avec tout l'équipage du Nostromo. Devenue ingénieure depuis, la descendante de Sigourney Weaver est alors envoyée sur le Sebastopol, une énorme station spatiale dans le but de récupérer la boîte noire du vaisseau de sa mère et découvrir enfin pourquoi celle-ci manque à l'appel depuis bien trop longtemps. Évidemment, les choses vont rapidement se corser puisqu'en arrivant sur la géante ville flottante, vous allez découvrir que la plupart de ses habitants sont morts et qu'un très cher Xenomorphe s'est invité à la fête pour le pire.

La principale particularité du gameplay d'Alien: Isolation s'appuie donc et sans surprise sur la survie. Il ne faudra pas espérer s'en sortir comme dans Aliens en dézinguant la créature à coup de fusil puisque notre héroïne sera, elle, moins équipée (voire pas du tout) et devra faire avec le peu d'objets qu'elle découvrira sur la station, même si sa puissance de feu va augmenter au fur et à mesure de l'avancée du jeu. Pour autant, l'Alien ne sera pas notre seul problème puisque en plus des derniers rescapés de la station qui ont décidé de se retourner les uns contre les autres, il faudra aussi survivre à son I.A. principale, APOLLO, dont les androïdes sont devenus de sympathiques meurtriers. Mais soyez rassurés car s'il faudra la jouer filou pour espérer s'en sortir avec toute ses dents, le jeu offrira aux joueurs un grand nombre possibilité d'approches pour chaque situation grâce à un système de craft simple qui permettra de créer des fumigènes, des grenades flash ou encore des cocktails molotov. Le feu étant votre principal allié lorsqu'il s'agira de faire fuir l'Alien, prêt à vous croquer sauvagement.



Malheureusement, le jeu s'avère souvent rageant et difficile à maîtriser puisqu'il faudra apprendre à jouer avec le comportement, parfois idiot, de ses ennemis qui vous promettent une mort certaine dans la douleur une fois repéré. Ainsi y aller comme un bourrin n'aura aucun effet si ce n'est de vous faire jeter votre manette en moins de temps qu'il ne faut à un Facehugger pour vous faire un câlin. Mais pour vous en sortir, en plus d'une patience à toute épreuve, il faudra compter sur son célèbre détecteur de mouvement, qui vous indiquera les déplacements de tous les PNJ à proximité. Une pression supplémentaire s'installera d'ailleurs très rapidement puisqu'il faudra sauvegarder sa progression manuellement à l'aide de téléphones placés sur le chemin de votre progression, au risque de mourir et devoir recommencer sa dernière demi-heure de jeu.

Mais la véritable force du titre est l'exploration puisqu'Isolation proposera quelques scènes de respiration qui permettront de découvrir toute sa direction artistique, sortie évidemment de l'univers rétro-futuriste de Ridley Scott avec ses ordinateurs géants et ses écrans de minitels. Le tout étant sublimé par des graphismes qui, sans être magnifiques, sont vraiment léchés et offrent parfois des effets de lumière et de fumée qui subliment la découverte des allées désertes et oppressantes du Sebastopol. D'autant plus que les clins d'œil à Alien premier du nom fusent dans tous les sens, ce qui rendra n'importe quel fan du film plus récompensé que jamais. C'est pourtant aussi l'un des principaux défauts du jeu puisqu'il ne va que très rarement chercher plus loin que la simple référence et ressemble au final plus à un clone d'Alien qu'à une nouvelle aventure.


Le mois d'octobre commence donc sur les chapeaux de roue après la Terre du Milieu : L'Ombre du Mordor et cet Alien : Isolation qui n'est pas exempt de défauts mais qui est aujourd'hui l'une des meilleurs expériences vidéoludiques sur la licence Alien. L'amour du film de Ridley Scott éprouvé par les équipes de The Creative Assembly transparaît dans chaque recoin du jeu qui perd pourtant parfois de son côté horrifique lorsque l'on arrive à dompter l'I.A. du Xenomorphe à nos trousses. Mais le voir sortir discrètement d'un conduit pour nous trucider, il n'y a pas à dire, ça en jette !