• Les mystères qui entourent la cité d'Arkane
• Le poids de la fatalité qui pèse sur les personnages
• L'envie de connaitre la suite
Arkane, la ville tentaculaire est sur le point de tomber. Les sept maisons qui y règnent depuis la fondation de la cité se livrent maintenant une guerre fratricide. La maison de l’aigle a massacré tous les membres de la maison du Drac, seul Oziel a réussi à réchapper au carnage. Traquée, elle n’a d’autre choix que de sacrifier sa beauté en contractant de manière volontaire une maladie qui va la défigurer. Elle désire retrouver son frère qui a été banni dans les Fonds afin qu’il mène la résistance contre les autres familles.
Renn un jeune apprenti enchanteur de pierre sert de guide à Orik qui tente de rejoindre à tout prix Arkane. Il est le porteur d’une lourde nouvelle : il précède une armée monstrueuse qui compte mettre à bas le royaume.
Noy, cinquième enfant dans l’ordre de succession du Corridan, se retrouve plongé dans les intrigues politiques qui agitent les sept maisons. À la suite d’une machination, il est obligé d’accepter un mariage avec la famille la moins prestigieuse et la plus méprisée des Hauts afin de préserver l’honneur des siens.
« En détruisant le Drac, ils ont brisé le pacte millénaire qui unissait les familles régnantes. Ils ont trahi les déesses du fleuve, ils ont rompu l’équilibre et ouvert la porte au malheur. »
Nul besoin de présenter Pierre Bordage, auteur d’une trentaine de romans qui vont de la science-fiction en passant par le roman historique ou le polar, il est l’un des auteurs phares de l’imaginaire francophone. Pour la toute première fois il s’attaque au genre de la fantasy avec Arkane dont le tome un publié par Bragelonne démontre une fois de plus son talent merveilleux de conteur.
L’intrigue du roman s’articule pour deux fils narratifs sur trois, sur la marche en avant forcenée des protagonistes dans un territoire hostile. Ils avancent de rencontres en rencontres poussés par le hasard. Pour faire avancer l’histoire, l’auteur use parfois de Deus Ex Machina qui donne un aspect inorganique à la trame du récit. Pour passer un obstacle, des personnages vont tomber bien à propos sur un tiers qui va leur offrir la clé pour avancer. Ce que l’on pourrait considérer comme une faiblesse de construction de l’histoire sert en vérité un élément important du roman, la fatalité. Le destin apparaît comme une force transcendante qui fait des héros des jouets bringuebalés de part et d’autre par les aléas de l’intrigue. Comme des pantins dont on tire les fils malgré eux, ils n’ont d’autre choix que d’avancer à la rencontre de leur avenir qui semble déjà écrit d’avance. Pris dans la toile des péripéties, les personnages vont se révéler à eux-mêmes dans les machinations qui gangrènent la cité d’Arkane.
Même si Pierre Bordage n’en fait pas un roman à thèse, des thèmes transpirent de ce récit. À travers les intrigues qui frappent la cité, l’auteur émet une critique sous-jacente de l’aveuglement des élites qui préfèrent se complaire dans leur confort au détriment du bien commun. L’architecture même de la ville telle qu’imaginée par l’auteur illustre très bien les barrières qui séparent les strates de la société.
Le premier roman de fantasy de Pierre Bordage est captivant, même si l’intrigue repose sur une base classique. L’auteur manie avec adresse les codes qui ont fait le succès des livres du même genre. À travers le destin de personnages bringuebalés par les événements, il propose une histoire riche en rebondissements dont il nous tarde qu’une chose découvrir ce qu’il leur adviendra. Mais pour cela, il faudra attendre le prochain tome.