
On a aimé
• L'excellente photographie
• Amy Adams au sommet
• Le propos passionnant
• Un scénario bien ficelé
• Amy Adams au sommet
• Le propos passionnant
• Un scénario bien ficelé
On n'a pas aimé
• Quelques flottements
• L'histoire contourne parfois son sujet
• Un certain manque d'imaginaire ?
• L'histoire contourne parfois son sujet
• Un certain manque d'imaginaire ?
Enfin dans les salles françaises, près de deux mois après sa sortie en Amérique du Nord, Arrival, ou Premier Contact dans notre beau pays, prouve une fois de plus que Denis Villeneuve est un réalisateur sur qui compter. Définitivement talentueux quand il s'agit de s'entourer, le metteur en scène québécois livre ici, aux côtés du scénariste toujours plus influent Eric Heisserer et de l'impeccable directeur de la photographie Bradford Young, une superbe fable de science-fiction sur le langage, et plus encore.
La première chose qui nous frappe devant Arrival, c'est sans doute l'approche que Denis Villeneuve va avoir de ce courant bien connu de la science-fiction qu'est celui de l'invasion de la Terre par une espèce extraterrestre. Plutôt intrigant, au-delà de la simple apparence (quoiqu'un peu simpliste) et des motivations de nos amis aliens, l'angle d'attaque du réalisateur sur le sujet impressionne, puisqu'il repose sur des idées de mise en scène toutes simples mais qui veulent profiter des habitudes du spectateur, dans une démarche qui frôlerait presque le quatrième mur. En effet, Villeneuve se lance, dans les premières minutes de son film, dans ce que Gareth Edwards surnomme des "préliminaires cinématographiques", en étant sur la retenue et en jouant sur les attentes mais surtout les connaissances du public.

Ce qui lui permet notamment d'attaquer la fameuse arrivée de nos aliens sans précisions inutiles, tout en insistant sur des scènes qui vont faire monter la pression, ou qui renforcent volontairement notre frustration. On pense notamment à cette scène terriblement bien filmée par Bradford Young, qui pose sa caméra en lieu et place d'une télévision sur laquelle le personnage d'Amy Adams va découvrir l'apparition des vaisseaux extraterrestres. Une idée toute bête mais qui permet à Villeneuve de ne pas rester sur les sentiers battus, tout en utilisant notre connaissance de leurs parcours pour aller droit au but. Moralité, Arrival économise quelques précieuses minutes, lui qui a le bon goût ne pas s'étaler au-delà de la limite de moins en moins sacrée des deux heures de pellicule.
Nous voilà donc capturés par une ouverture extrêmement bien menée, et qui comme nous le disions, fait un usage assez exemplaire des talents de Bradford Young (directeur de la photographie sur des films comme A Most Violent Year ou Pawn Sacrifice), qui se montre plus inspiré que jamais dans la composition de ses plans, son camera work ou encore la gestion de la lumière. De toute évidence, Villeneuve est né pour bien s'entendre avec les meilleurs de la profession (on se souvient encore des superbes plans de Roger Deakins dans Sicario l'année dernière) et l'alchimie entre les deux hommes se ressent à chaque plan, et particulièrement au début du film, tout simplement envoûtant d'un point de vue visuel. Ajoutez à cela la musique - parfois intrusive, il faut tout de même le noter - de Johann Johannsson, et vous obtenez une véritable expérience sensorielle.

Mais bien heureusement, l'intérêt d'Arrival ne se limite pas au son et à l'image, puisque le film de Villeneuve cache un scénario assez brillant, d'un point de vue technique d'une part, avec de très jolis twists, et très inspiré dans son message, de l'autre. Inspiré par la nouvelle de Ted Chiang, Story of your Life, celui-ci prend très vite la forme d'un essai ou plutôt d'une fable sur le langage, puisque le film a tendance à abandonner l'aspect technique d'une rencontre entre deux espèces au fil des scènes. Une approche qui pourrait dérouter les spectateurs qui comme moi, s'attendaient à voir un film entièrement tourné vers la recherche d'un moyen de communication commun, mais qui n'empêchera pas le film de nous captiver. En revanche, on peut parfois avoir l'impression que le film survole ou contourne les sujets qu'il développe dans son premier acte, mais cette sensation est intimement liée aux rebondissements du scénario, qui quelque part, la justifie, et permettent à Villeneuve et Heisserer de brosser plus de sujets encore.
Et pour les passer en revue, nous avons le droit à une Amy Adams très en forme, elle qu'on découvrait avec peine dans le Batman v Superman de Zack Snyder plus tôt dans l'année. Là aussi, la rencontre avec Villeneuve semble productive, puisque l'actrice nous livre un véritable sans faute, une performance d'autant plus inspirante qu'elle est capturée par un réalisateur et un directeur de la photographie qui filment leur personnage féminin comme un être humain, et non comme un faire-valoir. A ses côtés, on retrouve d'ailleurs un casting guère étendu mais lui aussi impeccable, fait d'un Jeremy Renner sur la retenue et d'un Forest Whitaker qui utilise toute sa présence.

Vous l'aurez compris, il est donc difficile de trouver de vrais défauts au dernier Denis Villeneuve. Certes, l'articulation entre le déroulement du scénario et ses thèmes centraux pourrait être améliorée pour nous offrir des réflexions plus puissantes encore, mais la vision de Villeneuve était sans doute de rester dans un expérience purement cinématographique. Et à ce titre, le casting, menée par une Amy Adams en très grande forme, la photographie, qui nous offre un nid à one perfect shot pour les années à venir et la musique sont tous au service d'une immersion totale dans cette aventure de science-fiction qui commence comme mille l'autre, mais qui gagne sa singularité en quelques minutes seulement. A n'en pas douter, Arrival est donc l'un des meilleurs films de 2016, lui qui sort juste à temps pour emporter une place sur votre podium de l'année.