
On a aimé
• Une ambiance dingue
• Un monde fascinant
• Le personnage principal
• Une verve imparrable
• Un monde fascinant
• Le personnage principal
• Une verve imparrable
On n'a pas aimé
• Quelques éléments survolés
• On se perd parfois dans les détails
• On se perd parfois dans les détails
Si on définit le cyberpunk comme la rencontre des codes du polar avec des éléments d'anticipation, ce qu'on fait très largement depuis la sortie du film Blade Runner, Carbone Modifié est l'œuvre qui n'a peur de pousser les manettes jusqu'à l'extrême pour faire rentrer le genre dans une nouvelle ère.
Cette ère, c'est celle du post-cyberpunk, pour les spécialistes. On pourrait plonger dans la sémantique ou les origines de cette variante, mais elle n'apportera pas grand chose à la lecture de ce bouquin, sans même parler du risque de faire décrocher les non-initiés en route.
Une œuvre absolue
Car pour le coup, Carbone Modifié est très loin d'être un roman d'initiés. Bien au contraire, c'est un roman qu'on s'approprie très vite, malgré un caractère absolu qui rend les premières pages assez surprenantes. Il faut dire que pour son premier roman, Richard Morgan ne faisait pas les choses à moitié. Comme nous le disions, il se permet de pousser plus loin tous les codes et les poncifs du genre pour accoucher d'une prose acerbe et d'un style tranchant.
En développant des technologies délirantes et des couches de mondes virtuels tout aussi démentes, Morgan repousse les limites de la composante "cyber" tout en proposant un maximum de réflexions sociales ou politiques avec une pugnacité toute britannique, qui donne à son roman une vraie dimension "punk" malgré ce qu'on peut en dire sur le web, et surtout après la sortie d'une adaptation télévisée via Netflix.
Les premières pages peuvent donc paraître brutales, presque parodiques, mais le roman trouve très vite une harmonie dans ce joyeux chaos, aussi paradoxal que ça puisse paraître. Pour cela, Morgan peut remercier son personnage principal, le charismatique Takeshi Kovacs. Ancien soldat d'élite chargé d'enquêter sur un meurtre visiblement déguisé en suicide dans un monde où la mort a été vaincue, le protagoniste a un sens de la punchline imparable, par ailleurs très bien rendu par la traduction française.
Une ambiance incroyable
Aux côtés de Kovacs, on prend donc plaisir à se balader dans les rues sombres de Bay City, mais aussi au bord de la mer, qui entoure la tentaculaire mégalopole. Une ambiance pesante mais malgré tout addictive s'installe, et elle nous fait plonger dans le roman de Morgan comme une conscience chargée dans un nouveau corps - une habitude dans cet univers, et un coup à prendre pour le lecteur.
Mais une chose est sûre, le bougre n'en sortira pas déçu. Bien construit, le roman prend le temps d'installer son univers avant d'en explorer toute la densité via des concepts complètement délirants, comme la torture et des prisons virtuelles ou simplement, le fonctionnement d'une société capitaliste dans laquelle la mort n'est plus qu'un lointain souvenir. On notera d'ailleurs que Morgan fait preuve d'une précision parfois digne d'un sociologue lorsqu'il imagine cet environnement, à même de nous ronger de questions.
A quelques erreurs de jeunesse près, comme des personnages parfois oubliés, des éléments d'enquête survolés ou perdus dans un foisonnement de détails techniques - pour leur défense, il sont parfois plus intrigants que l'arc principal - Carbone Modifié est donc un roman qui propulse le cyberpunk à un autre niveau. Plus de 15 ans après sa sortie, la création de Morgan fait mouche aussi bien politiquement que d'un point de vue artistique. Si la série vous laisse sur votre faim ou que vous préférez les mots aux images, on vous recommande donc chaudement la lecture de ce bouquin, qui associe la fougue caractéristique de tout les premiers romans à une inventivité déroutante. Commandez-le ici si le cœur vous en dit.