Critiques

Chasse Royale, De meute à mort, la critique

Par -- David --
4 janvier 2018
Chasse Royale, De meute à mort, la critique
On a aimé
• Le style de l'auteur nous régale une fois de plus
• Retrouver Bellovèse
On n'a pas aimé
• Un 10 sur 10, ça veut dire ce que ça veut dire, non ?

Publié initialement par les éditions des Moutons Électriques, la première partie de Chasse Royale arrive enfin en poche chez Folio SF. Nous avons saisi l'occasion pour vous reproposer cette critique déjà parue sur le site le 28 octobre 2015.

Avec La Chasse Royale, nous retrouvons Bellovèse qui continue de conter ses mémoires. Plusieurs années se sont écoulées depuis qu’il a décidé de s’inféoder à son oncle, le meurtrier de son père, Ambigat, le roi des Bituriges. Le règne fleurissant s’étiole peu à peu. Il faut dire que depuis que le roi a congédié sa première femme, le malheur semble s’abattre sur le royaume : les intempéries détruisent les récoltes, des épidémies frappent la population, le roi lui-même a perdu ses deux derniers fils qu’il a eus avec la nouvelle reine. Pour conjurer le sort, le roi conduit ses héros à une fête druidique du renouveau de l’été, afin de calmer le mécontentement des dieux.

Bellovèse et son frère Ségovèse font partie de ses suivants.

Une fois de plus, on ne peut que vanter l’habileté de la plume de Jean-Philippe Jaworski qui cisèle ses phrases avec autant de brio que son intrigue. Il a ce don d’avancer ses pièces avec l’habileté d’un démineur qui offre une action rentrée faite de tension latente dont on redoute autant l’explosion qu’on la désire. La déflagration se trouve à la hauteur de nos attentes. Les héros se retrouvent plongés dans un tourment de fer et de sang.

Si beaucoup de thèmes traversent le récit, celui de la fraternité tisse ce livre. Bellovèse annonce au grec qui lui sert de réceptacle à ses mémoires qu’il va lui raconter comment il a perdu son frère Sogovèse. Le lien qui unit les personnages tient aussi une place centrale, les liens de sang, les liens affectifs, les liens d’honneur, autant d’éléments qui vont jouer un rôle dans les actions de chaque personnage.

Tout au long du récit, on se demande ce qui fait fantasy dans cette épopée. Jean-Philippe Jaworski n’applique pas ces codes avec ostentation, il nous livre un récit ayant pour substrat le mythe celte. Il insuffle le merveilleux avec intelligence. Comme Homère, il prend les habits de l’aède et nous transporte dans un univers cohérent.

À chaque livre, on s’étonne de se retrouver envoûté. On ressent le même souffle épique qui anime l’Iliade ou l’Odyssée. Les scènes de bataille font naître des images dans l’esprit au point qu’on a l’impression de lire un film qu’aucun réalisateur n’aura le talent de mettre en scène.