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Critique - De Synthèse (Karoline Georges) : Fuir un monde qui nous rattrapera toujours

Par Louis - CINAK
26 février 2020
Critique - De Synthèse (Karoline Georges) : Fuir un monde qui nous rattrapera toujours
On a aimé
• Les références pop culture
• La scène de la main à l'hôpital
On n'a pas aimé
• La distance avec le personnage

Karoline Georges, lauréate du Prix du Gouverneur général, récompensant les meilleurs auteurs du Conseil des Arts québécois, s’est illustrée en France avec des récits intimistes poussant la réflexion sur la perte de conscience dans la technologie. De synthèse est un récit intimiste sur une jeunesse qui a oublié de s’ennuyer et qui s’est perdue avec l’invention des télé-écrans.

 

De Synthèse évoque leur montée en puissance et celle de la réalité virtuelle dans nos vies. A travers le regard, tout d’abord d’une enfant, puis d’une adolescente et enfin d’une femme accomplie, Karoline Georges montre avec une facilité déconcertante comment les problèmes du monde et du quotidien s’évanouissent devant une série ou un dessin animé. L’autrice dresse rapidement le portrait d’un monde détruit par l’Homme, avec des références à des pluies acides par-ci-par-là mais le cœur de son propos est avant tout l’humain.

Cet humain, qui en cherchant à fuir ses problèmes, s’est retrouvé dans une bulle digitale pendant trente ans. Et pour enfin en sortir à l’annonce prochaine de la mort de sa mère. Elle va alors re-découvrir sa famille et les problèmes réels : l’alcoolisme de son père, la vieillesse et les responsabilités.

Karoline Georges a une écriture inégale, qui est à la fois la force et la faiblesse de De Synthèse. Faiblesse car nous n’arrivons jamais vraiment à nous lier à cette femme qui se noie dans les écrans. Elle accumule pourtant les références à la pop culture (que les moins de 20 ans ne pourront pas connaître !). Cette distanciation est bienvenue dans certains passages mais elle pourra en frustrer plus d’un. En effet, c’est cet éloignement qui nous permet de prendre du recul sur un mode de vie qui pourrait devenir le nôtre et c’est lui encore qui rend les passages humains réellement touchants.

Ode à une vie d’éternel actif qui s’oppose à son héroïne amorphe et sédentaire, Karoline Georges nous fait détester et aimer son personnage. Presque-non-humain s’étant perdu dans les méandres d’Internet pour y vivre par procuration à coup de jeux vidéo et de séries, il passe à côté de rencontres qui auraient pu le sauver de sa carapace digitale. Karoline Georges, avec une écriture étrange, nous offre une lecture dérangeante de notre société numérique que tout bon fan de SF devrait lire.