
• L’accessibilité et le bon dosage des références geeks
• Une couverture Mars-Style très chouette
• Des personnages d’emblée attachants…
• Une intrigue parfois prévisible
Disclaimer : nous remercions Guillaume Missonnier, auteur de la critique littéraire que nous vous proposons de découvrir aujourd'hui !
Le roman Fark West de David Gallais offre au lecteur aventureux comme curieux, plusieurs singularités qui orientent de facto l’entrée dans l’atmosphère de la planète-colonie Fark : lauréat du Grand Prix 404 Factory 2018, et publié le 13 mars dernier donc aux Éditions 404, il s’agit de base d’un premier roman, dont la maïeutique doit autant à une belle persévérance de l’auteur qu’aux échanges durant l’écriture avec sa communauté de lecteurs. Véritable tremplin pour les aspirants écrivains geeks (ou à destination de…), la plateforme de lecture et d’écriture 404 Factory aura donc permis à David Gallais d’achever un roman qu’il portait en lui depuis de nombreuses années et de se voir publié in fine. Tout cela est bel et bon, mais alors ce Fark West ça vaut quoi ?
Embarquement immédiat !
A vrai dire on pourrait avoir quelques a priori sur ce type de concours d’écriture, et se dire que si un texte n’a pas eu un parcours éditorial classique c’est que ça ne méritait pas forcément publication. Paradoxalement c’est sans doute aussi ce qui fait qu’aujourd’hui je puis vous conseiller sans fard de jeter plus qu’un œil au roman Fark West, car n’en attendant rien ou presque j’ai pu me laisser porter, atterrir sur la planète imaginée par David Gallais et y savourer une narration efficace, absolument pas prétentieuse, et pour tout dire, extrêmement plaisante. Il y a en effet dans ce premier roman une humilité et un respect de ses propres références qui font plaisir à lire.
Ainsi l’auteur n’entend pas révolutionner le récit de Science-fiction, ne surjoue jamais les pourtant nombreuses références (c’était le danger d’un geek s’adressant aux geeks : Player One, oui c’est à toi que je pense même si j’ai adoré te lire…), et se place d’emblée dans le cadre d’une SF narrative, tendance Planet Opera, entre western post-apo et jeu-vidéo (Borderlands, oui… en un peu plus sage). On ne va pas vous le cacher, Fark West est un récit confortable, peut-être trop prévisible par endroits, mais indéniablement généreux dans la complicité qu’il parvient à instaurer avec son lecteur qui se sent rapidement en terrain connu.
Mars ou Tatooine, il faut choisir !
Pour le décor de planète des sables, son bestiaire et divers clins d’œil tout du long du récit, on pense à Star Wars ou encore à Pitch Black, mais aussi à Mad Max avec cette chevauché en véhicule blindé fait de bric-et-de-broc sur des routes désolées et dangereuses, pour ne citer là que quelques emprunts sympathiques. Avec juste ce qu’il faut de références à la pop culture des années 80-90 notamment, ce cocktail sympathique et accrocheur de Sci-Fi, se focalise sur un groupe hétéroclite et pittoresque de personnages immédiatement attachants, forcément archétypaux dans leur badassitude, mais en définitive plutôt bien campés :Rubens l’anti-héros entrainé dans une histoire qui le dépasse, Phyne la figure féminine de l’aventurière mystérieuse aussi belle que redoutable, Budy la brute au cœur tendre mi-homme mi-machine, Cliff le frondeur tapageur au passé trouble,Sally la tireuse d’élite légendaire et dont on taira l’âge exacte par respect,…
Toute cette petite bande est en route pour une mission qui s’annonce difficile, pour ne pas dire sans retour. Et ça marche ! D’autant mieux que David Gallais joue la carte d’une construction façon série TV (le roman s’est d’ailleurs constitué chapitre par chapitre, semaine après semaine, quasiment sous les yeux de ses primo-lecteurs sur la plateforme 404 Factory), avec 24 « épisodes » courts et sans aucun temps mort. S’ensuit un plaisir brut et immédiat du divertissement, où le lecteur n’aura guère le temps de s’ennuyer et pourra même s’imaginer pour un temps faire partie de cette petite troupe de personnages, à sillonner Fark la planète rouge aux mille dangers.
Découverte et lecture intéressante donc que ce Far West chez 404 Éditions, qui m’a rappelé dans le genre western décalé post-apo, et dans sa construction en serial, l’excellent titre à épisodes Les Foulards rouges de Cécile Duquenne, ou encore la série TV Firefly de Joss Whedon. Ce premier roman est une réussite et il faudra sans doute suivre et compter sur ce tout nouvel auteur à l’occasion, on le lui souhaite, d’un prochain roman. Alors rendez-vous sur Fark ou ailleurs, Mister David Gallais, and See You Soon Space Cowboy…