Critiques

Génésis - Tome 1, la critique

Par -- David --
13 juillet 2017
Génésis - Tome 1, la critique
On a aimé
• Un bon reflet sur les questionnements qui traversent l'adolescence
• La dynamique entre les personnages
• Les questions sociétales habilement menées
On n'a pas aimé
• Une intrigue dont on devine un peu trop vite les ressorts.

Génésis est une ancienne colonie spatiale qui a fait sécession avec la Terre. Lors d’une escarmouche avec les troupes de l’armée terrienne composée d’êtres synthétiques appelés les méchas, la jeune génésienne, Noémi, se retrouve isolée de son escadron et doit trouver refuge dans un vaisseau abandonné. À l’intérieur, elle rencontre un mécha étrange qui se prénomme Abel. Alors qu’ils sont des ennemis héréditaires, au lieu de la tuer comme son programme l’invite à le faire, le robot décide de devenir son garde du corps. Accompagnée de cet androïde, la jeune fille fera le pari fou de voyager à travers les mondes afin de mettre un terme au conflit qui ravage sa planète.

Les amateurs de Star Wars connaissent déjà Claudia Gray car elle est l’autrice de livres qui se passent dans l’univers inventé par George Lucas. Avec le cycle Génésis dont le premier volume intitulé Le Défi des Étoiles est publié par Castelmore, elle s’éloigne un temps des sabres laser et autres stormtroopers pour offrir un excellent roman de space opera.

De prime abord, Génésis est un récit qui possède quelque peu un air de déjà vu. Les Méchas, par exemple, évoquent par certains aspects les Cylons à forme humaine de Battlestar Galactica. En plus de ce caractère quelque peu convenu de cet univers, le roman s’assoit sur une intrigue sans surprise. L’héroïne poursuit une quête articulée autour de macguffins qui lui permettront, selon elle, d’arrêter une guerre qui oppose sa planète à la Terre. Lorsque lesdits macguffins ne suffisent plus pour alimenter la trame, l’autrice use de nouveaux prétextes pour que les personnages se rendent sur toutes les planètes habitées. Pas une ne sera oubliée. En clair, l’intrigue qui veine ce livre pourrait être estimée comme sa partie faible. D’autant plus, si l’on considère que l’écrivaine avance ces pièces de telle sorte que l’on devine très vite ce qu’il adviendra dans la suite de l’histoire tant elle appuie sur l’information. Lorsque les rebondissements se produisent, le lecteur a donc déjà anticipé l’événement.

Mais même si ce portrait brossé pourrait rebuter, jamais on ne s’ennuie pendant la lecture, car les personnages sont si attachants que nous nous laissons embarquer dans leur aventure.

Toute la puissance de ce roman repose sur ce couple de héros : Noémi Vidal, la militaire qui va tout faire pour arrêter une guerre et Abel, le Mécha devenu le garde du corps de la jeune fille qui s’interroge sur sa nature d’être synthétique. Leur dynamique de relation entre défiance et attraction fonctionne à merveille. À travers ces personnages, l’écrivaine creuse la psyché de deux êtres en plein doute. Chaque chapitre alterne sa focalisation entre les deux protagonistes. Ce procédé permet à l’histoire de laisser la place aux questionnements qui traversent les personnages, sur ce qu’ils ressentent, l’image qu’ils ont d’eux-mêmes et l’image que l’autre a d’eux. Si les introspections propres à l’adolescence sont un élément clé du livre, d’autres thèmes plus contemporains s’ajoutent en filigrane comme la foi, l’intégrisme, le terrorisme ou encore la pollution que l’autrice aborde avec intelligence.

Si au départ, Claudia Gray semble montrer un monde manichéen, les gentils génésiens et les méchants terriens, l’avancement de l’intrigue va dévoiler un univers bien plus profond qu’une simple opposition entre le bien et le mal. Elle dépeindra avec subtilité un lieu où se loge une certaine noirceur qui obligera, par exemple, son héroïne à réviser son jugement sur ce qu’elle savait de la Terre et des autres planètes colonies. Pour autant, le cœur du récit restera teinté d’un idéalisme très hollywoodien sur fond de grande histoire romantique et poignante.

L’intrigue de Génésis élaborée avec des ficelles bien visibles pourrait être considérée comme rédhibitoire. C’est bien souvent le talon d’Achille de beaucoup de romans dit Young Adult. Pourtant, il ne faudrait pas se laisser prendre par cette apparente facilité, car ce livre propose une aventure palpitante portée par des personnages puissants, touchants et justes. À travers ces deux héros, l’écrivaine touche avec une grande précision tous les questionnements qui traversent la vie d’un adolescent. L’aventure est en plus rehaussée par un certain nombre de sujets comme le terrorisme ou la foi que l’auteur traite en filigrane et qui donnent une profondeur supplémentaire à ce récit. Génésis est un excellent roman à destination des adolescents (à partir de 15 ans) qui est lisible par tous tant l’histoire se révèle prenante grâce à des personnages forts.