
On a aimé
• Une mise en scène élégante
• Un propos actuel
• Des acteurs très justes
• Un propos actuel
• Des acteurs très justes
On n'a pas aimé
• Une seconde partie plus faible que la première
Lors de sa sortie en février 2017 aux Etats-Unis, Get Out a été directement propulsé au rang de film culte par la critique et les spectateurs.
Premier film en tant que réalisateur de Jordan Peele, ce métrage au budget plutôt réduit de 4,5 millions de dollars en a rapporté 172 millions sur le territoire américain devenant l’un des succès commerciaux majeurs de la société de production Blumhouse, à qui l’on doit les très lucratifs Paranormal Activity.
Venu de la comédie avec la série Kyle and Peele, le réalisateur et scénariste Jordan Peele s’attaque pour la première fois au genre de l’épouvante avec en toile de fond une critique sociale sur la place des afro-américains aux Etats-Unis.
- Critique garantie sans spoilers -
Le postulat de départ est simple. Chris s'apprête à rencontrer ses beaux-parents le temps d'un week-end familial. Mais Chris est afro-américain et appréhende un peu la réaction de sa belle famille qui n'est pas au courant de sa couleur de peau.
Dès son arrivée l’atmosphère est tendue, et le jeune homme commence à penser que ses origines sont la cause de cette tension. Suivront une série d’événements qui amèneront le jeune homme à découvrir l’inimaginable raison de sa venue en ce lieu.

D’un point de départ pourtant très simple, qui n’est pas sans rappeler Devine qui vient dîner ce soir ? de Stanley Kramer, le réalisateur Jordan Peele en retire un film savoureusement paranoïaque comme a pu le faire Roman Polanski avec Le Locataire. La tension sociale ressentie au travers des yeux de Chris, incarné par Daniel Kaluuya vu dans la saison 2 de Black Mirror, est exacerbée par le comportement inquiétant mais jamais agressif de ses beaux parents.
Incarnés par Catherine Keener et Bradley Whitford, les deux hôtes de notre couple mixte semblent dans un premier temps plus faire preuve de maladresse que de réelle méchanceté vis à vis de leur gendre. Ils multiplient des phrases et réflexions flirtant de très près avec le racisme ordinaire, associant notamment son capital génétique à sa couleur de peau, ce qui donne lieu à des dialogues délicieusement grotesques à la limite du politiquement correct dans une Amérique où il vaut mieux être blanc que noir (si l'on se réfère aux tristes événements de ces dernières années).
Et c'est là l'une des forces de ce film qui amène le spectateur vers des chemins qu'il ne s'attendait pas à traverser, à la lisière entre le cinéma d'épouvante, la comédie sociale et le drame.
La paranoïa développée par le personnage principal est le véritable propos du film. Il ne peut trouver sa place dans cette partie de l'Amérique dont il ne maitrise pas les codes et qui le fait se ressentir comme un intrus ou une "bête de foire", dans un milieu auquel il pense ne pas pouvoir appartenir.
Sans spoiler, on regrettera néanmoins que la seconde partie soit en deçà de ce qui a été annoncé plus tôt et soit plus conventionnel face à un scénario qui prenait à contre-pied le propos de départ.

Pour son premier long métrage, Jordan Peele réalise un film maitrisé dont on saisit bien vite les références allant de Polanski à Lynch pour les séquences les plus abstraites et les plus paranoïaques, mais également à John Carpenter et Wes Craven pour cette mise en scène de la "destruction" du quartier idéal de la banlieue américaine menacée par un intrus (on pense notamment à Halloween et Nightmare on Elm Street).
La mise en scène est ingénieuse et agréable. Le réalisateur a la politesse de ne pas multiplier les jump-scares (seulement quelques uns durant l'heure quarante que dure le film) sachant que sa dimension horrifique se trouve plus dans son propos que dans son visuel.