
• L'absurde des situations
• Usage de Deus ex machina
L’apocalypse zombie a eu lieu. Loin d’être hostiles, les morts hantent tout de même les rues au grand désarroi des vivants. Plutôt que de les laisser déambuler sans but, les macchabées sont collectés comme de vulgaires déchets puis envoyés en orbite autour de la Terre. Malheureusement, ces amas de cadavres se prenant pour des nuages ont eu des effets néfastes sur la santé des individus.
Le narrateur, chasseur de prime, doit absolument se trouver un enfant afin de lui servir d’alibi. Il doit se rendre dans une fête organisée pour les pères et leurs fils dans une église. Il espère y rencontrer Dixon, un prédicateur, adepte de torture en tout genres qui pousse les populations à des suicides collectifs. Il doit tout faire pour mettre un terme à ses agissements.
Avec La contre-nature des choses, Tony Burgess offre une expérience de lecture qui n’est pas à destination de tous les publics. Le roman donne à lire des scènes excessivement violentes et gores qui pourraient heurter les âmes les plus sensibles. Si Human Centipede, Saw et tous les films de torture porn sont comme des bonbons à vos yeux, alors ce livre pourrait être fait pour vous, à condition que vous passiez outre les défauts de sa structure narrative.
Comme un Tony Hawk monté sur un hand spinner
Le récit tient sur l’annonce de la confrontation entre le narrateur et Dixon. Au moment où la rencontre a lieu entre les deux hommes l’histoire part en vrille comme un Tony Hawk monté sur un hand-spinner. Difficile, ensuite, de deviner où le roman se dirige, les promesses narratives ont volé en éclat. Le lecteur navigue à vue. Il est aussi perdu qu’Alice au pays des merveilles, sans l’aide du lapin blanc comme GPS. L’auteur doit sentir que son récit lui a échappé, car il utilise un deus ex machina des plus grossiers pour donner une nouvelle direction à son intrigue qui le conduit, là encore, nulle part.
La trame du roman touche à ce point à l’absurde qu’il m’évoque les paroles de Macbeth lorsque celui-ci apprend le décès de sa femme, dans la pièce de Shakespeare. « La vie… c’est une histoire dite par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien. » Le bruit et la fureur sont illustrés par la torture que se livre Dixon qui se mêle à l’angoisse de vivre et de mourir du héros. Le récit s’est agité dans une débauche de violence et de gore avant de glisser vers le non-sens le plus total. De manière volontaire ou involontaire, le roman a trompé les attentes que l’on avait placées dans ce livre. Le lecteur a accompagné le narrateur entre sidération et angoisse, pour ne retenir que quelques scènes fortes qui retournent l’esprit et l’impression un peu vague de ne pas trop savoir ce qu’il a vraiment lu.
À l’heure où la littérature est souvent policée, standardisée, où les mêmes patterns se reproduisent de roman en roman, il est bon qu’un tel ouvrage puisse sortir en librairie. La contre-nature des choses propose une véritable expérience de lecture. Malheureusement, la trame de l’histoire aurait mérité d’être tenue de bout en bout pour que l’expérience en question soit totale. À terme, on retient quelques scènes marquantes de ce récit démembré au fil de l’intrigue qui s’est agité jusqu’au bout comme un vers alors qu’il n’avait plus de but à atteindre.