
• Une religion intrigante
• Des retournements de situation prenants
Disclaimer : cette critique littérature vous est proposée par notre ami rédacteur Cinak !
Avec sa nomination au Grand Prix de l’Imaginaire, Victor Fleury avait déjà fait parler de lui avec sa réécriture de la conquête napoléonienne dans l’Empire Electrique. Ce jeune auteur lyonnais – historien de formation – va sûrement encore faire couler beaucoup d’encre dans les années à venir avec sa nouvelle saga : La Croisade éternelle.
Dans l’empire d’Ubuk, qui s’inspire librement des empires sumériens et mésopotamiens, une femme déracinée cherche à protéger son fils et survivre à la cour des Reines-Prêtresses et des Rois-Prêtres, des demi-dieux arrogants qui se pensent investis d’une mission sacrée : apporter leur religion de Lumière au reste du monde à travers une croisade millénaire. La magie et les dieux joueront un rôle essentiel dans le destin de cette héroïne complexe, qui a elle-même semé les graines de la tempête qui tourmente toute l’intrigue.
Son héroïne n’est nulle autre queNisaba, prêtresse (et donc douée de magie de Lumières) mais aussi oblate de l’Infant Akurgal, héritier d’Ubuk. L’oblate est liée à son maître par une magie du corps. Certains deviennent une réserve de connaissances pour leur maître, là où Nisaba, par sa condition d’oblate de peau, ressent toutes les sensations charnelles de son maître et vice-versa. La raison d’un tel lien est à mettre sur le compte de l’un des nombreux secrets de l’héroïne. Secrets que Victor Fleury nous laisse lentement découvrir au fil du récit, certains facilement discernables et d’autres plus complexes qu’ils n’y paraissent.
Cette culture du secret n’est pas à mettre uniquement sur le compte de notre héroïne toxicomane (car oui avec un tel lien d’intimité, elle s’est tournée vers la drogue, ce qui entraînera de nombreuses complications pendant leurs voyage) mais s’étend bien à l’ensemble de l’Empire, où les Dieux et les dirigeants ne sont pas ce qu’ils paraissent (encore un secret à découvrir pendant votre lecture). L’auteur nous interroge sur la responsabilité des erreurs et du besoin de secrets de chacun, et bien souvent son héroïne est elle-même responsable de la situation, ce qui rend les personnages d’autant plus vivants !
Situation qui l’a conduite à devenir l’esclave de son ancien amant, l’Infant lui-même, lui aussi porteur d’un lourd passé qui le ronge, le transformant en un prince arrogant et pourri gâté. Ne vous faites pas avoir par les clichés de la fantasy, ce roman n’est pas un livre sur la rédemption d’un prince qui deviendra un véritable héros du genre.Akurgal est un Homme et en tant que tel il a ses propres travers. Bien que quelques fois, le lecteur n’ait que pour seule envie de lui coller une légère taloche derrière la tête, le récit nous fait comprendre les raisons véritables de son insolence. Chapeau bas à l’auteur d’avoir pris le parti de personnages réalistes qui ne vont pas soudainement trouver en eux un courage et une noblesse d’âme sans borne, Victor Fleury nous dépeint des hommes et des femmes avec leurs idéaux et leur histoire et c’est tant mieux.
Avec un univers qui sort des codes médiévaux de la fantasy et des personnages intéressants, si ce n’est attachants, Victor Fleury nous procure un sentiment agréable de lecture avec une fluidité d’écriture incontestée. Avec un cliffhanger étonnant, on ne peut attendre la suite qu’avec impatience !