
Alors que la mode des textes à format épisodique ne cesse de prendre de l'ampleur (Bragelonne vient de s'engouffrer dans la brèche il y a quelques semaines), voilà que Anima Studio Production se lance dans l'édition et met sur le qui-vive un jeune auteur (sous pseudonyme ?) Ghyld V. Holmes.
Amoureux des livres, il nous présente donc avec élégance L'Affaire Haartmenger, une enquête qui s'étalera sur une douzaine d'épisodes. Nous allons donc suivre pendant de longs mois Herzmann, Goerst et Kovarowski qui vont essayer de résoudre le meurtre étrange (à moins qu'un corps vidé de son sang ne soit pas étrange pour vous) de Massimo Haartmenger.
Sans chichi, Holmes (quoi de plus normal qu'une enquête pour ce pseudonyme ?) nous plonge directement dans son monde crasseux dominé par une Europa conquérante. Au-delà d'un préambule qui sied la mise en abyme au XXIIème siècle, le premier numéro a tout de la bonne introduction : enquête posée, personnages présentés de façon classique mais efficace, embranchements dessinés. Si l'univers futuriste reste souvent classique dans ses protagonistes et ses situations, il n'empêche queHolmes n'a eu de cesse de trouver quelques idées qui font mouche et font plaisir lors de la lecture.
Ce texte classique mais efficace nous amène vers quelques scènes de grand calibre, notamment LA scène du poste de police dans le troisième épisode. Épisode qui exploite d'ailleurs la synergie du trio formé par l'enquêtrice et ses deux acolytes. En dehors de l'enquête, fil conducteur indéniable et logique des épisodes, on continue à en apprendre un peu plus sur chaque protagoniste. Si la main mise était plutôt positionnée sur Kovarowski (flash-back marquant), il est indéniable que Herzmann et Goerst auront droit au même traitement dans les épisodes suivants... Notamment ce dernier, géant étrange qui recèle certainement de nombreux secrets. Mais il ne faut pas brûler toutes les étapes, Holmes positionne ses pions un à un avec parcimonie. Si Herzmann reste pour l'instant plus en retrait que ses collègues, il n'en sera certainement pas de même dans les mois à venir...
L'auteur s'essaye à de nombreux thèmes durant son aventure. Voitures volantes, société secrète en marge du gouvernement, perte de mémoire, coordination des forces policières par la pensée, nous sommes en présence d'un bac à sable géant. Si le style est la plupart du temps maîtrisé, nous ne pouvons que regretter les nombreuses « coquilles » de l'édition. Entre les mots manquants/en trop et les quelques fautes d’orthographes, le plaisir en est quelque peu gâché.
Il est indéniable que Holmes ne nous a pas encore tout dévoilé. Il en garde sous le coude, notamment avec le personnage d'Elijah qui risque de montrer tout son potentiel et son importance dans les épisodes à venir. Tant mieux, le lecteur ne demande qu'à être tenu en haleine.
Là est l'importance du format épisodique. Avec sa prose très cinématographique, Holmes sait tenir en suspens son récit. Si les dialogues priment sur la description, il n'a de cesse de mettre ses personnages dans des situations réussies qui nous poussent inlassablement à lire le chapitre suivant. Suivre périodiquement une histoire certes classique mais efficace, n'est-ce pas là le plus important ?
Ne vous y trompez pas. En dehors des couvertures, L'Affaire Haartmenger est une belle petite surprise. Si les personnages et les situations restent classiques, le format épisodique arrive à nous tenir en haleine. Le potentiel est là, l'histoire est intrigante. Affaire à suivre.
Le premier épisode de L'Affaire Haartmenger est disponible gratuitement, les épisodes 2 et 3 coûtent 99 centimes.