
• Des références intelligentes
• Alex Maleev sur Star Wars
• Quelques hésitations de la part de Maleev
Le problème quand on s'attaque à une série de comics se déroulant pendant la trilogie originale de Star Wars, c'est qu'on est se retrouve souvent pris dans un dilemme. D'un côté, un éditeur et ses artistes peuvent choisir de mettre en scène des personnages bien connus du public, quitte à entacher leur image auprès des lecteurs, qui tous autant qu'ils sont, ont leur vision précise et personnelle de leurs protagonistes favoris. De l'autre, on peut opter pour des personnages plus secondaires, mais assez accrocheurs pour proposer une histoire avec de vrais enjeux. À ce titre, le premier numéro de Lando, écrit par Charles Soule et dessiné par Alex Maleev, souffle un vent de fraîcheur sur l'ensemble de la ligne Star Wars de Marvel.
Car pour l'instant, l'éditeur n'a pas fait preuve d'un travail irréprochable sur la licence. Sans être mauvaises, les séries Star Wars et Darth Vader sont à mon sens des parenthèses à la trilogie Star Wars, qui une fois lues, paraissent au mieux dispensables, au pire incohérentes avec ce que nous connaissons de l'œuvre de George Lucas. La mini-série Princess Leia n'a pas fait mieux, avec des enjeux limités sur la durée, tandis que Kanan : The Last Padawan continue de faire le boulot dans son coin, ayant l'avantage de ne pas voir l'épée des trois premiers films Star Wars planer sur sa tête.
Lando s'ajoute à tout cela, et on était déjà ravis de compter sur une équipe créative solide, composée de Charles Soule (Death of the Wolverine) et Alex Maleev (connu pour son immense travail sur Daredevil). Un duo qui est déjà plus impressionnant, sur le papier, que ce qui nous a été proposé jusqu'alors. Et ça se vérifiera dans les planches de ce premier numéro, qui annonce une mini-série, qui dans tous les sens du terme, sera haute en couleurs.
Dès les premières cases, Charle Soule parvient à installer une ambiance avec ses dialogues, tandis que la composition parfaitement cisaillée d'Alex Maleev fait mouche. Les deux auteurs n'ont besoin que des premières pages pour introduire ce personnage suave et fanfaron qu'est Lando, et découvrir leurs trouvailles au fil des pages s'avère particulièrement plaisant. C'est d'ailleurs bien la première fois que je ne tique pas sur les dialogues des personnages bien connus de Star Wars, c'est dire si le travail est bien fait : on pourrait effectivement se croire entre deux épisodes de la trilogie, à suivre les aventures de ce personnage dragueur et magouilleur.
Même des extensions assez osées de l'univers développé par Lucas et ses équipes - comme un Lobot soudain très bavard - passent comme une lettre à la poste, tant l'ambiance a été étudiée. A n'en pas douter, Charles Soule et Alex Maleev parviennent à restituer l'ambiance crasse et addictive des bas-fonds et des cantinas si chers aux fans de Star Wars, qui avec ce Lando #1, prendrons une bonne dose de nostalgie.
Et celle-ci s'avère parfaitement dosée. Au contraire de ses pairs Jason Aaron et Kieron Gillen, Charles Soule fait preuve d'une certaine intelligence dans ses références et dans le fan-service qu'il distille dans ses écrits. Rare et donc appréciable, ce dernier se fait un poil nerdy, pour notre plus grand plaisir. On est bien des loin des catch phrases réutilisées à outrance par les scénaristes de Star Wars et Darth Vader, et ça fait du bien.
Il faut dire que le personnage de Lando offre à son équipe créative une marge de manœuvre largement supérieure à la moyenne des titres Marvel, mais cela n'enlèvera rien au charme du protagoniste et du scénario dans lequel il évolue, puisque Charles Soule rend hommage à l'univers Star Wars tant dans ses dialogues que dans sa contextualisation : se servant de ses dettes et de ses crédits auprès de la pègre galactique, Lando va mettre sur pied un braquage au moins aussi foireux que ses plans dans l'Empire Contre-Attaque.
Nous reste à évoquer les dessins d'Alex Maleev. Globalement irréprochable, l'artiste nous offre des planches de toute beauté et un découpage studieux. Son trait se veut plus détaillé que d'habitude, ce qui colle parfaitement à l'univers Star Wars, qu'il s'approprie finalement bien plus que l'on pouvait s'y attendre. Le résultat est simplement impeccable, même si on déplore quelques hésitations dans les dessins de l'artiste, sans doute un peu perdu dans cette galaxie très lointaine et ses propres tentatives, dont une double page assez grandiloquente. Des accrocs de passage qu'on oubliera très vite grâce aux superbes couleurs de Paul Mounts.
A mon sens, Lando est le premier titre du panier Star Wars de Marvel à tirer son épingle du jeu, grâce à un juste équilibre entre le choix du personnage, l'élaboration d'une histoire intrigante et l'hommage à l'univers créé par George Lucas. Une mini-série à suivre du côté des comics shops, en somme.