Critiques

Le Club des Punks contre l'Apocalypse Zombie, la critique

Par -- David --
18 août 2016
Le Club des Punks contre l'Apocalypse Zombie, la critique
On a aimé
• Le style de l'auteur
• Un livre rafraichissant
• Une ouverture sur la culture Punk
• Les personnages attachants...
On n'a pas aimé
• ...Mais qui évoluent peu au fil du récit

Parfois, il arrive qu’un auteur s’amuse aux alchimistes et nous propose un mélange que personne n’aurait osé imaginer. Que donnerait un univers aussi codifié que celui des romans de zombies si on le mélangeait à la culture punk ? Karim Berrouka, à qui l’on doit le remarquable Fées, weed et guillotines, répond brillamment à cette question avec Le Club des punks contre l’apocalypse zombie, paru aux éditions ActuSF.

Le « No Future » scandé par les punks n’est plus un leitmotiv. Il a maintenant un visage à la mâchoire ballante et le corps qui tombe en morceaux. L’apocalypse zombie frappe Paris ! À l’abri dans leur squat, Fonsdé et Deuspi, les deux inséparables punks destroy, Kropotkine l’anarchiste, Eva la militante anti-tout et Mange-Poubelle le freegan vont devoir apprendre à survivre. Si l’ennemi naturel du punk, la police, n’en mène pas large face à la horde de zombies, l’ancien monde n’est pourtant pas encore tout à fait mort, car une menace, bien plus sournoise que les morts-vivants, compte profiter de l’aubaine pour asseoir enfin son pouvoir sans entraves, le MEDEF.

Aussi saugrenue qui puisse paraître la proposition de ce roman, elle tient grâce au talent d’écrivain de son auteur. Karim Berrouka sait animer son intrigue, avec un style vivant, un sens de la narration imparable et une intrigue bien rythmée. Tel le flûtiste d’Hamelin, il envoûte son lecteur avec adresse sans que jamais son attention ne s’étiole.

L’auteur n’essaie pas de jouer au plus malin avec les codes du récit de zombies pour créer la rupture comique. Non, il en embrasse totalement les codes tout en y glissant avec adresse une réflexion sur l’anarchie et l’idéologie punk qu’il interroge avec malice. L’absurde surgit au détour des situations dans cette volonté de faire se confronter deux cultures qui n’étaient pas vouées à se rencontrer.

Ce parti pris fort trouve des limites dans ses personnages qui évoluent assez peu dans le récit. Si les contingences les obligent à emprunter une posture survivaliste, les protagonistes de ce récit restent statufiés dans leur idéologie profonde. Mais en dépit de son intrigue rythmée et surprenante, cette inertie donne un aspect artificiel à l’histoire. L’implication du lecteur en pâtit quelque peu, car il n’oublie jamais qu’il se trouve dans une fiction. Heureusement, ce défaut est contrebalancé par le talent de conteur de l’écrivain.

Sous des dehors de divertissement léger, Karim Berrouka propose un livre intelligent et surtout très bien écrit. Les personnages sont attachants et les situations absurdes auxquels ils sont confrontés ne sont pas sans rappeler le « nonsense » de l’humour anglais.