
• Des acteurs impliqués
• Des effets spéciaux extraordinaires
• La bande-son, épique
• Une fin un peu abrupte
Après s’être offert un premier Voyage (In)attendu qui n’aura pas su faire l’unanimité chez les fans de l’univers de J.R.R. Tolkien, Bilbon Sacquet fera son grand retour dans les salles de cinéma le 11 Décembre, à l’occasion de la sortie de La Desolation de Smaug, second volet de la trilogie Le Hobbit débutée il y a près d’un an.
Toujours aux commandes de la saga préquelle au Seigneur des Anneaux, le réalisateur Peter Jackson se devait de renouer impérativement avec l’inventivité et le souffle épique qui lui avait valu un Oscar du Meilleur Réalisateur en 2003, afin de gommer les quelques défauts du premier Hobbit et faire de sa suite un succès à la hauteur de l’ouvrage d’origine.
Vivement critiqué pour sa longue introduction, le Hobbit premier du nom souffrait, dans son ensemble, d’un problème de rythme flagrant. Une aventure cinématographique qui démarrait très lentement, faisait monter peu à peu la pression à travers des scènes d’action spectaculaires, et abandonnait le spectateur plus rapidement qu’il ne l’avait conquis, promettant au final un second chapitre plus dynamique.
Débarrassé de toute présentation obligatoire des personnages principaux, Peter Jackson démarre son nouveau long-métrage tambour battant, alors que Bilbon, Gandalf, et la Compagnie des Nains menée par le rugueux Thorin Ecu-de-Chêne sont en route vers la Montagne Solitaire. Tanière du dévastateur dragon Smaug, cette dernière renferme également un gigantesque trésor abritant l'Arkenstone, pierre précieuse chère au cœur de Thorin.
Si Jackson avait préféré axer le premier épisode du Hobbit sur les prémices du périlleux voyage des nains, cette suite constitue, à n’en pas douter, le cœur des mésaventures de Bilbon Sacquet, et très certainement de la trilogie Le Hobbit dans son ensemble.
Des mésaventures qui conduiront nos héros à croiser la route de l’homme-ours Beorn, du passeur Bard et des Elfes de la Forêt. L’occasion pour Peter Jackson et les scénaristes Frances Walsh et Philippa Boyens d’apporter quelques modifications à l’œuvre originale de Tolkien en intégrant les elfes Tauriel (Evangeline Lilly) et Legolas (Orlando Bloom) à l’intrigue principale. Deux ajouts qui devraient permettre aux spectateurs de faire plus facilement le lien entre la saga Le Hobbit et sa suite Le Seigneur des Anneaux, dans lequel Legolas tient une place prépondérante.
Mais si l’ex-Disparue Evangeline Lilly et son comparse Orlando Bloom livrent tous deux des performances à l’écran honnêtes et raccords avec l’implication générale des acteurs du film, on pourra déplorer la tendance de Peter Jackson à user de ses deux personnages comme d’un Deus ex machina régulier et poussif. Une grosse ficelle qui n’enlève rien au travail de cohérence scénaristique effectué par la production, qui s’est amusée, ici et là, à placer quelques références bien senties au Seigneur des Anneaux, tout en réussissant à multiplier les intrigues et à étendre l’univers si riche de Tolkien sur les écrans.
Doté d’un scénario réussi, narrant une aventure haletante et épique à souhait, Le Hobbit : La Désolation de Smaug brille également de par la qualité du jeu déployé par les (nombreux) acteurs du film.
Toujours aussi convaincant dans le rôle du hobbit rêveur et espiègle, Martin Freeman bénéficie toutefois d’un temps de présence à l’écran plus réduit que dans le premier volet. Tout en restant le véritable héros du récit et en répondant présent lors des scènes marquantes du film, Freeman laisse en effet à ses confrères Richard Armitage, Aidan Turner, Luke Evans et Ian McKellen la possibilité de développer leurs personnages respectifs à travers d’autres scènes d’importance.
Froid et imposant, Richard Armitage confirme tout le bien que l’on pouvait penser de son interprétation du roi déchu Thorin Ecu-de-Chêne. Malgré un scénario qui n’avantage pas forcément l’évolution psychologique de son personnage, Armitage imprime avec brio l’idée du chef de tribu solitaire et brave décrit par Tolkien dans les pages de Bilbon le Hobbit. La Compagnie des Nains, quant à elle, alterne avec succès entre l’humour et le tragique grâce à au talent d’Aidan Turner et Ken Scott.
Ajout de taille à un casting déjà bien fourni, Luke Evans a, lui, décidé de délaisser les grosses cylindrées de Fast and Furious 6 pour entrer dans la peau de Bard, l’Aragorn-like de cette saga Le Hobbit. Sans jamais vraiment égaler le talent de Viggo Mortensen, Evans arrive à donner de la consistance à un rôle légèrement cliché mais destiné à prendre de l’importance dans le troisième volet des aventures de Bilbon.
Enfin, Ian McKellen a pour sa part la chance de briller dans l’une des scènes les plus impressionnantes du film. Comme si l’on en doutait, l’acteur britannique est toujours aussi convaincant dans son rôle désormais culte de Gandalf le Gris.
Autre prestation à noter, celle de Benedict Cumberbatch, qui prête ici sa voix à Smaug. Une interprétation bluffante qui participe à faire du dragon une créature aussi terrifiante physiquement que vocalement.
Habitué à faire usage d’effets-spéciaux haut de gamme dans la plupart de ses productions, Peter Jackson n’a pas fait exception pour sa trilogie Le Hobbit. Joe Letteri, superviseur des effets visuels de La Désolation de Smaug, a effectué un travail tout bonnement hallucinant sur les environnements de la Terre-du-Milieu, faisant de cette nouvelle adaptation un film encore plus impressionnant que son prédécesseur.
Si vous aviez été bluffés par le travail apporté à la réalisation de la Grotte des Goblins dans Un Voyage Inattendu, préparez-vous à en prendre plein les yeux en pénétrant dans le repaire des Elfes, ou en débarquant dans le port de Lake-town.
Un travail encore dérisoire en comparaison du soin apporté aux intérieurs de la montagne d’Erebor, rappelant dans son architecture les Mines de la Moria aperçues dans La Communauté de L’Anneau. De gigantesques salles occupées par le dragon Smaug, dont on attendait impatiemment de voir le design final. Ici aussi, Letteri rend une copie parfaite, produisant avec ses équipes le dragon le plus terrifiant et imposant de l’histoire du cinéma moderne.
Au rayon des travailleurs de l’ombre, on notera le travail impeccable du compositeur Howard Shore. A la tête d'un orchestre symphonique à l'origine de musiques accompagnant constamment les changements d’action, Shore produit des thèmes collant parfaitement à la thématique fantaisiste du long-métrage de Peter Jackson.
Suite réussie et plus sombre d’un film introductif, Le Hobbit : La Désolation de Smaug permet à son réalisateur Peter Jackson de laisser pleinement parler son talent de conteur. Alternant entre scènes humoristiques, aperçus de paysages somptueux, et combats chorégraphiés à la perfection, les nouvelles aventures de Bilbon Sacquet valent clairement le détour. Un agréable voyage de 2h40 qui vous préparera comme il se doit à un troisième et dernier volet synonyme de chant du signe pour Jackson et sa relation particulière à l'imaginaire de Tolkien.