Critiques

Making-Of de L'Empire Contre-Attaque, la critique

Par Alfro
24 octobre 2013
Making-Of de L'Empire Contre-Attaque, la critique
On a aimé
• Une mine d'informations incroyable
• Plein de visuels
• Une bouffée de nostalgie
On n'a pas aimé
• Pas pratique dans les transports en commun

Depuis que Star Wars : Épisode VII a été officiellement annoncé par Disney, la saga de George Lucas revient en force sur le devant de la scène. Avec de nombreux nouveaux projets, comme la série Star Wars : Rebels ou la reprise de la licence Star Wars Battlefront par ces génies de DICE, mais aussi une vague de nostalgie qui peut se concrétiser avec l'arrivée des trailers parus à l'époque. Quand ce regard dans le passé peut nous procurer des ouvrages aussi conséquents et qualitatifs comme celui qu'Akileos nous propose de découvrir, on se dit que le film de J.J. Abrams aura au moins servi à quelque chose.


 

"Construire un Empire bienveillant"


Déjà, commencé sur une préface de Ridley Scott est une marque de bon goût certaine, surtout quand celui-ci relate des anecdotes intéressantes. Le ton est donné, l'auteur de cet ambitieux ouvrage, J.W. Rinzler, n'a pas lésiné sur les moyens pour dénicher tout ce qui se rapportait à L'Empire Contre-Attaque. Il s'est lancé dans un véritable travail d'archéologue, fouillant les archives de Lucasfilm sans relâche pour livrer le livre ultime sur ce film dont les dimensions épiques n'étaient finalement que le reflet de ce qu'avaient entrepris les équipes de George Lucas. il fallait être déjà un peu fou pour se lancer dans l'aventure La Guerre des Étoiles, mais sa suite relève carrément de la démence quand on juge de notre point de vue le travail qu'ils ont dû abattre, l'ingéniosité dont ils ont fait preuve pour surmonter des difficultés techniques que l'on pensait insurmontables à l'époque et surtout quand on se dit que personne n'avait à ce jour autant révolutionner la narration et le visuel à ce point au cinéma.

L'entrée en matière est pourtant bien loin des plateaux de tournage, puisqu'on voir George Lucas dans une bataille juridique âpre avec la Fox pour récupérer ses droits sur le premier film afin d'avoir le contrôle total de son œuvre. C'est un travail d'équilibriste qu'a accompli là le grand ami de Steven Spielberg, car si d'un côté il se livrait à une bataille incertaine au milieu d'un banc d'avocats, de l'autre il montait consciencieusement sa propre entreprise. On reproche souvent à Lucas son côté entrepreneur, mais il va un jour falloir admettre que cet aspect businessman a toujours été mis au service de la vision de son film, qu'il a porté à bout de bras depuis les débuts. Rinzler retrace bien cette période houleuse, mais il le fait surtout sans angélisme. Son but n'est pas de faire une hagiographie, mais de retracer la construction d'un film devenu mythique. Il n'hésite pas d'ailleurs à utiliser la confrontation des points de vue, comme lors de l'incident où Mark Hamill se blesse au pouce. Entre les déclarations de l'acteur et celles du réalisateur Irvin Kerschner, on remarque aisément que leur vision de l'événement diffèrent réellement et que la vérité est sans doute quelque part au milieu.



"Yoda prend vie."


Ce qui est remarquable dans cet ouvrage, en dehors de son poids certain, c'est la profusion de documents qu'a réussi à réunir J.W. Zinler. D'ailleurs, ceux-ci sont parfois si nombreux qu'ils gênent la lecture, le regard perdant le fil de la description alors qu'il est accroché par telle image ou tel texte dont on cherche ensuite la légende (pas toujours bien disposée). Autant se le dire tout de suite, vous ne pourrez pas lire tout d'une traite. Même celui qui se proclame le plus grand spécialiste de la saga cosmique apprendra sans doute des choses ici, comme lorsqu'on découvre les premiers scripts de cet épisode et qu'on s'aperçoit que Lucas n'avait pas encore arrêté le fait que Dark Vador soit le père de Luke et Leia. C'est comme s'apercevoir que ce que l'on pensait acquis, comme ancré dans l'ADN de cette (à ce moment-là) trilogie, n'était en fait qu'une idée qui est arrivée sur le tard et qui finalement arrangeait pas mal son créateur. La solution alternative était qu'Obi-Wan Kenobi ramène le fantôme du père de Luke pour qu'il lui révèle qu'il avait une sœur et qu'il avait décidé de les séparer pour les protéger. Pas aussi dramatique et épique que la solution finalement retenue...

Comment ne pas évoquer enfin les merveilles graphiques que l'on découvrir au fil des pages ? Des maquettes en grand nombre ou des recherches sur le design des costumes par Joe Johnston, alors directeur artistique et qui par la suite réalisera Chérie, j'ai rétréci les gosses, Rocketeer ou plus récemment Captain America : First Avenger. Mais là où on prend un plaisir presque coupable tellement on le savoure, c'est quand on découvre le très grand nombre d'illustrations de Ralph McQuarrie dont certaines que l'on avait jamais eu la chance de voir. Cet artiste conceptuel qui non seulement alliait une imagination féroce à un coup de pinceau tout en maîtrise. Il nous livre ici des variations, des balbutiements, de ce que l'on pourra par la suite découvrir dans le film. Voir ces personnages que l'on connait si bien, déformés, voire complétement différents, et qui vont progressivement devenir ce que l'on connait aujourd'hui, c'est un peu comme assister à une naissance, et pas la plus facile.



On finit par refermer cet ouvrage avec une impression étrange, comme si l'on avait assisté de l'intérieur à une aventure pas comme les autres, comme si on avait découvert un grand nombre d'anecdotes sur l'enfance d'un ami que l'on pensait pourtant connaître par cœur. On vous avertit cependant, parcourir cet imposant objet vous poussera forcément à revoir L'Empire Contre-Attaque. Plusieurs fois. Avec vos potes. Autour d'une bonne pizza.