Critiques

Outlast, le test

Par AlexLeCoq
11 février 2014
Outlast, le test
On a aimé
• Une ambiance incroyable
• Un véritable survival-horror
• La bande-son
On n'a pas aimé
• Devoir y jouer tout seul
• Ça fait peur...
• Très peur

Le survival-horror est un genre qui a peu à peu disparu sur consoles pour laisser la place à l’action, dénaturant par la même les plus grandes licences de ces dernière années avec en tête Resident Evil ou Dead Space. Retrouver des frissons manette en main n’est pas chose aisée aujourd’hui et les consoles ne proposent que trop rarement des expériences traumatisantes à la manière d’Amnesia : The Dark Descent sur Mac et PC. Rassurez-vous, avoir peur dans son salon, c’est de nouveau possible grâce à Outlast qui vient de débarquer sur PS4.


C’est souvent dans les meilleurs pots que les meilleures recettes sont faites et les studios Red Barrels l’ont bien compris avec leur jeu qui est originalement sorti en septembre dernier sur PC.
Le joueur est tout de suite pris dans l’action, dans la peau du journaliste Miles Upshur qui vient de recevoir une missive l’indiquant que des expériences pour le moins étranges ont lieu dans l’asile de Mount Massive et qu’il faut dévoiler l’affaire au grand jour. Si ça sent tout de suite le plan foireux, Miles décide tout de même d’aller y jeter un coup d’œil. Le jeu se lance alors que celui-ci arrive dans l’institut le plus glauque de l’univers en voiture, d’autant plus qu’il se trouve au bout d’un long, très long, chemin de terre, donc coupé de tout. Ce sentiment d’isolation vient tout de suite prendre un deuxième coup dans la tronche puisque l’asile semble avoir été vidé de ses patients mais aussi de son personnel, ce qui n’est vraiment pas bon signe. Après une petite séance de grimpette, Miles réussit à se hisser dans la vieille bâtisse par une fenêtre restée ouverte et alors que le journaliste découvre les premières traces de sang dans les couloirs obscures, Outlast est véritablement lancé.



Immersion est le maître mot d’Outlast qui tire tout de suite le joueur dans son ambiance froide, notamment grâce à sa vue FPS et son interface épurée au maximum qui ne laisse rien apparaître à l’écran. De plus, une barre de vie aurait été complétement inutile car un bon coup de batte asséné par un des patients de l’asile suffit à avoir raison de ce pauvre Miles. Car oui, le jeu aurait été trop simple si l’asile était véritablement vide de tout et notre journaliste va rapidement découvrir qu’il ne reste plus que les patients dans les couloirs de l’établissement et que ceux-ci semblent pour le moins dérangés, prêts à vous sauter à la gorge. Et comme le stress psychologique est au cœur du jeu de Red Barrels, notre reporter de l’extrême n’aura que la fuite pour seule défense. Tel un véritable Solid Snake, l’entraînement en moins, le malheureux protagoniste devra souvent se planquer dans un casier ou sous un lit pour pouvoir échapper aux viles créatures. Et il ne faut pas s’attendre à pouvoir contre-attaquer brutalement puisque la seule “arme” dont dispose Miles est son caméscope mais qui permettra de voir dans le noir lorsqu'il se retrouvera dans l’obscurité la plus complète et rassurez-vous, cela arrivera souvent. Évidemment, l’appareil a une batterie dont la durée de vie est limitée et il faudra trouver des piles sur le chemin pour l’alimenter. Sinon, ce n'est pas drôle.

Rien n’est acquis dans le jeu et la mort attend le journaliste à tous les tournants et cette ambiance pesante est renforcée par son univers sonore qui est d’une qualité presque irréprochable. Le silence incroyablement dérangeant de l’asile est souvent cassé par la respiration de Miles qui se voudra de plus en plus haletante au fur et à mesure que les dangers se rapprochent et vous vous surprendrez à avoir la même respiration lourde. Satané effet de mimétisme ! Mais ce n’est pas tout puisqu’on entendra toujours des patients crier, marmonner, le tout sur une musique discrète qui sait monter en intensité lorsque la mort approche.



Mais c'est aussi par son côté visuel qu'Outlast réussit à faire frissonner sans cesse. Si le jeu profite des capacités graphiques de la PS4, le rendu de l'asile est incroyablement étouffant et s'il faudra rapidement trouvé un moyen de s'en enfuir, ses couloirs longs et sombres sont incroyablement oppressants, toujours en bazar et ponctués de quelques flaques de sang. Sang qui vient souvent des (anciens) gardes mais aussi des patients de l'asile, transformés physiquement par le projet Walrider, qui sont particulièrement choquants lorsqu'ils surgissent au contour d'un couloir pour en terminer une bonne fois pour toute avec ce pauvre Miles.

Du côté de la narration, Outlast ne fait pas dans l’originalité mais encore une fois dans l’efficacité et l'intrigue principale s'installe par le biais de cinématique, le jeu est dans la droite lignée du genre et il sera possible d’en apprendre plus sur l’univers à travers moult documents et rapports sur les patients de l’asile éparpillés ici et là dans les nombreuses pièces du jeu. Mais le sadisme des développeurs est poussé à l’extrême et ces dossiers seront souvent cachés au bout des couloirs les plus sombres face auxquels il faudra hésiter 5 ou 6 minutes avant de s’y engager. En terme de mise en scène, l’équipe a clairement de la suite dans les idées et offre un jeu vraiment oppressant notamment avec l’omniprésence des malades dans l’asile qui seront tantôt inoffensifs tantôt totalement agressifs. Évidemment, Miles ne le saura jamais avant de passer à 2 centimètres des bougres et il n'aura pas le choix pour continuer à survivre en territoire fou. Mais cette expérience presque traumatisante est clairement due aux fondateurs de Red Barrels, Philippe Morin, David Chateauneuf et Hugo Dallaire, qui ne sont pas en reste et ont respectivement travaillés sur Uncharted premier du nom, Assassin’s Creed, Prince of Persia ou Splinter Cell.

Après 6 ou 7 heures de jeu, vous pourrez enfin souffler et dire que vous avez survécu à Outlast, et si le jeu n'est pas une expérience dénuée de défauts, tous les fans d’horreur se doivent de mettre les mains au moins une fois sur le jeu qui fait du bien à une époque où les survival-horror sont presque dans l'oubli sur consoles. D’autant plus que le jeu est offert ce mois-ci à tous les possesseurs de PS4 abonnés PS+. Pour les autres, il est toujours possible de se rabattre sur PC puisque la mésaventure de Miles Upshur est disponible au clavier et souris depuis le mois de septembre dernier.

Dernier conseil avant de commencer, n’oubliez pas d’éteindre la lumière...