Critiques

Pirates des Caraïbes : La Vengeance de Salazar, la critique

Par Republ33k
24 mai 2017
Pirates des Caraïbes : La Vengeance de Salazar, la critique
On a aimé
• La réalisation, globalement
• Quelques séquences amusantes
• Kaya Scodelario et son personnage
On n'a pas aimé
• Un scénario confus
• De mauvais dialogues
• Une approche trop Star Wars
• Une mythologie bancale

Film inspiré d'une attraction de Disney propulsé en franchise à part entière au milieu des années 2000 avec deux suites tournées successivement, Pirates des Caraïbes revient cette année sur nos écrans, plus de six ans après la sortie d'un quatrième opus qui dans le monde francophone, avait beaucoup fait parler de lui grâce à Sirena la Sirène. Et à en croire quelques critiques, ce nouvel épisode, intitulé La Vengeance de Salazar (ou Dead Men Tell no Tales au pays de l'oncle Sam), est le meilleur opus de la saga depuis le premier film, qui fêtera bientôt ses 15 ans. Ça ne nous rajeunit pas !

Mais on ne pourrait être plus loin de la vérité, car d'une part, ce cinquième Pirates des Caraïbes est loin de tenir ses promesses, et de l'autre, les deux premières suites de la franchise ont plutôt bien vieilli. En effet, la plupart des spectateurs ont de lointains souvenirs du Coffre Maudit et de Jusqu'au Bout du Monde, rarement revus depuis leurs sorties respectivement en 2006 et 2007. Et pourtant, ces deux films, riches d'un budget délirant qui leur permettait toutes les folies visuelles, ont un vrai sens du panache et proposent des arcs narratifs au moins satisfaisants si ce n'est originaux pour nos différents personnages. On pense notamment à ce bon Will Turner et la malédiction qui finira par le lier au Hollandais Volant.

Ça tombe bien, puisque c'est ce personnage, incarné par Orlando Bloom, qui lance ce nouveau Pirates des Caraïbes, réalisé par Joachim Rønning et Espen Sandberg, un duo norvégien choisi par Disney pour leur film marin Kon-Tiki, nommé aux Oscars. Après cette introduction basique, on comprend très vite que le quatrième film, La Fontaine de Jouvance, n'aura aucune incidence sur ce nouvel opus, qui entend plutôt renouer avec la magie du premier Pirates et conclure les arcs narratifs de ses personnages. Et pour cela, rien de mieux qu'une relique cachée en mer, un nouveau McGuffin qui a cette fois le pouvoir d'effacer toutes les malédictions exécutées en mer. How convenient, comme disent nos amis américains, ou comme c'est pratique, si on tient à converser dans la langue de Molière.

Une expression qui peu importe la langue, vous reviendra souvent en tête lors du visionnage de La Vengeance de Salazar, bourrée de rebondissements forcés ou tirés par les cheveux, quand ils ne reposent tout simplement pas sur le classique "chut, c'est magique". Certes, nous sommes dans une version totalement idéalisée et par ailleurs complètement fantastique de la piraterie. Mais quand le contexte devient une excuse pour les scénaristes Terry Rossio et Jeff Nathanson, le bât blesse. Ce n'est pas l'aspect fantasque des vilains, des reliques ou des navires présentés qui dérange, mais plutôt la façon qu'ils ont d'effacer les (légitimes) questionnements du spectateur.


Le scénario en ressort franchement confus, si ce n'est insolent, comme lorsque le Capitaine Salazar, incarné par un Javier Bardem en roue libre et son équipage s'échappent de leur malédiction en un claquement de doigts. Ou encore, lorsque le vilain se découvre des nouveaux pouvoirs pour simplifier l'intrigue. Difficile de se plonger dans cette nouvelle histoire donc, d'autant que les nouveaux personnages incarnés par Brendon Thwaites et Kaya Scodelario peinent à se hisser au niveau des protagonistes originaux. On retiendra tout de même que la jeune actrice est l'une des rares à s'impliquer dans son rôle, par ailleurs très actuel, si ce n'est Rey-aliste, les fans de Star Wars comprendront.

Malheureusement, elle ne peut espérer redresser la barre seule, malgré quelques qualités indéniables du côté de la réalisation. En effet, Joachim Rønning et Espen Sandberg s'amusent visiblement beaucoup avec les pirates fantômes de Salazar, et on leur pardonne donc volontiers la présence de cette énième équipage maudit et ses requins zombies. De plus, le duo norvégien touche parfois du doigt la magie des premiers opus de la saga avec des séquences justement dignes d'un parc d'attraction, qui pourraient presque nous faire oublier la piètre performance de Johnny Depp en Jack Sparrow.

Personnage culte devenu comic relief, le pirate est plus exaspérant que jamais et traverse d'ailleurs les premières scènes du film en étant complètement ivre. Une double dose de gags usante, d'autant que le scénario renchérit sur un humour noir ou bourré de sous-entendus sexuels, qui ont tendance à nous mettre franchement mal à l'aise. Ajoutez à cela des dialogues sans aucune subtilité et vous obtenez un film qui dès son premier tiers, est piégé par son écriture, foutoir.

Elle aussi atteinte d'une malédiction depuis quelques temps déjà, la franchise Pirates des Caraïbes essaie, avec La Vengeance de Salazar, de s'en défaire en s'inspirant de la recette legacyquel de The Force Awakens. Seulement l'équilibre du film de J.J.Abrams et Lawrence Kasdan manque cruellement à ce cinquième opus qui s'avère très bavard pour au final ne pas raconter grand chose, comme si Disney tenait à conclure la saga avant de la redémarrer dans un reboot digne de ce nom. Un film de franchise donc dispensable, comme il en existe beaucoup d'autres, qui se contente de réparer sans audace les "erreurs" du passé sans injecter de nouveauté à la formule. Et ce ne sont très clairement pas les personnages de Brendon Thwaites et Kaya Scodelario qui nous feront revenir en mer de sitôt. Dommage pour nos chers Pirates, eux qui sont pourtant pleins de potentiel.