Critiques

Poe Dameron #1, la review

Par Republ33k
6 avril 2016
Poe Dameron #1, la review
On a aimé
• Charles Soule à l'aise avec Poe
• Une gestion intrigante du canon Star Wars
• Oscar Isaac en comic book
• Un cliffhanger efficace
On n'a pas aimé
• Des perspectives parfois écrasantes
• Quelques lourdeurs en début de numéro
• Certaines cases moins impressionnantes

Charles Soule avait fait ses armes sur Star Wars avec la mini-série Lando. Qui est encore à ce jour l'un des meilleurs titres, si ce n'est le meilleur titre proposé par Marvel depuis le rachat de Lucasfilm par Disney. Un essai remarqué que le scénariste avait transformé en s'attaquant à la prélogie dans la série Obi-Wan & Anakin, juste avant d'être annoncé à l'écriture de la toute première série de comic books située dans l'ère The Force Awakens, Poe Dameron. Avec un titre dans toutes les époques de la saga Star Wars, et une renommée grandissante, le scénariste et avocat est ainsi devenu le lead writer officieux de Star Wars pour Marvel, et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il ne faillit pas à sa tâche dans ce premier numéro de Poe Dameron, dessiné par le talentueux Phil Noto.

Très attendue et accompagnée par des launch parties aux Etats-Unis, cette nouvelle série vient en effet relever la barre, alors que les deux locomotives de Marvel (qui sont chaque mois dans le top des ventes de comics au pays de l'Oncle Sam), Star Wars et Dark Vador, s'essoufflent un peu. Il faut dire que le film de J.J.Abrams a laissé quelques blancs à combler pour les auteurs de la saga, en plus de créer d'immenses attentes dans l'esprit de fans. Or, en choisissant Poe Dameron comme le héros de la première série labellisée postlogie, Marvel et Lucasfilm ont fait le bon choix. D'un côté, ils explicitent le contexte politique de la legacy era et de The Force Awakens, et de l'autre, ils offrent aux fans de la saga les aventures de leur nouveau personnage favori, le fameux Poe Dameron.

Deux éléments qui impliquent toutefois quelques pressions pour les épaules de Charles Soule. Et dans les premières pages de ce numéro, on sent que le scénariste accuse un peu le coup. Lui qui a l'habitude d'être très introductif au lancement de ses différentes séries ne déroge pas à la règle, en posant le contexte d'une manière très académique, voire stricte. La marge de manœuvre du scénariste sur le contenu de la série semble assez étroite, mais Soule s'en accommode pourtant assez vite : une fois une introduction un peu lourde - mais pleine d'indices sur l'univers de Star Wars - passée, nous découvrons le pilote fanfaron au cœur de l'action. Il est ici accompagné du fameux Black Squadron et de ses plus illustres pilotes, dont Jessica Pava et  Snap Wexley, deux fan favorites en devenir. Mieux, le scénariste se permet un lien assez intéressant avec le passé en allant piocher quelques éléments dans le Shattered Empire de Greg Rucka.

Avec ce premier numéro, le scénariste nous prouve donc une nouvelle fois qu'il est en phase avec l'intégralité de l'univers Star Wars. Jonglant avec les attentes des fans et l'immense bac à sable à sa disposition, il élabore une intrigue et des personnages qui prolongent habillement The Force Awakens et sa hype. Pour le coup, l'amour que portent les spectateurs au personnage de Poe Dameron assurait à Soule et Marvel un minimum d'intérêt pour ce premier numéro, mais le scénariste comme son dessinateur ne chôment pas pour autant, et s'appliquent à traduire au mieux le personnage d'Oscar Isaac dans les cases de ce numéro. Du côté du scénario, cela passe par les dialogues mitraillette et autres punchlines décalées orchestrées par Poe, tout à fait fidèle à la personnalité qui lui inventaient Abrams et Lawrence Kasdan dans The Force Awakens. Du côté des dessins, on profite d'un Oscar Isaac parfaitement saisi par le trait de Phil Noto, qui avec ce numéro, nous fait oublier ces trop nombreux comics Star Wars dans lesquels nos héros favoris deviennent rapidement méconnaissables.

Une fidélité appréciable, qu'on doit tout particulièrement aux dessins de Phil Noto. Moins aérien et léger que d'habitude, son trait se fait plus précis et plus épais pour convenir à l'univers Star Wars, ses personnages, ses engins et ses environnements. Le résultat est assez impressionnant et se permet même quelques planches façon grand spectacle hollywoodien. Mais toutes les cases ne sont pas toutes parfaites pour autant, puisqu'on note un fâcheuse récurrence des perspectives écrasantes, qui ne servent pas tellement le récit, et ont tendance à miniaturiser ce pauvre Poe. Exception faite de ces quelques bémols, les planches de ce premier numéro s'avèrent très agréable à l'œil, même si elles réinventent un peu l'idée qu'on se faisait du style de l'artiste, qui travaillait déjà un nouveau style sur Chewbacca.

L'écriture très académique mais fluide de Charles Soule fait le reste, nous offrant un parfait équilibre entre humour, action et suspense, jusqu'à un cliffhanger très efficace et qui garde encore quelques surprises sous le coude. Et à peine a-t-on le temps de digérer cette chouette aventure que Chris Eliopoulos et Jordan Bellaire nous achèvent avec un petit comic bonus, en forme d'hommage convenu mais mignon au Calvin et Hobbes de Bill Watterson.

Jouant toujours aussi habilement et justement avec l'univers Star Wars - qu'il semble comprendre mieux que personne chez Marvel - Charles Soule nous offre une première aventure spatiale savoureuse, dans laquelle nous retrouvons tout le charme de Poe Dameron et d'une bonne histoire se déroulant dans une galaxie lointaine, très lointaine. Accompagné par un Phil Noto plus "technique" qu'à l'accoutumée, le scénariste parvient à faire de cette première série située dans la postlogie le petit événement que nous attendions. A suivre de très près dans les comics shops, en attendant une publication chez Panini en France.