
• Un casting efficace
• La nostalgie de Pitch Black
• Petit budget, petits effets
• Une VF et des dialogues abominables
Sorti en Février 2000, Pitch Black est aujourd'hui au rang de ces œuvres cultes, qui vous font aimer une saga en l'espace de deux heures à peine, en plus d'avoir offert au monde le désormais légendaire Vin Diesel. 13 ans et une suite à gros budget (Les Chroniques de Riddick - 2004) loin d'être irréprochable plus tard, Richard B. Riddick est de retour aux affaires avec un troisième opus aux ambitions malheureusement revues à la baisse, et une désagréable impression de déjà vu...
Attendu par une armée de fans impatients prêts à en découdre de nouveau avec les Necromongers neuf ans après les Chroniques, Riddick réussit d'emblée un premier pari : celui de dérouter. Ouvrant son film sur un scène qu'il rêve culte, David Twohy tombe la tête la première dans le piège qui lui était tendu, une direction artistique catastrophique. Saturant son image déjà jaunâtre pour mieux présenter une planète supposée être la jumelle de Furia, lieu de naissance du Dominique Toretto de l'espace, le réalisateur ne parvient jamais à transcender le manque de moyens de son long-métrage et souffre d'un aspect cheap qui prête à sourire pendant 10 minutes, avant de souffler de désespoir de voir de vraies belles images. Pire, celui qui a écrit le scénario de l'excellent Alien 3 de David Fincher (tout de même) va même verser dans le mauvais goût à de très nombreuses reprises, pas aidé par un casting de qualité, mais pas franchement concerné par la besogne.
Ajoutez à cela des dialogues sortis d'un mauvais sketch de Jean Roucas et vous obtenez un film à mi-chemin entre le bonheur de retrouver des personnages que l'on aime, et la gêne permanente de devoir supporter les idioties de personnages qui feraient passer le casting de Piège en haute mer pour des diplômés du M.I.T... A sa décharge, nous avons été "contraints" de voir le film en VF, une horreur pour les oreilles, tant certains traits d'humour sont taillés en pièce par une traduction feignante (certaines expressions sont traduites de manière littérale, de sorte à leur enlever toute substance) et des doubleurs à la limite du professionnalisme. Un beau gâchis, que l'on imagine toutefois bien moins outrancier en Version Originale, donc.
Mention spéciale à la continuité de l'univers, qui ne semble pas avoir dérangé une équipe pourtant en place depuis son premier opus, puisque celle-ci est expédiée le temps d'un cameo éclair de Karl Urban et d'un flashback qui ne dure pas plus de 3 minutes, montre en main. Pourtant, suite à une introduction pour le moins poussive où le spectateur s'apprête à sortir de son film, ce rappel semblait bienvenu, afin d'accorder d'avantage d'importance à la situation du héros, mal en point sur une planète hostile après l'avoir laissé Haut-Commandeur des Necromongers à la fin des Chroniques. Il n'en sera rien, l'ellipse temporelle la plus intéressante de la saga est sacrifiée sur l'autel du fan-service, afin d'offrir aux amoureux de Riddick ce qu'ils sont venus chercher, et de repartir de plus belle sur la troisième aventure du personnage.
Heureusement pour la production, c'est dans sa seconde moitié que Riddick marque des points, malgré des similitudes évidentes avec ses deux prédécesseurs, qui offrent au spectateur la désagréable impression de revoir pour la troisième fois Pitch Black, là où était attendu un changement radical pour le personnage, eu égard à son nouveau statut d'Empereur galactique...
Katee Sackhoff, Dave Bautista, Vin Diesel. Un casting qui sent bon les Guardians of the Galaxy et le Marvel Studios en général (la première serait dans les petits papiers de Kevin Feige pour interpréter Miss Marvel sur grand écran), et qui pouvait profiter de Riddick pour répéter ses gammes de l'espace, avant de partir en croisade face à Thanos l'année prochaine. Résultat ? Minimum syndical pour les trois stars du film, qui se contentent tous de surjouer et de bomber le torse. Rien de dramatique toutefois, puisque sous ses airs de Chino Moreno sur-armé, Dave Bautista est parvenu à nous convaincre qu'il possède la carrure parfaite pour incarner Drax au cinéma. Du côté de l'acting, celui qui marche sur les traces de The Rock à Hollywood a encore des progrès à faire, mais pas d'avantage qu'un Vin Diesel qui semble lassé, ou qu'une Katee Sackhoff qui ne sera jamais vraiment sortie de son incroyable rôle de Starbuck dans Battlestar Galactica...
On notera toutefois une seconde moitié plus dynamique, proposant un retour aux sources bienvenu, où la romance aussi crue qu'adorable entre Riddick et son Dingo (oui, vous avez bien lu, les Dingos existent dans l'espace) prend de l'ampleur, avant d'en venir plus sérieusement aux mains avec les deux groupes de mercenaires qui traquent l'anti-héros. Convenu, desservi par des effets spéciaux à la limite de l'acceptable et long, le film n'en est pas moins sauvé par une sincérité frappante, malheureusement insuffisante à l'heure d'un troisième opus. Rien n'est particulièrement mauvais, c'est déjà une fin en soi, mais rien n'est particulièrement bon ni original non plus, ce qui est bien triste pour une saga qui avait justement su gagner ses galons de classique sur une approche nouvelle de la Science-Fiction, au siècle dernier.
Après deux épisodes pour le moins modestes, l'avenir de la licence nous inquiète, d'autant plus que le réalisateur et ses producteurs semblent vouloir mettre en route un quatrième épisode en forme de coup de grâce aussi vite que possible...
Entre communication rachitique, visuels forts et obligation de coller à l'ambiance du succès commercial des Chroniques, malgré le succès d'estime de Pitch Black, Riddick se trouve le fondement entre deux chaises. Tiré d'un côté par ses premiers amours sincères à petit budget, et de l'autre par le statut de saga culte acquis par ses producteurs il y a 9 ans, le film de David Twohy ne possède ni identité, ni originalité.
Et malgré une ambiance plutôt fidèle et un personnage qui reste dans la droite lignée de ce qu'il a été, les fans ne peuvent voir en Riddick qu'un vague rappel que la licence qui a révélé Vin Diesel aux yeux du monde est toujours vivante à Hollywood, à défaut d'être toujours aussi incontournable...