
On a aimé
• Des débuts solides
• Quelques bons persos
• Des épisodes concepts sympathiques
• Quelques bons persos
• Des épisodes concepts sympathiques
On n'a pas aimé
• Des problèmes de ton
• Des problèmes de rythme
• Un casting très inégal
• Des problèmes de rythme
• Un casting très inégal
Je vais vous faire une confidence. Mais ai-je vraiment besoin de la faire ? Si vous passez régulièrement sur SyFantasy, vous avez que dans la galaxie des titres commençant par Star, je préfère Wars à Trek. Et de loin, comme nombre d'entre-vous l'auront peut-être compris en lisant nos récaps sur Discovery chaque semaine. Pourtant, j'ai vu tous les films de la saga, en plus de m'initier à plusieurs itérations de la célèbre série télévisée, avec une préférence pour Next Generation.
Mais quelques années d'efforts plus tard, je n'arrive toujours pas à me projeter dans le monde de Star Trek. Je comptais donc beaucoup sur Discovery pour me permettre de prendre le train en marche. En se déroulant avant la série originale et avec Bryan Fuller - le chef d'orchestre d'Hannibal - aux commandes, le show avait de quoi séduire. Mais suite au départ du bonhomme, Discovery a visiblement perdu en consistance, et ça s'est senti durant toute cette première saison, qui semble avoir du mal à parler aux nouveaux spectateurs comme aux fans, ce qui en soit, est un exploit.
Des débuts solides
Pourtant, la série avait commencé sous les meilleurs auspices. Sans être parfaits, les deux premiers épisodes de Discovery nous promettaient une intrigue centrée sur le début de la guerre entre la Fédération et les Klingons, avec une figure centrale assez originale en guise d'héroïne, Michael, officier prometteur qui cédera aux sirènes de la mutinerie. Même du côté de la direction artistique, l'ensemble restait plaisant avec des nouveaux designs assez chouettes, et des moyens clairement affichés. Ajoutez à cela la narration faisant se répondre les parcours de l'héroïne et de Voq, Klingon amené à devenir plus qu'un simple paria, et vous obteniez quelque chose de prometteur, voire de solide.

Mais très vite, les problèmes de la production derrière la caméra se sont répercutée à l'écran. On dit parfois qu'il faut séparer l'un de l'autre, mais l'exemple de Star Trek Discovery nous rappelle une nouvelle fois que cela est impossible. Pour expliquer les inconsistances thématiques, narratives ou visuelles de la série, on ne peut pas faire abstraction des envies de Bryan Fuller, qui partait dans la direction d'un show anthologique, et du cahier des charges tenu par CBS et sa plateforme de streaming, remplacée chez nous par Netflix. Cette première saison en dents de scie s'explique assurément par des moyens réduits et des embrouilles créatives, qui ont sans doute donné lieu à des épisodes de remplissage ou à quelques réécritures un poil foireuses.
L'esprit Star Trek mis à mal ?
Quinze épisodes plus tard, Star Trek Discovery s'achevait donc hier dans un season finale en forme d'origin story pour "l'esprit Star Trek", qu'on pourrait qualifier d'idéaliste, voire de complètement utopique. Une approche pouvant plaire aux fans, qui philosophent sur cet état d'esprit depuis plus d'un demi-siècle maintenant, comme aux néophytes qui pourraient enfin comprendre pourquoi, dans Star Trek, les armes ne sont pas réglées sur tuer. Je caricature, mais vous comprenez l'idée.

En soit, celle-ci n'est pas mauvaise, mais c'est son exécution qui a péché tout au long de cette saison. S'appuyant trop souvent sur ce que le public sait ou croit savoir de l'univers Star Trek, Discovery s'est lancé dans une série de twists mal amenés et rarement mis en scène. Tombant les uns après les autres comme des cheveux sur la soupe, ces rebondissements simulent un rythme soutenu qui n'est au final pas le meilleur moyen de faire comprendre à qui que ce soit ce qu'est l'esprit de la saga imaginée par Gene Roddenberry. A titre d'exemple : nous n'avons même pas eu le temps de nous poser sur une planète que nous plongions dans une version alternative de Star Trek via un voyage entre les dimensions.
Match mirroir
Peut-être que le mirror universe était un bon moyen d'interroger les limites de l'esprit Star Trek et ses différentes composantes. Mais la beauté d'un univers alternatif repose avant tout sur la connaissance de sa déclinaison centrale. Et en ce sens, on ne peut pas dire que notre petit voyage entre les dimensions fut d'une grande utilité. Pire encore, il a brouillé les pistes quant aux thématiques mises en avant par la série. Plutôt diversifié, le casting et les personnages entendent promouvoir un futur pacifiste où l'Homme s'entend avec lui-même et d'autres espèces aliens. Mais cet idéal est vite nuancé par des personnages comme Lorca ou l'amiral Cornwell, qui sans venir du même univers, possédaient tous les deux un côté très belliqueux, tantôt adopté et tantôt rejeté par la série.

Or, quand on entend explorer à ce point la philosophie d'un show aussi culte que Star Trek dans une époque aussi trouble que la nôtre, on ne peut pas se permettre de jouer sur tous les terrains. Il faut choisir. Certains, comme J.J.Abrams au cinéma, opteront pour une version spectaculaire et archi-dynamique de cet univers. D'autres pourraient choisir de se reposer sur les idéaux défendus par Star Trek, et c'est d'ailleurs avec eux que Bryan Fuller avait débutté la promotion du show, lorsqu'il en était encore le patron. Discovery, au final, choisit de bouffer à tous les rateliers, et ne s'impose donc sur aucun tableau. Tantôt spectaculaire, parfois nuancée, puis l'instant d'après complètement naïve, la série n'arrive pas à trouver son ton.
Promesses brisées
Dans cet ultime épisode, la série raccroche ainsi avec les idées et les arcs narratifs amorcés dans ses premiers opus, de justesse. Mais ce sont tous les épisodes entre ces extrêmités qui fâchent. Bourrés de fausses surprises, inconsistants dans leur ton, leurs idées et les intrigues étirées à outrance - le cas du pauvre Tyler risque de faire date - ces opus ont vraiment eu du mal à assurer un minimum de cohérence et une notion de continuité, ce qui fait pourtant tout le sel de toute série télévisée.

Tout n'est pas à revoir pour autant, puisque nous avons pu faire la connaissance avec des personnages fascinants, comme Lorca (malgré tout) ou Saru, et que la culture des Klingons a pas mal été développée. Sans même compter quelques épisodes qui ont visiblement piqué le budget de leurs voisins pour nous offir quelques jolis plans, des concepts amusants (comme la boucle temporelle) ou des réflexions qui font du bien en 2018, aussi candides soient-elles. Reste à savoir si ces qualités seront des pilliers suffisament solides pour une saison 2 déjà annoncée, et qui peut toujours tirer la carte de l'anthologie pour amener de la nouveauté à l'univers Star Trek à l'avenir !
Ce qu'on repprochera à Star Trek Discovery ne sera ni son aspect naïf, ni ses relans plus belliqueux. Mais plutôt, son inconsistance ou sa passivité face aux choix. Sans choisir de ton, d'idée centrale ou de thèmes forts, la nouvelle série de la franchise manque cruellement d'un panache ou d'une audace qui auraient su ramener l'esprit Star Trek sur le devant de la scène, ou à défaut, le réinventer complètement pour le rendre accessible à une toute nouvelle génération.