
• Monologue intérieur maîtrisé
• Un Obi-Wan aussi solitaire que bien écrit
Décidément, Marvel redresse la barre Star Wars ces derniers temps. Après un Lando qui promet d'être une mini-série aussi maîtrisée dans ses références que dans ses planches, la maison des idées contre-attaque (avant que nous puissions riposter) avec un septième numéro de Star Wars. Un chapitre en forme de pause sur la désertique Tatooine, qui nous plonge dans le frustrant quotidien d'un certain Obi-Wan Kenobi.
Frustrant car le maître Jedi, que nous avons connu sous les traits de l'énergique Ewan McGregor, entame sa transition vers le mystérieux Alec Guinness, car contraint de couler des jours paisibles sur la planète aux deux soleils. Condamné à laisser les exactions des Hutts et la violence des rues de Mos Eisley se dérouler, le Jedi cherche une paix intérieure, que l'on trouvera à la lecture de ce nouveau numéro, maîtrisant de bout en bout le monologue de son protagoniste, avec des phrases poignantes.
Je dois même avouer être bluffé par le travail de Jason Aaron, que je n'ai pas trouvé très inspiré sur les six premiers numéros, et qui s'offre ici une bulle créative à la mesure de son talent. Il respire, nous aussi, et parvient à nous immerger dans l'esprit de cet Obi-Wan forcé à jouer les parias, au point d'en devenir un : c'est la promesse de la narration d'Aaron. Avec une idée toute bête, la lecture du journal du Jedi par son jeune apprenti, Luke, le scénariste livre une histoire plutôt parfaite et en tous cas très envoûtante.
Soyons honnêtes, les dessins de Simone Bianchi y sont également pour quelque chose. On sait que l'artiste travaille sur ce numéro spécial - qui pourrait très bien se lire comme un mini one-shot d'ailleurs - depuis plus d'un an déjà, et le résultat est à tomber. Si les décors manquent parfois de détails, le reste fourmille de bonnes idées et de références visuelles parfaitement maîtrisées à l'univers Star Wars.
En dehors des modèles reproduits par Battlefront, on ne fait vraiment pas mieux. Accompagnant les écrits d'Aaron dans un découpage lourd de sens, l'artiste italien livre un des plus beaux travaux de sa carrière, et peut-être bien le plus beau numéro de Marvel sur Star Wars depuis le rachat de Lucasfilm.
Mais malgré toutes ses qualités, on ne peut s'empêcher de voir ce numéro comme un chapitre prétexte au prochain arc de la série Star Wars, qui verra ce bon Luke Skywalker revenir sur les traces de l'ordre Jedi, justement grâce au journal laissé par Obi-Wan Kenobi. On changera alors de direction et de ton, là où ceux de ce numéro étaient globalement parfaits. Un peu dommage donc, puisqu'une mini-série consacrée à Obi-Wan, qui plus est magnifiquement dessinée, aurait été un vrai must dans le catalogue de Marvel.
Il faudra donc se contenter d'un seul numéro, mais on boudera pas notre plaisir pour autant. Vrai petit one-shot, ce septième chapitre de Star Wars est assurément ce qui s'est fait de mieux sur le titre spatial phare de Marvel. Et pas uniquement parce que les dessins sont superbes, mais également parce que Jason Aaron se dégage une marge de manœuvre essentielle pour sublimer cet exercice de style, dorénavant disponible dans tous les bons comics shops.