Critiques

The Elder Scrolls Online, le test

Par AlexisH
8 mai 2014
The Elder Scrolls Online, le test
On a aimé
• Un effort de scénarisation...
• Le gameplay nerveux
• L'univers Elder Scrolls
• Un PvP / RvR réussi !
On n'a pas aimé
• … mais des quêtes trop répétitives
• La direction artistique en dessous de celle de Skyrim
• Le jeu en groupe mal fichu

Il y a deux ans, Skyrim, avec son incroyable level design de montagne, amorçait un virage dans la direction artistique, témoignant des progrès significatifs du studio Bethesda dans ce domaine. La licence s'ouvre pour la première fois au multijouer avec le jeu confié aux équipes de Zenimax Online, The Elder Scrolls Online. Après avoir proposé 3 dossiers sur le jeu, il est maintenant temps du bilan final !

Une synthèse de l'univers The Elder Scrolls

L'histoire débute 1000 ans avant les événements de Skyrim. Comme d'habitude dans la série, notre personnage démarre son périple dans la peau d'un prisonnier qui se voit très vite révéler une prophétie. Élevé au rang d'élu, vous devez alors sauver le monde aux côtés d'autres élus. Dans cet épisode, une divinité malfaisante nommée Molag Bal envahit l'univers de The Elder Scrolls aidée par le terrifiant Mannimarco, dont le nom évoque plus un chanteur de reggae qu'un affreux sbire.

Comme dans tout MMO, l'aventure débute par la création de l'avatar, dans un système qui permet d'obtenir des résultats assez fins, bien loin des premiers chara-design catastrophiques de la série. The Elder Scrolls oblige, un style sobre, marron-grisâtre à tendance réaliste viendra habiller votre personnage. De nombreuses combinaisons sont possibles parmi les trois factions, les dix races habituelles et les quatre classes disponibles.

Une fois lancée dans l'aventure, on constate que l'univers de la série The Elder Scrolls est très fidèlement reproduit. On retrouve le lot habituel de monstres, races, et même certains PNJs connus, dans un univers somme toute classique d'héroïc-fantasy. Que l'on aime ou non les jeux de la licence de Bethesda, nous avons au moins la garantie que cet univers riche, développé depuis vingt ans à travers cinq opus, possède un background moins générique que la plupart des MMO.

Une direction artistique très moyenne

Malheureusement, tous ces efforts de contextualisation ne suffisent pas à combler une direction artistique assez fade. On peine à être enchanté par unlevel design globalement plat où chaque zones tend à répéter le même motif de collines, de plaines, de forêt, de grotte, de ville etc. Tout les espaces sont au même niveau, rien ne vient briser la régularité d'un level design qui est incapable de marquer les zones d'une identité propre et d'une histoire. Les villes souffrent particulièrement du problème, avec une tendance à recycler les mêmes modèles grisâtres de bâtiments, d'auberges, de manoirs qui sont d'une tristesse sans nom.


Les zones entre elles se ressemblent et leur construction chaotique ne donne que très rarement l'occasion de s'émerveiller devant un point de vue. C'est tout l'inverse de Skyrim dont le level design invitait régulièrement à la contemplation. TESO se contente de reprendre une certaine architecture de bâtiments et des modèles de la série qu'il agence sans chercher à créer des espaces vraiment cohérents. Il est dommage que les artistes de Zenimax, qui montrent pourtant beaucoup de talent dans le design des objets, n'aient pas su agencer tout ces éléments en s'affranchissant de cette espèce de level design standard sans charme que l'on retrouve dans beaucoup de MMO.

Il faut, en revanche, saluer l'effort d'optimisation du moteur graphique qui tourne sur des machines modestes et qui ne souffre d'aucun ralentissement, même dans les combats où les effets fusent de toute part.

Une progression bien scénarisée mais monotone

La direction artistique est d'autant plus frustrante qu'une des grandes forces de TESO réside dans son principe de progression qui met en avant la narration et l'exploration. En effet, le personnage évolue en accomplissant de nombreuses quêtes qui sont toutes doublées et plutôt bien écrites. On y déjoue des complots, des trahisons, on libère des villes, bien loin des sempiternels tuages de monstres et ramassages d'objets auxquels le genre nous a habitué. Une dimension de choix est même intégrée à la narration qui, grâce à un système de phasing, modifie toujours l'aspect du monde pour nous montrer les résultats de ses actions. On regrette juste que les quêtes soient un peu répétitives à la longue et qu'elles manquent d'ampleur. En effet, on accomplit les objectifs d'un lieu bien trop rapidement avant de passer à l'autre et ainsi de suite dans un rythme un peu monotone.

À cet effort de scénarisation s'ajoutent des choix osés mais astucieux qui poussent le joueur à l'exploration. Une interface épurée qui divise les joueurs habitués à une surcharge d'indication, une carte qui n'affiche les lieux et les quêtes que lorsque qu'on s'en approche, des livres qui sont disséminés un peu partout dans le monde et qui augmentent les compétences du joueurs, etc. sont autant d'éléments qui font de TESO un MMO un peu en marge. Il faut y voir la volonté de ne pas trahir l'expérience solo des The Elder Scrolls en misant tout sur l'immersion.

On apprécie alors de parcourir les terres de Tamriel, à pied ou à cheval, accompagné par une musique enchanteresse dans l'esprit des opus précédents, mais on n'est jamais complètement enchanté à cause de la direction artistique. Il faut ajouter à cela des mécaniques de jeu en groupe mal conçues qui ne permettent pas toujours de suivre ses amis dans leur progression.

Un gameplay nerveux bien pensé pour le haut niveau

L'autre point fort de TESO est son gameplay d'action nerveux qui nécessite une bonne réactivité. Il faut constamment jouer avec les ses six compétences de sa barre de sort en évitant les contre-attaques ennemis. Foncer dans le tas peut être très punitif et il est nécessaire de réfléchir à son approche de l'ennemi. Les combats sont tendus et leur issue peut totalement basculer en votre défaveur si vous faites n'importe quoi. Les boss offrent le challenge le plus intéressant car il faut apprendre à lire leur pattern pour éviter les coups spéciaux dont certains peuvent être fatales.

Ce gameplay très grisant dévoile toutes ses subtilités dans les donjons à haut niveau et dans le PvP. Les premiers, où l'on rencontre de gros packs d'ennemis, nécessitent un groupe organisé où chacun connaît son rôle (soigneur, tank, dégât). Ils sont ainsi plus intéressants que les donjons bas niveau, trop simples, où les combats brouillons se résument souvent à foncer dans le tas.

Le PvP, quant à lui, n'est pas en reste car il propose un contenu original tout aussi soigné que la partie PvE. Les deux sont d'ailleurs totalement séparés puisque le PvP se joue dans la gigantesque zone centrale de Cyrodiil où trois factions se battent pour le contrôle du territoire. Cela donne des combats à grande échelle visuellement très impressionnants, où l'on voit souvent des hordes de joueurs qui foncent sur la porte principale du fort ennemi pendant que celui-ci tente de les repousser à coup de catapultes. Il faut alors s'adapter aux stratégies de l'ennemi dans des mêlées plus tendues encore qu'en PvE qui nécessitent d'exploiter toutes les finesses du gameplay. Il est également possible de jouer tout seul ou en petit groupe pour aller s'attaquer à des joueurs isolés qui défendent des objectifs moins importants que les forts par exemple. Tout cela est très fin et la zone a été bien pensée car elle permet plusieurs approches, faisant du PvP une des grandes surprises de TESO.

The Elder Scrolls Online se joue bien grâce à une narration constante qui pousse le joueur à explorer l'univers et un gameplay solide. Malheureusement la direction artistique ratée, avec ses zones mornes à l'aspect trop générique, fait plafonner l'expérience, incapable de nous faire vivre une grande aventure. Même si TESO est un peu différent des autres MMO en faisant le choix de favoriser l'immersion par l'exploration, il ne parvient pas à briser les défauts du genre et reste prisonnier de mécanismes de progression bien trop monotones. Tout l'attrait de TESO repose alors sur un PvP spectaculaire et un gameplay assez jouissif qui procurent des moments sympathiques mais n'arrivent tout de même pas à gommer la sensation d'une expérience un peu vide. Si TESO est d'ores et déjà disponible sur PC et Mac, les joueurs consoles devront malheureusement attendre avant d'y jouer puisque les versions PS4 et Xbox One arriveront dans 6 mois.