
• Une belle promesse pour la suite
• Des vampires méchants, très méchants
• Des personnages trop classiques
Si Guillermo del Toro s'est intéressé de près aux Kaijus avec Pacific Rim, le mexicain est depuis toujours un maître de l'horreur et a d'ailleurs commencé dans le genre avec son premier long-métrage sorti en 1993, Cronos. Mais la réalisation n'est pas le seul exercice auquel il s'est adonné puisque celui-ci s'est essayé plusieurs fois à la littérature en co-signant une trilogie avec Chuck Hogan dont le premier volume porte le titre de The Strain (La Lignée, en français). Cette année, la chaîne FX a d'ailleurs décidé de donner une place de choix à l'œuvre, qui avait aussi fait un détour par le comics, en l'adaptant en série TV. C'est d'ailleurs cette semaine que l'épisode pilote, Night Zero, a pointé le bout de sa dent pointue.
Del Toro multiplie les passions et les lubies, mais le réalisateur de Pacific Rim est avant tout un amoureux de vampires, un amour qu'il a pu mettre en scène dans Blade 2. À l'instar des aventures du diurnambule, The Strain prend place dans un univers contemporain mais la série pose des bases beaucoup plus réalises que l'adaptation Marvel. Ce premier coup d'œil dans l'univers de la série, réalisé par Guillermo del Toro en personne, est évidemment l'occasion de poser les bases de son scénario qui s'étalera sur 13 épisodes. En plein cœur de New York, nous découvrons le Dr. Ephraim Goodweather, campé par Corey Stoll, un épidémiologiste qui est envoyé à l'aéroport JFK après qu'un avion, tout fraîchement posé, ait coupé tout contact avec l'extérieur. Sans aucun signe de vie des 250 passagers, les autorités craignent qu'un virus ne soit à l'origine du mystère et envoient notre homme s'occuper du tout. Évidemment, les choses auraient pu être simples mais on découvre rapidement qu'un vampire est derrière le massacre puisque seuls quatre passagers sont retrouvés vivants.
Tout de suite, The Strain se présente comme une série fantastique et si nous suivons l'enquête du Dr. Goodweather et son équipe, à la recherche d'une explication scientifique au drame, il ne faudra pas longtemps pour apprendre, de notre côté de la lucarne, que des suceurs de sang son derrière la sale affaire. Clairement, le passage sur Blade du mexicain se fait sentir avec cette nouvelle série. En effet, contrairement aux œuvres classiques du genre dans lesquels les suceurs de sang sont vus comme des monstres assoiffés, ici, ils sont organisés (tel un syndicat du crime) et nous ne tardons pas à découvrir que ce n'est pas anodin si un premier vampire réussit à franchir le sol américain. Mais la série offre pourtant quelques clins d'œil à l'œuvre fondatrice du genre, Dracula de Bram Stoker, notamment avec le personnage du Professeur Abraham Setrakian qui a clairement des airs de Van Helsing. Interprété avec brio par David Bradley (Harry Potter), l'énigmatique vieillard devait d'ailleurs être interprété par John Hurt, qui n'a finalement pas pu accorder son planning avec celui de la série.
The Strain jouit d'un excellent casting et les fausses notes sont rares dans la mélodie vampirique qu'est cet épisode pilote. On pourrait évidemment pester sur la réalisation, qui bien que léchée avec une ambiance parfaite, ne transfigure pas du talent de Guillermo Del Toro. David Semel prendra la suite du Mexicain et un épisode trop marqué de la patte de son génie de producteur aurait été encombrant pour celui qui aura la charge de poursuivre la série, entrecoupée par deux nouveaux épisodes réalisés par Del Toro. Malheureusement, les véritables faiblesses de The Strain résident dans son écriture, beaucoup trop classique sur de nombreux points. Si rien n'est véritablement raté, il arrive à de nombreuses occasions que nous nous retrouvions devant des situations (beaucoup trop) classiques. Mais ce classicisme se ressent aussi dans l'écriture de bons nombres de personnages secondaires: le méchant allemand, la petite frappe mexicaine, la femme reprochant l'absence de son mari... Pour autant, Guillermo Del Toro réussit à glisser quelques retournements de situations qui fonctionnent parfaitement. L'autre point faible de cet épisode reste son rythme en dents de scie, qui donne l'impression que le pilote s'étale alors qu'il ne dure finalement qu'une heure.
Malgré quelques défauts, The Strain est une très bonne pioche pour FX puisque la série promet de convaincre les amoureux de fantastiques et de petit écran. N'épargnant rien visuellement avec quelques scènes gores à souhait, la série saura sans aucun doute trouver une place dans cette nouvelle ère de séries TV de qualité. Mais pour cela, il faudra cependant attendre de voir si les quelques faiblesses de rythme seront corrigées dans les prochains épisodes, au risque de forcer bon nombre de spectateurs à l'abandon. Une chose est sûre, le sang risque risque de couler...