Si Danny Boyle est désormais (enfin, ça fait quand même un moment maintenant) reconnu comme un cinéaste d'exception, il ne faut pas oublier qu'il a eu sur plusieurs de ses films le concours d'un homme de l'ombre de génie : Alex Garland. Ce dernier a enfin décidé de rentrer dans la lumière pour dévoiler son tout premier long-métrage.

Alex Garland est un pur produit
de Manchester, un de ces lads qui a traversé les années 90 en écoutant
la scène de Madchester et consommé son lot de drogues artificielles
avant de partir sur les routes avec seulement un sac à dos, notamment pour aller découvrir l'Asie du
Sud-Est (il a vécu quelques temps à Manille durant son enfance). De ces
voyages, il en a retiré le roman La Plage. Celui-là même qui servira
plus tard de base au film du même nom de Danny Boyle.
Entretemps,
il avait écrit un deuxième roman, The Tesseract, qui va lui aussi être
adapté au cinéma, par Oxide Pang Chun. Bien qu'ayant Jonathan Rhys-Meyer
au casting, il vaut mieux rester sur le roman pour éviter toute
déconvenue. Il est plus intéressant de se concentrer sur le premier travail que
Garland a fait directement pour le grand écran : le scénario de 28
Jours Plus Tard. Ce nouveau film de Danny Boyle, où le mythe du zombie
est magnifié par la psychologie tortueuse et torturée de ses
personnages, montre déjà toute l'étendue du talent du jeune scénariste.
Après
un troisième roman, The Coma, Garland va prolonger sa collaboration
avec Boyle (et l'acteur Cillian Murphy) puisqu'il signe le scénario de
l'un des films de science-fiction les plus importants (et sous-estimés)
de ces dernières années : Sunshine. Mêlant habilement concepts de hard-science, propos philosophiques et une écriture des personnages
toujours aussi juste, Alex Garland gagne ici une stature qui en fait
l'un des auteurs les plus à suivre de Grande-Bretagne.
Un épisode de Batman : Black and White plus tard, il retourne au cinéma avec le scénario de Never Let Me Go, film sublime et trop méconnu, où Carey Mulligan, Andrew Garfield et Keira Knightley sont emportés dans un triangle amoureux et où la SF est un prétexte à une exploration de la condition mortelle de l'être humain. Véritable échec au box-office, ce long-métrage qui est loin des standards hollywoodiens se perd dans les limbes du 7ème Art.
Pas grave, Alex Garland a plus d'une corde à son arc et il va signer le scénario de Enslaved : Odyssey to the West, un jeu vidéo de Ninja Theory (qui signent aussi Devil May Cry dont Garland a supervisé l'histoire) qui transpose le célèbre roman chinois Voyage vers l'Occident dans un univers post-apocalyptique et avec Andy Serkis qui réalise l'une des premières performances en motion-capture du jeu vidéo. Ce petit détour effectué, Alex Garland revient au cinéma et signe le scénario de Dredd. Une fois n'est pas coutume, plombé par une communication aux abonnés absents, ce film est aussi un échec.
Le temps pour Garland de tourner une page ?