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Dossier - 6 créations pour s'initier à l'urban fantasy !

Par Louis - CINAK
10 min 8 mai 2021
Dossier - 6 créations pour s'initier à l'urban fantasy !

La magie existe mais elle est refoulée aux frontières de nos villes et de nos perceptions. Les ogres tiennent leur trafic de fées dans les égouts de Los Angeles, tandis que votre livreur est en vérité un lutin savamment déguisé… L’urban fantasy c’est tout ça et bien plus encore… On trouve cependant quelques traits caractéristiques à cette « fantasy urbaine » :

1) Sauf dans de rares œuvres littéraires (ou non), les humains n’ont pas conscience de la présence des Faës. Ils se sont mêlés aux mortels et se sont adaptés à leur mode de vie, en usant des technologies humaines à leur avantage. Même si les caméras ont compliqué leur vie, ils se mettent à apprécier le quotidien des mortels (sauf si évidemment leur physique leur empêche de se mêler à eux)

2) Le mortel et protagoniste de l’histoire, est témoin d’un phénomène surnaturel pour lui, mortel, ou alors s’est aventuré trop loin dans une rue et a découvert une enclave féérique peuplée de trolls et autres créatures étranges. Le surnaturel va alors prendre une part importante du quotidien du personnage ! Le plus souvent, il va lui-même s’initier à la magie ou alors découvrir un ancêtre faë…

3) Une romance paranormale va se créer entre le mortel et l’une des créatures féériques, à la fois pour pimenter les histoires (toute bonne histoire a besoin de sa dose de romance) mais aussi pour mettre en lumière les différences culturelles entre les humains et les faës. 

Point important à souligner, la fantasy urbaine permet à l’auteur de dénoncer notre société matérialiste et urbaine, en soulignant la lente agonie du monde magique qui disparaît en même temps que ses habitats naturels (forêts, temples sacrés…). Très souvent, cette rancœur vis-à-vis des humains est incarné par le « Grand Méchant » ou une faction qui se dit supérieure aux humains et qui aimeraient voir s’effondrer nos immenses tours de béton.

Crédit illustrateur : Tony Sart

Dossier - 6 créations pour s'initier à l'urban fantasy !
1 - Neil Gaiman, le pape de l'urban fantasy
2 - Fables ou le Grand Gentil Loup
3 - Team Loup-garou ou Patrica Briggs, une grande voix de la bit-lit et de la fantasy urbaine
4 - Chloé Neill et les Vampires des Chicago !
5 - Sanctuary, LA série canadienne d'urban fantasy
6 - Entre fantasy et urban fantasy, Floriane Soulas et les petits dieux du Japon
1. | Neil Gaiman, le pape de l'urban fantasy

Faut-il encore présenter Neil Gaiman et son Neverwhere ou encore son American Gods ? 

Neverwhere a été l’un des premiers romans d’urban fantasy à être traduit en français et à exploser dans notre beau pays. Dans un Londres au rythme effréné, Richard sauve la vie d’une petite fille qui est capable d’ouvrir les portes de tous les mondes auxquels elle pense. Neil Gaiman va ainsi confronter le monde réel à un monde imaginaire, l’En Bas, où les invisibles évoluent loin des codes et enjeux du monde d’En Haut (le nôtre, celui de la perfection bien rythmée). Le personnage de Richard va rapidement être tiraillé entre sa vie d’avant qu’il est obligé de quitter et les rencontres fantasques et attachantes du monde d’En Bas.

Richard va s’ouvrir à un Londres nouveau. Il y découvre un univers où les rats sont vénérés, où ils sont écoutés (parce que, oui, un rat, dans ce monde-là, ça cause aux Parle-aux rats qui traduisent pour les autres !), et où chaque station du Londres d'en haut, correspond à un lieu bien précis du Londres d'en bas, avec sa faune d'êtres tous plus étranges et potentiellement dangereux les uns que les autres... Par exemple Blackfriars prend tout son sens avec les moines noirs qui la peuplent !

Et que dire d’American Gods où d’anciens dieux nordiques ou égyptiens mènent leur baroud d’honneur face aux nouveaux dieux du 21ème siècle comme Internet ou la voiture. Dans le roman (et partiellement dans la série du même nom), Ombre, le mortel qui est le garde du corps et chauffeur du dieu Odin, ne fait que prendre la route pour rencontrer des divinités au style familier, voire ordurier. Très loin de leurs heures de gloire du Moyen-Âge ou de l’Antiquité, ces dieux vivent dans des recoins sombres des Etats-Unis et mènent des vies dépravées, mais toujours fidèles à leur statut divin. Par exemple, Czernobog, dieu slave de la malchance et de la méchanceté, sacrifie symboliquement des bœufs en les tuant à coup de masse, dans une tentative ridicule de retrouver les sacrifices sacrés d’antan.

Avec American Gods, Neil Gaiman pose la question de l’adoration et du sacrifice, que cela soit pour nos nouveaux dieux (argent, Internet…) mais aussi pour les anciens qui n’hésitent pas violer, tuer ou voler pour s’assurer le soutien d’une poignée de fidèles et conserver les bribes de pouvoir qu’ils leur restent…

Je recommande l’œuvre de Neil Gaiman pour un public au-delà de l’adolescence car les histoires sont très souvent sombres et cruelles !

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