Le Hobbit : La Désolation de Smaug sort tout juste dans les salles et si Peter Jackson est l’homme qui a réussi à mettre des images sur la Terre du Milieu, l’univers du Seigneur des Anneaux et son univers vient d’un tout autre cerveau, celui d’un auteur britannique né à la fin du siècle dernier au long nom, John Ronald Reuel Tolkien.
Le petit John naît le 3 janvier 1892 loin de l’Angleterre puisqu’il voit le jour à Bloemfontein, ville perdu de l’État d’Orange en plein cœur de l’Afrique du Sud. Il n’y restera pas longtemps puisque sa mère, Mabel, qui n’arrive pas à se faire à la vie dans l’Hemisphère Sud, décide de retourner dans la fraîcheur de l’Angleterre dès 1895 avec son fils. Malheureusement leur vie bascule à jamais quelques mois plus tard alors que son père Arthur, qui dirige la Banque d’Afrique, décède avant d’avoir pu, lui aussi, retourner au pays.
C’est à cette même période que le jeune John commence à se découvrir une passion pour la nature alors qu’il se promène dans les pâturages qui entourent la maison de ses grand-parents à Birmingham, chez qui il habite avec son petit frère Hilary et sa mère depuis la mort de son père. Très curieux et en avance pour son âge, Tolkien lit beaucoup de livres, notamment les légendes arthuriennes, et aime étudier avec sa mère la botanique mais aussi, ce qui deviendra sa grande passion, la langue, comme le latin, l’allemand et le français. À l’école, Tolkien aime étudier le grec ancien et réussit un tour de force en apprenant seul le vieil anglais.
Le malheur le rattrape rapidement puisque sa mère décède aussi en 1904 des suites de son diabète, il est alors confié avec son jeune frère au père Francis Morgan, prêtre à Birmingham.
À la King’s Edward School, école dans laquelle il obtient une bourse, Tolkien continue ses études et sa passion pour les langues prend un nouveau tournant quand il commence à s’intéresser à la philologie, l’étude de la langue à partir de manuscrits. Et dans cette même école, vers 1908, qu’il fait la connaissance de trois personnes qui vont changer sa vie, Christopher Wiseman et Robert Gilson pour des raisons littéraires, Edith Bratt pour des raisons sentimentales. Il tombe directement amoureux de cette dernière mais le tuteur de Tolkien voit d’un mauvaise œil la relation du jeune homme avec sa camarade, qui venait d’une famille protestante, et le père Morgan ira jusqu’à le menacer d’arrêter ses études pour mettre un point final à cette relation.
Sa passion pour la littérature devient de plus en plus grandissante et il fonde un club littéraire avec ses amis Christopher et Robert, le Tea Club Barrovian Society (T. C. B. S.), bientôt rejoints par un nouveau membre, Geoffrey Smith.
Si Tolkien réussit à décrocher un bourse pour aller étudier à Oxford, le T. C. B. S. ne mourra pas et les amis ne tarderont pas à se revoir. À l’âge de 19 ans, le jeune homme part donc étudier à l’Université d’Oxford où il se spécialise de plus dans la philologie où il étudiera avec des professeurs comme Joseph Wright ou Kenneth Sisam. Mais John Romuald n’a pas oublié son vieil amour et alors qu’il fête sa majorité, deux ans plus tard, il la demande en mariage, ce qu’elle acceptera sans hésitations.
C’est alors que la Première Guerre Mondiale éclate et si il doit partir à la guerre, Tolkien se réunit à Londres avec ses trois amis, membres du T. C. B. S., qui se persuadent de changer la face du monde grâce à leurs talents artistiques. Cette promesse de jeunes hommes insouciants est une illumination pour John qui commence à écrire plus fréquemment et notamment de nombreux poèmes, avant de terminer ses études brillamment. Malheureusement, la guerre est là, tous partiront mais pas tous ne reviendront, dont Robert et Goeffrey qui décèdent au combat. Tolkien est envoyé au front en tant qu’officier de transmission mais il est rapatrié au pays rapidement après être tombé malade. Il ne retournera pas au combat et aura dans la même période son premier fils. Les enfants apparaissent comme une source de bonheur incroyable pour ce jeune homme qui a déjà tant perdu. La naissance de John, prénom de tous les aînés de la famille Tolkien, suit bientôt celle de Michael et Christopher pour finir par une petite fille, Priscilla.
Devenu professeur de vieil anglais à l’université d’Oxford en 1925, après un passage à Leeds, la littérature est toujours plus présente dans sa vie et il décide d’inventer des contes pour le plus grand plaisir de ses enfants. Parmi ces titres, il a l’histoire de Roverandom, l’histoire d’un jouet perdu dans le but de réconforter son fils Michael mais aussi l’aventure d’un être de petit taille dénommé Bilbo et intitulé The Hobbit. Tolkien laisse alors ces textes de côté et se focalise sur sa carrière à l’Université d’Oxford où il a rencontré celui qui deviendra son ami, et l'auteur du Monde de Narnia, C. S. Lewis. Les deux hommes partageront leur amour de la littérature et Lewis sera convaincu du talent d’écrivain de son ami et le poussera à lire ses écrits aux réunions des Inklings, le célèbre club littéraire formé notamment d’Owen Barfield et Hugo Dyson. Mais C. S. ne sera pas le seul à croire en lui puisque Susan Dagnall, une de ses anciennes élèves, le met en relation l’éditeur londonien George Allen & Unwin pour qu’ils publient The Hobbit, ce qui est fait en septembre 1937, presque 10 ans après son écriture. Tout de suite, le succès est retentissant et Tolkien est rapidement approché par sa maison d’édition pour préparer une suite l’aventure de Bilbo. Le professeur accepte et dès lors commence son travail sur le Seigneur des Anneaux.
Mais l’équilibre du monde demeure fragile à la fin des année 30 et Tolkien est personnellement approché par le gouvernement britannique qui lui demandera de rejoindre une cellule spéciale de ses services de renseignements dans le but de percer des messages codés nazis, envoyée à l'aide de la machine Enigma. Bizarrement, l’histoire dit que l’homme a refusé ce poste alors que certains documents tendent à prouver le contraire.
Très croyant, J. R. R. Tolkien n’appréciera guère la présence du tout nouveau membre des Inklings, l’auteur Charles Williams, dangereux à ses yeux pour ses écrits inspiré, selon lui, par le mysticisme et la magie noire. Il commencera aussi à s’éloigner de son grand ami, C. S. Lewis, dont les idéaux religieux s’éloignent peu à peu des siens.
Après avoir finalement bouclé le Seigneur des Anneaux en 1948, il faudra attendre l’année 1954 pour que son œuvre soit finalement éditée sous la forme de trois volumes, la Communauté de l’Anneau, les Deux Tours et le Retour du Roi. Une fois de plus, ces sorties sont de francs succès et le Seigneur des Anneaux aura même l’honneur d’être adapté en série radiophonique un an plus tard. L’argent n’est plus un problème pour Tolkien et il décide de mettre un terme à sa carrière de professeur en 1959.
Et ses livres connaîtront un succès considérable aux États-Unis en se constituant un important lectorat attaché au mouvement hippie, ce qui donne, au passage, lieu à un procès entre lui et l’éditeur américain Ace Books qui l’avait édité sans son accord. L’écrivain commence à cette même période à travailler sur la suite très attendue du Seigneur des Anneaux, le Silmarillion. Ce travail est si long et éprouvant qu’il décide de faire patienter ses fans en leur offrant en 1962, les Aventures de Tom Bombadil et en 1967, Smith de Grand Wooton. Et le Silmarillion prend d’autant plus de temps qu’il participe aux traductions de la Bible de Jérusalem et du Livre de Jonas.
Très vite, Tolkien se sent très oppressé par sa célébrité grandissante et décide de déménager avec sa femme à Bornemouth, une ville balnéaire d’Angleterre en 1968.
Sa femme Edith décède deux ans plus tard alors qu’elle est âgée de 82 ans et elle sera enterré à Oxford où Tolkien décidera de retourner vivre. Le 28 mars 1972, la reine Élisabeth II lui fait l’honneur de le nommer commandeur de l’Ordre de l’Empire britannique.
Et avant de pouvoir terminer le Silmarillion, John Ronald Reuel Tolkien décède à l’hôpital le 2 septembre 1973.
J. R. R. Tolkien est un grand auteur qui a su, dès son plus jeune, âge puisé dans ses passions pour la nature et les écrits anciens pour créer un monde de fantasy riche et a fortement participé à renforcer le genre en devenant le père de la fantasy “moderne” grâce aux succès du Hobbit et du Seigneur des Anneaux, qui résonnent encore dans la culture populaire contemporaine.
