1.
| Optimiser son gameplay et modifier l'interface
Nous vous avons souvent vanté les qualités d'un gameplay nerveux
qui parvient à créer des combats tendus où il faut constamment
réfléchir à son placement. Certains joueurs veulent justement
aller plus loin et, après avoir atteint le haut niveau, beaucoup se
lancent dans ce que les anglo-saxons nomment le Theory crafting.
Cette pratique consiste à optimiser son gameplay en analysant les
statistiques de combat, pour déterminer quels sont les enchaînements
de sorts les plus optimaux. La plupart des joueurs n'abordent pas ces
calculs fastidieux eux-mêmes, mais ont recours à des guides qui
résument très bien quelles compétences et quel équipement choisir
en fonction de votre classe et de votre spécialisation. Sachez que TESO se prête tout à fait à cette approche en raison d'un gameplay
qui permet une grande marge de progression et un système de
compétences qui offre de nombreuses possibilités.

D'ailleurs, si vous avez choisi des compétences
qui ne sont pas adaptées au haut niveau ou que vous souhaitez
changer de style de jeu, vous pouvez réinitialiser vos points grâce
aux autels
situés dans les villes principales de chaque faction.
Voici quelques adresses où il existe des
guides sérieux si vous souhaitez affiner votre gameplay :
En
français :
- TESO
Game Guide
En
anglais :
- ESO
Mastery Guides
- ElderScrollsOnline.info.
Ce site présente l'avantage de posséder une base de données d'objets,
de quêtes, etc.
- Elitist
Jerks. C'est une grosse référence du Theory crafting sur World
of Warcraft. Les guides pour TESO arriveront prochainement.
N'hésitez pas également à parcourir les
forums officiels et les forums de guildes où l'on trouve des
propositions de build (les choix de compétence d'un
personnage) souvent intéressantes. Dans les moteurs de recherche,
utilisez les termes « guide », « compendium »
et « build » afin de trouver votre bonheur.
Dans le premier dossier, nous vous présentions également
l'interface, dont on appréciait l'aspect épuré favorisant
l'exploration, tout en se demandant si elle était adaptée au jeu à
haut niveau. Nous pouvons désormais affirmer qu'en donjon, par
exemple, nous nous en sortons très bien sans mod, dans la mesure où
le combat est surtout une affaire de placement et de réactivité.
C'est donc une histoire de choix, mais si vous souhaitez optimiser
vos déplacements et obtenir davantage de statistiques pendant ou
après les combats, il existe un certain nombre de mods que vous
trouverez notamment grâce aux clients Curse
et Minion.
- Recount
est un mod indispensable pour le Theory Crafting car il permet
d'obtenir pleins d'informations sur les dégâts infligés par votre
personnage lors des combats, les soins reçus, etc.
- WarLegend
HUD est un mod développé par le site WarLegend.net qui permet
notamment d'afficher des informations plus détaillées sur votre
personnage.

Il existe d'autres mods qui améliorent le suivi des quêtes, la
lisibilité de l'interface ou encore le système de craft, mais nous
ne les détaillerons pas car ils ne servent pas à optimiser le
gameplay à haut niveau.
2.
| Les donjons et les rangs vétérans
Lorsque le personnage atteint le niveau 50, il débloque des rangs de
vétéran, c'est à dire des paliers qui évoluent en pratiquant le
contenu PvP ou PvE jusqu'à un maximum de 10 rangs. Différents
contenus de vétéran permettent d'atteindre le dernier rang, donnant
au joueur la possibilité de progresser comme il l'entend, même s'il
y a certains passages obligés pour pouvoir terminer l'histoire.
Lorsque nous avons débuté ce dossier il y a deux semaines, nous
avions prévu de parler des « raids », que nous avons
nommé ainsi par habitude, avant de nous rendre compte que ceux-ci
n'existent tout simplement pas dans TESO. En effet, ce sont les
donjons vétérans qui constituent le challenge ultime dans la
progression de votre personnage. Nous évoquions alors le manque de
difficulté dans les donjons normaux qui se résumaient à foncer de
manière un peu chaotique au milieu des ennemis sans respecter
vraiment les rôles définis (dégâts, tank, soigneur). Les donjons
vétérans sont autrement plus punitifs si l'on y fait n'importe
quoi. Ils
sont au nombre de six et correspondent
à des versions plus difficiles des
donjons normaux dans lesquels vous
découvrez de nouvelles salles, de
nouveaux boss et une histoire qui reprend là où la version bas
niveau l'avait
laissée.
Ces derniers sont plus intéressants car
la difficulté plus élevée amène des combats plus
exigeants, et donc plus méritants, qui
prennent une tournure parfois épique,
même si la construction des donjons souffre toujours du
même problème de level design qui
en limite
l'impact.
En plus des donjons vétérans, les joueurs ayant atteint le niveau
50 ont accès aux quêtes des zones des deux autres factions qui se
débloquent à mesure que les rangs progressent. Lorsque vous abordez
les « versions » vétéran des zones des autres factions,
vous combattez des ennemis plus difficiles à battre. Il est
appréciable de voir un MMO mettre ainsi l'accent sur l'histoire et
l'exploration. Alors même que le personnage a atteint le niveau
maximum et que l'on s'attend à mettre un terme à la dynamique de
progression, TESO ne rompt jamais le lien avec la narration. Cela
permet aussi de toujours pratiquer un gameplay qui continue de
dévoiler ses subtilités face aux ennemis plus difficiles des rangs
vétérans. En revanche, il est dommage que la narration, qui
charpente toute l'expérience de TESO, soit toujours aussi répétitive
et n'atteigne jamais la qualité d'écriture et de mise en scène
que l'on peut trouver par exemple dans The Secret World. Malgré tous
les efforts de scénarisation, elle demeure dans une moyenne,
caractéristique de la plupart des MMORPG.
3.
| Le PvP est riche et scénarisé
Avec un tel travail sur le contenu PvE, sa flopée de quête et sa
scénarisation constante, on aurait pu s'attendre à ce que le PvP se
contente du minimum. C'est loin d'être le cas et Zenimax a réussi à
proposer un contenu équilibré, là où la plupart des MMO ont
tendance à n'en favoriser qu'un seul.
Précisons d'emblée que le studio a tenu à séparer le PvP du PvE.
Il n'y a donc pas du tout de PvP sauvage dans les zones de quêtes,
puisque tout est centralisé sur la gigantesque Cyrodiil, véritable
point de convergence des trois factions, où se joue une bataille
épique pour le contrôle de la Cité Impériale.
Dès le niveau 10, les joueurs peuvent rejoindre une campagne PvP en
s'inscrivant sur l'un des dix serveurs auxquels ils resteront liés
pendant 90 jours. Durant cette période, les factions vont se
disputer des points clés, des forts, tenter de progresser dans le
territoire ennemi tout en protégeant le leur, etc. En prenant des
objectifs et en combattant entre eux, les joueurs gagnent des points
de rangs PvP qui servent à acheter des engins de siège, des
améliorations de forteresse, etc. De nombreuses autres subtilités
font du PvP / RvR (Royaume contre Royaume) de TESO, l'un des plus
intéressants du genre.
L'assaut et la défense des forteresses sont les moments les plus
réussis, qui donnent parfois des combats épiques pour peu que les
joueurs s'organisent un minimum. Les explosions fusent, les
catapultes pilonnent, les joueurs se lancent à l'assaut de la porte
qui commence à céder, etc. Le gameplay, déjà riche en PvE,
nécessite un temps d'apprentissage pour s'habituer à la réactivité
du joueur humain. Il n'est pas impossible de contourner seul un champ
de bataille pour aller tendre une embuscade à un ennemi isolé, tout
comme on peut décider de mener un assaut groupé à quatre joueurs
ou plus. On retrouve alors un gameplay nerveux, plus intéressant
encore qu'en PvE, car il faut constamment lire la tactique adverse
pour approcher les groupes ennemis, tout en étant pressé par le
rythme effréné imposé par les joueurs.
Une réelle alchimie opère dans cette formule très fine allant de
l'escarmouche à la grosse bataille rangée. Tout cela repose
essentiellement sur le gameplay et sur un système de contrôle de
territoire bien pensé. Sur cette base solide, vient se greffer une
composante narrative, conformément à la politique de Zenimax qui a
souhaité tout scénariser. Les PNJ proposent en effet de nombreuses
quêtes PvP, qui peuvent d'ailleurs servir aux joueurs ayant atteint
le niveau 50 à monter leurs rangs vétéran. À pratiquer sans
modération.
4.
| Le craft est classique, bien pensé mais...
Disponible dès les premiers niveaux, les métiers se présentent
sous la forme de branches qui évoluent de la même manière que les
compétences de combat, de race, de culture, de guilde, etc. C'est
donc en craftant (qu'on devient crafteron ?) qu'on augmente nos
rangs jusqu'au 50 et qu'on débloque des paliers. Au fur et à
mesure de ces paliers, il faut dépenser des points de compétence
pour améliorer ses métiers.
TESO en compte six. L'alchimie permet de créer des potions, la
couture de
l'équipement en tissu et en cuir,
l'enchantement des glyphes
d'amélioration d'objets, la forge des
armures lourdes et des armes en métal, le "provisionnement" (la cuisine) de la nourriture
et le travail du bois des armes en bois
et des boucliers. Chaque métier
comprend une partie qui consiste à récolter les matières premières
dans les coffres, les barils, sur les ennemis ou dans la nature. On
peut ensuite fabriquer des objets consommables ou des pièces
d'équipement, les déconstruire pour récupérer des matériaux, ou
les améliorer grâce aux ateliers présents dans les villes. Les
métiers grâce auxquels on fabrique de l'équipement fonctionnent
tous sur une base commune, avec les matériaux de style qui
permettent de créer
des pièces dans l'esthétique
de chaque race. C'est une considération cosmétique plutôt
sympathique qui rappelle tout l'attachement des développeurs à
restituer l'univers The Elder Scrolls dans
son design, son style, son architecture, etc.
Comme nous vous le disions déjà, il n'est pas franchement utile de
fabriquer son propre équipement ni même de l'enchanter pendant la montée
du personnage, car on trouve régulièrement des pièces plus
puissantes sur les ennemis et dans les donjons. À haut niveau, en
revanche, le craft prend tout son sens puisqu'il permet d'optimiser
son équipement en ciblant des statistiques particulières qu'on ne
trouve pas forcément sur les pièces gagnées en donjon. Par
ailleurs, cela alimente le commerce entre les joueurs qui vendent
l'équipement de haut niveau dans les boutiques des guildes,
s'assurant des revenus intéressants.
Le craft n'est pas mal pensé, c'est juste la partie un peu
routinière et monotone que l'on retrouve dans tous MMO. Zenimax
Online n'a pas cherché à innover du côté du craft, qu'il aurait
pu rendre dynamique par exemple, à l'image
d'Everquest
II où il
est pensé comme un combat, nécessitant de réagir, de lancer des
sorts, etc. Mais on ne peut pas vraiment le reprocher à un MMO qui a
le mérite de se concentrer sur la narration, un des éléments forts
d'une expérience dans un jeu vidéo, bien plus important que le
système de craft.
5.
| … symptomatique d'un genre qui plafonne
On regrette que TESO ne cherche pas plus à innover, à briser le
cahier des charges traditionnel du genre roi de ces dernières
années. Il le fait un peu en assumant une interface à des années
lumières de ce qui se fait habituellement, et surtout en proposant
une approche inédite de la narration qui veut scénariser tous les
aspects du jeu. Mais toutes ces évolutions restent timides et elles
opèrent dans un cadre de MMO classique, ce qui n'est pas surprenant
car on imagine que les éditeurs n'ont pas souhaité prendre de
risque sur un marché très codifié.
C'est un sentiment présent dans de nombreux MMO, qui donne ce côté
fan service, de jeu fast-food, se dispersant en une multitude
d'objectifs et de « mini-jeux ». On a alors l'impression
de jouer à jeu construit sur un collage d'éléments qui allongent
artificiellement la durée de vie. L'expérience devient frustrante
car avec une telle dispersion, les MMO échouent à raconter et
mettre en scène un parcours et une histoire. C'est d'autant plus
frustrant qu'on a souvent le sentiment étrange que le jeu a peut-être
alors raté une vocation solo. C'est un problème inhérent au genre
du MMO dont certains parviennent parfois à s'extirper grâce à un level design réussi. C'est notamment le cas de The Secret World que
nous n'avons pas arrêté de citer, car l'agencement des zones et son univers Lovecraft sont tellement évocateurs, que le décor lui-même
paraît toujours nous raconter une histoire (voir l'illustration ci-dessous). TESO, en revanche, n'y
parvient pas.
Il ne faut pas snober le genre pour autant, car sa promesse de jeu
massivement en ligne est fantastique. Mener à plusieurs des combats
épiques, vivre une histoire en coopération ou contre les autres
joueurs apporte une expérience nouvelle par rapport aux jeux
multijoueurs en arènes. Il faudra juste du temps pour que le genre,
déjà capable de créer des combats mémorables, trouve sa propre
manière de raconter une histoire à plusieurs.
6.
| Du contenu à venir : les zones d'aventures, les épreuves, etc.
Après
cette digression nécessaire sur le MMO, terminons sur l'avenir de
TESO qui, à défaut de révolutionner le genre, promet au moins d'être riche
en contenu. Le 1er
mai dernier, Matt Firor, le directeur du
jeu, s'exprimait
sur « ce qui nous attend » dans TESO.
Nous
retenons
surtout l'arrivée de la première zone d'aventure nommée Raidelorn.
Il s'agit d'un ensemble
de contenus pour
les joueurs vétérans qui permettra
notamment d'atteindre le rang 12. Une nouvelle histoire lancera les vétérans dans des donjons pour quatre
joueurs, ainsi que des épreuves pour douze
joueurs. On attend avec impatience ces défis afin de tester pour la
première fois l'expérience PvE avec de grands groupes de
raids. En
attendant Raidelorn, qui
devrait arriver très prochainement avec le patch 1.1, vous pouvez avoir un premier aperçu de la zone grâce à
la carte
interactive disponible sur le site officiel.
L'arène Dragonastre, conçue pour des groupes PvE de quatre joueurs est
également prévue dans une mise à jour ultérieure, l'occasion de
renouer avec un autre élément traditionnel de l'univers The Elder
Scrolls. On imagine que des extensions, ajoutant des zones connues issues
des opus précédents, verront le jour si le jeu parvient à être
rentable, ce qui semble bien partie pour le moment compte tenu du
nombre de joueurs.
Notre
dossier s'achève après cette expérience que nous avons menée
pendant un mois dans TESO pour vous livrer notre avis détaillé sur
le jeu. Dans les prochains jours, nous publierons une critique qui
reprendra de manière plus synthétique tous les points abordés,
tous les aspects forts d'un MMO qui, en dépit d'un gameplay
intéressant et d'un univers riche, n'a pas su complètement nous
enchanter.