1.
| 5. Gremlins
Allez, on commence avec un facile. Un qui ne nous a pas trop torturé notre mémoire vaporeuse. Un qui file facile le fil narratif de Noël. Il est estampillé feu dans la cheminée et chaussettes en laine. Gremlins, puisque c'est de ce film de Joe Dante dont il s'agit, débute quelques jours avant l'anniversaire du petit Jésus. Histoire de mêler Noël et arrivée du merveilleux avec un Mogwaï, une créature étrange. Trois règles : ne pas l'exposer à la lumière, ne pas le mouiller et surtout, surtout, ne pas le nourrir après minuit. Zach, son nouvel acquéreur est gentil, mais un peu gauche, il va faire les trois.
Là, le merveilleux tourne au cauchemar. Le vrai qui gratte vos globes oculaires quand vous vous couchez. Les Gremlins. Créatures reptiliennes dont le seul mot d'ordre est de répandre le chaos et la désolation. Des dents comme des serpes et des griffes qui semblent tout à fait capable de vous faire ce que la dinde à subi la veille. Tout ça rendu réel par des marionnettes qui en cette année 1984 étaient les plus criantes de vie que nous ayons eus le déplaisir de voir.
Pourtant, comme c'est un film de Noël, le happy end pointe ses gros sabots et nous donne une nouvelle dose de courage qui consiste régulièrement à tanner les figures parentales pour organiser une sortie dans la neige. Un film qui nous apprenait à combattre les monstres, tout en les montrant sous le plus affreux visage.
2.
| 4. Un Jour sans Fin
En préambule de ce dossier, nous évoquions le temps qui s'arrête. C'est exactement ce qui arrive à Bill Murray. Du moins à son personnage de Phil Connors dans Un Jour sans Fin, film de Harold Ramis (Mafia Blues, L'An 1 : Des Débuts Difficiles) sorti en 1993. Ce présentateur météo de Pittsburgh misanthrope et aigri va se retrouver bloqué dans une petite bourgade de Pennsylvanie pendant le Jour de la Marmotte. L'intervention du merveilleux se manifeste quand ce jour maudit pour Phil va se répéter sans cesse. Se terminant à coup sûr, démarrant irrémédiablement au réveil du matin.
Voir se répéter sans cesse un laps de temps où il se passe strictement toujours la même chose pourrait être lassant. Sauf Bill Murray. Sauf le délire où l'emmène un scénario complice avec le spectateur. L'acteur porte la comédie dépressive comme une seconde peau. Il s'épanouit dans ce film comme s'il était chez lui et livre la prestation juste. Qui est relevée par la présence d'Andie MacDowell qui lui donne une réplique cristalline.
L'histoire file douce-amère, entre dépression et moment de pure rigolade. Puis peu à peu, c'est la joie qui semble l'emporter, quand le héros, suivant la morale nécessaire à un conte de Noël, s'ouvre aux autres et retrouve le goût à la vie. Le merveilleux s'évapore et le temps se réveille à nouveau quand, porté un solide sens de la bonté, le héros a enfin avancé dans la vie. C'est beau. C'est con. Mais on pleure.
3.
| 3. Edward aux Mains d'Argent
Dans ce Top 5, nous ne pouvions définitivement pas nous passer de Tim Burton. La coiffure la plus inquiétante d'Hollywood est le spécialiste du conte de Noël. Sa meilleure réalisation dans le genre reste, malgré les tentatives répétées pour l'égaler, Edward Aux Mains d'Argent. Le film qui a révélé définitivement un Johnny Depp qui malheureusement aura du mal à quitter ce rôle. Confirmant aussi que Burton était un amoureux du baroque et qu'il s'en portait pas plus mal.
Empruntant beaucoup au chef-œuvre de Mary Shelley, l'histoire prend les formes d'un conte philosophique où le fameux Edward figure un Candide moderne qui aura été rendu muet dans ce monde trop bruyant. C'est une débauche graphique que nous sert Tim Burton, ce n'est plus un film qu'il nous réalise, mais un gâteau. L'américain, celui avec plein de sucre coloré et débordant de crème. Il fait glisser son film en dissociant la forme et le fond, la cruauté sous des couleurs chatoyantes.
Ce qu'a bien compris Burton, c'est que le conte philosophique se finit mal, le héros survit, pour qu'il grandisse de son expérience, mais il perd souvent ce qu'il a aimé. Ici, Kim, interprétée par une Wynona Ryder tout aussi juste que dans Beetlejuice. Les histoires les plus marquantes sont celles qui se finissent mal, on apprend avec le héros. Ce film est cruel, mais si beau qu'on le garde avec soi, en soi.
4.
| 2. L'Histoire sans Fin
Avec Noël, un bon bout d'imaginaire s'accroche forcément un peu au pain d'épice, aux frères Grimm, là, de l'autre côté du Rhin. Tant mieux, c'est Wolfgang Petersen qui nous apporte son esprit de Noël (grâce aux sous américains quand même). Avant que la démesure de Troie lui monte à la tête, il réalise un pur film de fantasy, tout ce qu'il y a de plus teuton dans la construction, et nous emmène loin à bord d'un dragon, mais poilu s'il vous plait, parce qu'il fallait que ce soit fait avec style et décalage.
Décalage entre la réalité et la fiction aussi, entre les mondes de Bastien et Atreyu. Un grimoire magique permet de faire le lien. Magie, le meilleur prétexte universel quand tu dois justifier la cohérence. Plus de limites, le merveilleux est libres pieds, leste en imagination et fertile en image. Les yeux deviennent des boutons de fleurs devant ce film, s'ouvrant au fur et à mesure qu'il se complait dans une orgie d'imagination en roue libre.
Et oui, la raison pour lesquelles les contes allemands sont les plus grands, c'est qu'ils osent sans restriction à monter dans l'épique. Le pays de Siegfried n'a pas honte de l'héroïsme et de la grandeur. L'univers qui s'ouvre devant nous est immense et nous aurions rêvé de pouvoir être dans la peau de Bastien, de pouvoir parcourir ce monde qui semblait si riche à explorer, qui était parsemé de mystères que nous nous promettions de découvrir. Grâce à ce film, on a voyagé. Ah oui, parce qu'en plus, Giorgio Moroder s'occupait de la musique, histoire de nous achever.
5.
| 1. Willow
Désolé, il fallait bien qu'on parle de George Lucas à un moment. Non, ne fuyez pas, ce n'est pas une nouvelle rumeur sur Star Wars VII. Non, c'est un film qu'il a écrit et produit, et que le trop sous-estimé Ron Howard a réalisé. Un film qui a montré qu'ILM, c'était quand même un peu eux les boss en fait. Un film, où, ben en fait ça fait tellement vrai que c'en est dérangeant. Un film qui a montré une fantasy assumée et qui avait du répondant.
C'est aussi un film où Val Kilmer tient le premier rôle. Vous allez vous enfuir toutes les deux minutes ? Non, parce qu'en plus, il est bon là-dedans, plutôt. C'est pas si grave de toute façon puisque ce n'est pas lui le moteur de l'histoire en fait, mais bien Warwick Davis, celui qui a interprété un ewok dans Le Retour du Jedi et dans L'Aventure des Ewoks (c'est bon, on t'a cité deux fois, tu nous pardonnes maintenant ?). Il est l'incarnation de la malice, du personnage étrange que l'on toujours du mal à saisir, l'Arlequin, Caracole et fil au vent.
Il évolue dans un monde à sa mesure. Qui part dans tous les sens, à l'idée qui saura se faire une place sur cette carte anarchique. Un monde rendu possible par une toute nouvelle technologie de morphing inventée par ILM. Oui, ce fut un échec, oui la mode de la fantasy était passée depuis un moment et Krull ramasse encore ses dents pour le prouver, mais c'était là un film rempli d'une richesse d'émotions et d'un goût sincère pour le conte merveilleux.