1.
| Avant-Propos : la continuité
Même si le film s'appelle pour le moment Alien 5, un chiffre qui a tôt fait de suggérer l'ancienneté de la licence, le futur film de Neill Blomkamp a des airs d'anomalies à Hollywood. En effet, ce nouveau métrage se permettra d'annuler les troisième et quatrième opus de la franchise, respectivement réalisés par David Fincher et Jean-Pierre Jeunet.
Avec ce nouveau film, Alien s'initie ainsi à la continuité rétroactive, ou Retcon, afin de reprendre sur des bases plus prolifiques. Et malgré tout l'amour que je porte aux films de Fincher et Jeunet, il est vrai que l'expansion qu'ils faisaient de l'univers Alien débordait d'audace : mort de Newt et du Caporal Hicks, survie, sacrifice puis résurrection de Ripley... Les deux réalisateurs n'y avaient pas été de main morte.
A l'heure où Hollywood veut capitaliser sur les licences et revenir sur un rythme de développement plus lent et moins engagé - à mon sens inspiré par la réussite du modèle Marvel Studios - faire disparaître ces deux opus paraît donc pertinent. Du moins, d'un point de vue marketing. Mais puisque c'est lui qui dicte sa loi pour le moment, nous allons jouer avec ses règles et imaginer un film qui prolongerait le Aliens de James Cameron et permettrait à la 20th Century Fox d'étendre à nouveau la licence, sans tomber dans la paresse d'un Jurassic World ou d'un Terminator : Genisys.
Pour se faire, et comme c'est souvent le cas à Hollywood, nous repartirons d'un des premiers scénarios envisagés pour Alien 3, qui avait été écrit par l'auteur de Cyberpunk William Gibson, et qui voyait le Sulaco (le vaisseau d'Aliens) et ses passagers (Ripley, Hicks et Newt) être récupérés par l'Union of Progressive Peoples (L'Union des Peuples Progressifs, ou U.P.P). Un film en forme de métaphore sur la Guerre Froide, dans laquelle l'arme atomique se voit remplacée par le Xénomorphe, que Ridley Scott lui-même décrit comme une arme bactériologique. La boucle est bouclée, et ce contexte socio-politique serait un prisme parfaitement adapté aux idées de Blomkamp, qui développe des récits sur fond de lutte des classes depuis District 9.
2.
| Scénario
Puisque nous n'avions pas à détailler le choix d'un réalisateur pour ce nouvel opus de la chronique, je me suis permis de développer d'avantage le scénario, ici détaillé sous forme d'actes, et non d'un simple synopsis. Avec un peu de chance, il saura piquer votre curiosité :
Acte 1
Déviant dans l'espace, les rescapés d'Aliens, que sont Ripley, le Caporal Hicks et la jeune Newt, sont récupérés par l'Union of Progressive Peoples alors que Sulaco rentre en orbite de l'une de leurs colonies. On réveille doucement les trois passagers, en leur expliquant qu'ils ont dormi de très longues années dans l'espace. Ce qui a altéré l'âge de Ripley et Hicks, tandis que Newt, encore toute jeune, a à peine changé. On présente aux survivants les principes de vie de l'U.P.P, une colonie qui a fait sécession avec la Terre et l'influence grandissante de ses corporations, dont la Weyland-Yutani. L'U.P.P est une société égalitaire et collectiviste, qui a accueilli, au fil des années, les laissés pour compte de la Terre, et des réfugiés extra-terrestres, espèces intelligentes chassées ou exterminées par les Colonial Marines.
Ripley et les siens ne se laissent pas séduire par la propagande du lieu, et suggèrent à son leader, une ancienne politicienne, de se débarrasser du Sulaco, sans lui expliquer pourquoi. En preuve de bonne foi, le leader annonce la destruction d'un vaisseau, mais dans l'ombre, elle ordonne à l'un de ses lieutenants de le maintenir en quarantaine. On apprend progressivement que le bâtiment contient des œufs et/ou des facehuggers. Se méfiant de l'U.P.P, les trois survivants cherchent à préparer leur fuite quand survient l'attaque d'un navire de guerre. Qui attaque le complexe où sont accueillis Ripley et les siens.
Acte 2
Le navire qui prend d'assaut le complexe et ses troupes s'empare des restes du Sulaco devant les yeux de Ripley, qui face la menace potentielle, décide de poursuivre l'assaillant qui fuit avec le butin. Accompagné d'un commando de l'U.P.P dirigé par le lieutenant susnommé et de ses deux fidèles, elle se lance à la poursuite du navire. Après une courte bataille spatiale, elle est capturée par l'équipage du vaisseau, une bande de pirates et de mercenaires, humains et extra-terrestres, qui les font prisonniers et immédiatement choisissent d'ouvrir les portes du Sulaco. On retrouve alors l'ambiance du premier film avec un survival au cœur d'un vaisseau spatial. Les facehuggers s'emparent des corps des pirates et donnent naissance à une nouvelle génération de Xénomorphes plus exotiques et dangereux encore. Seuls Ripley, Hicks, un jeune pirate et une poignée de membres de l'U.P.P parviennent à survivre dans l'horreur du vaisseau alors que celui-ci est escorté vers une étonnante station spatiale.
Acte 3
Sous ses airs de havre de paix, cette installation à la dérive est un laboratoire secret de la Weyland-Yutani, qui depuis des années, expérimente sur les espèces extra-terrestres et tente de mettre la main sur un joyau : le Xénomoprhes. Des mercenaires d'élite de la Weyland éliminent les Xénomorphes les plus impétueux et conduisent les survivants devant le chef de l'installation, un pur savant fou. Son objectif était de créer un petit écosystème en employant les pirates dans cette mission, et ils ne l'ont pas déçu. Le voilà propriétaire de dizaines de Xénomorphes et de Ripley et ses fidèles, dont les connaissances sont précieuses. Seulement, le savant n'avait pas prévu que les troupes de l'U.P.P s'introduiraient à bord. La colonie rejoint très vite la station spatiale pour libérer les prisonniers. Dans le chaos de cette grande bataille, on retrouvera :
Des Xénomorphes en pagaille, opposés aux troupes de la Weyland et de l'U.P.P, le lieutenant zélé de cette organisation qui cherche à s'emparer des Aliens, et Ripley et les siens, qui cherchent à faire sauter la station. Ils trouveront chez la leader de l'U.P.P une aide inattendue : convaincue par le danger des Xénomorphes, elle aide Ripley dans sa quête. Mais il n'y a qu'une solution pour y parvenir. Rester à bord et faire s'écraser la station sur une planète ! Ripley se sacrifie, tandis que l'U.P.P fait face à un petit coup d'état. Hicks décide de faire cavalier seul et profite de la confusion pour s'emparer d'un vaisseau pour mettre Newt à l'abri.
Acte 4 / Scène post-générique
Le film se termine sur une note douce-amère. Newt somme Hicks de rejoindre la planète où la station s'est écrasée, pour confirmer la mort de Ripley. Ils se retrouvent brièvement à la surface du monde, constatant qu'il ne reste plus rien du cauchemar de Ripley et du rêve de la Weyland-Yutani. Rien, ou presque... Evidemment. Une suite pourrait explorer le destin de Newt, avec Hicks en guise de mentor.
3.
| Direction Artistique
Si vous avez bien lu la catégorie précédente, vous êtes sans doute déjà chargés d'interrogations ou d'insultes. Aussi, permettez-moi de revenir sur mes idées avec quelques éléments visuels, qui préciserons ma pensée :
Union of Progressive People
Je pense qu'il y a dans l'idée d'un bloc soviétique de l'espace une saveur tout à fait rétro-futuriste qui convient parfaitement à Alien et l'un de ses concepts, le futur usé, que Ridley Scott avait d'ailleurs bafoué dans Prometheus. On pourrait, avec cette idée, imaginer une société plus régressive encore dans sa technologie du futur. Mais aussi dans sa mode vestimentaire, son architecture, etc. Sans partir forcément dans quelque chose de rouge ou de coloré, qui ne correspondrait pas tellement à l'esthétique Alien. En termes d'inspiration, on pourra jeter un œil au Red Blok du jeu de figurines AT-43 et ses soviétiques délicieusement uchroniques.
Les espèces extra-terrestres
Sacrilège ou non ? Finalement, l'univers Alien n'a jamais statué quant à l'existence ou non d'autres espèces intelligentes. On a bien les Space Jockeys du premier Alien (ou les Ingénieurs de Prometheus), et quelques crossovers avec Predator, mais rien de plus. Pourtant, au regard des technologies et des noms employés par la franchise (dont les "colonial marines") la présence d'autres espèces ne me paraît plus si incohérente. Sans aller vers du shinny et de l'exotique, on pourrait ainsi imaginer des espèces humanoïdes qui amèneraient un peu de variété à l'ensemble, et étendraient assez bien la mythologie Alien. Et un caméo de Predator ou des "Crevettes" de District 9 pourrait même être envisageable !
Les pirates
Le mot peut choquer. Alors précisions tout de suite qu'il ne s'agirait pas de pirates de l'espace façon Albator ou La Planète au Trésor. Mais plutôt une version recyclée et destroy de ce que nous voyons chez les hommes et femmes en armes de la saga. Un peu comme la bande d'Alien : Resurrection. Avec cette fois un peu de couleur et d'exotisme, justifiés par l'aspect "piraterie" de la bande. Technologies et vêtements loufoques seraient de la partie. Ainsi que quelques espèces extra-terrestres ou mutantes ! On pourra se lâcher, dans le sens où ces pirates, excepté l'un de leurs membres, ne sont pas sensés survire à cette aventure !
Les nouveaux Xénomorphes
Un aspect essentiel de la saga Alien et le renouvellement de son bestiaire. Pour frapper un grand coup, l'éprouvette du navire pirate et de son équipage sera parfaite. On peut imaginer des mutants à la peau telle une carapace donnant des Xénomorphes durs à cuire, d'autres dotés d'armes biologiques, d'ailes etc... Il faudra doser habilement les nouveautés, mais cet élément scénaristique permettra à Blomkamp et ses artistes de créer un nouveau bestiaire aussi ludique que marquant. Pour trouver l'inspiration, on ira voir du côté de Warhammer 40.000 et de ses Tyranides très Gigeriens, de toute manière, et dont la variété d'espèces saura influencer, dans le bon sens, le film. Les univers d'Alien et du jeu de figurines de Games Workshop sont d'ailleurs très similaires, dans leur approche du futur.
4.
| Casting
Pour terminer, voici un aperçu de ce que serait le casting de ce cinquième opus, qui se bâtira sur le charisme de Sigourney Weaver dans le rôle de Ripley, bien sûr, et celui de Michael Bihen dans le rôle du Caporal Hicks.
Newt - Raffey Cassidy
Du haut de ses treize ans, Raffey Cassidy a l'âge parfait pour incarner la jeune Newt. Et les capacités pour développer ce personnage mutique de l'Aliens de James Cameron, comme elle l'a prouvé dans le Tomorrowland de Brad Bird. Enjouée et talentueuse, la jeune britannique pourrait grandir avec ce personnage, et dans une optique de développement de franchise, devenir le futur lead des films Alien. Je pense que l'actrice a les capacités et le charisme pour, et symboliquement, Newt étant la fille que Ripley n'a pas pu connaître, l'idée est intéressante - elle bouclerait d'ailleurs la boucle du jeu-vidéo Alien : Isolation qui mettait également en scène la fille, biologique cette fois, de Ripley, Amanda.
Leader de l'U.P.P - Meryl Streep
On aurait bien choisi Jodie Foster, mais elle incarnait déjà un leader politique dans Elysium. On aurait bien choisi Glenn Close, mais elle est déjà occupée du côté de la science-fiction par Marvel, avec Guardians of the Galaxy. On aurait bien choisi Cate Blanchett, mais elle nous a déjà gratifié d'un rôle de communiste dans le dernier Indiana Jones, qu'on essaie tous d'oublier. Au même niveau de talent et de charisme, on retrouve Meryl Streep, qui viendrait casser son image dans un film de science-fiction sombre et angoissant.
Pirate - Michael B.Jordan
Etoile montante malgré le plomb dans l'aile qu'est Fantastic Four, Michael B.Jordan pourrait facilement incarner un pirate en quête de gloriole dépassé par les événements. Leader en devenir, il apprendrait beaucoup de Ripley et des siens, pour devenir l'un de leurs futurs alliés aussi badass que cool.
Capitaine des Pirates - Sharlto Copley
Peux-ton imaginer un film de Neill Blomkamp sans Sharlto Copley. Assurément non. Avec son accent tranchant et sa vraie gueule, l'acteur sud-africain pourrait donner un charisme instantané au chef des pirates. Le dindon de la farce de cet épisode, doublé par la Weyland, défié par Ripley, et étripé par les Aliens. De l'humour méta, à l'échelle de filmographie de Blomkamp !