Chaque année, les Utopiales organisent une compétition internationale de courts métrages aux termes de laquelle différents titres sont remis par le jury, mais également par le vote des spectateurs.
Nouveauté cette année, Canal + est partenaire de l'évènement. Et si Vincent Bolloré n'en a surement pas eu écho, cette collaboration permettra à l'un des courts d'être acheté par la chaine et de bénéficier de diffusion ainsi que de promotion de la part de cette dernière.
Nous vous proposons aujourd'hui de revenir sur l'ensemble de la programmation, session par session, en vous délivrant nos impressions, nos coups de coeur mais également le référencement de ceux disponibles sur la toile.
1
- Session 1 - 79'
2
- Session 2 - 84'
3
- Session 3 - 92'
4
- Palmarès
1.
| Session 1 - 79'
L'intitulé des sessions de courts métrages n'a rien de bien mystérieux, il s'agit en fait que du temps cumulé des différentes projections.
Avant - Arthur Tabuteau - 13'
Financé grâce à une campagne Ulule, Avant était dévoilé en première française en ouverture de la compétition internationale de courts métrages. Le court met en scène Yanis Richard, un petit enfant livré à lui même dans un monde où l'Homme et les machines sont en guerre. Visiblement ces dernières ont pris le dessus et l'espèce humaine n'est plus que du gibier. C'est dans ce contexte que cet enfant va faire la rencontre d'un robot avec lequel il tissera une relation particulière et éphémère, laissant entrevoir une alternative à leurs conditions respectives.
Un bon moment passé en compagnie de ces deux personnages qui cristallisent les relations difficiles pouvant se développer en temps de guerre.
Becoming One - Tom Haig - 3'
Clairement notre coup de coeur de la journée. Le réalisateur anglais met en lumière la perversité de notre société sur-connectée en y développant le rapport entre individualité et connectivité. Avec l'apparition et l'évolution constante de solutions proposant et calculant en amont nos moindres questionnement pour y répondre avant même que nous nous interrogions, Becoming One soulève la question d'un tel système et de son aboutissement.
"And what if, in becoming one, we're becoming nothing ?"
The Looking Planet - Eric Anderson - 16'
Diffusé dans de très nombreux festivals à travers le monde, The Looking Planet a posé ses bagages aux Utopiales, le temps d'un week-end, afin de se dévoiler pour la première fois au public français. On y suit un ingénieur du cosmos, créateur de systèmes solaires au travers de la galaxie, et responsable de la présence de la Lune autour de notre planète.
Techniquement très ambitieux, il souffre de quelques soucis de finition, à commencer par des ralentissements d'images, des rendus 3D pas toujours très propres, mais également d'oublis en post prod' (apparitions furtives de marqueurs de montage).
Il n'en reste pas moins un impressionnant travail truffé de références et de bon goût. Les transitions Movie Maker qui rappelleront le travail d'un certain George Lucas, la présence de spirale d'or sur les plans de construction... de quoi donner un aperçu des influences du réalisateur.
100001 - Fabio Palmieri - 11'
Très certainement le court métrage que l'on aura le moins apprécié. En effet, cette production italienne dérangeante, vous happe et ne vous lâche pas durant une dizaine de minutes. Mettant en scène une femme dans un ascenseur s'emballant jusqu'au 100 0001ème étage, seul un bruit assourdissant vous accompagnera dans cette expérience étrange..
Deep Space - Bruno Tondeur - 7'
Quand Brandon est envoyé en mission pour la première fois par son Her Commander, il doit trouver une espèce intelligente au travers la galaxie. Ce qu'il ne semble pas prévoir, c'est le temps que cela va lui prendre. Un temps long, loin de sa femme et de son enfant laissés sur sa terre natale aux cotés du Herr Commander. Un temps long, loin de la chaleur des rapports charnels, loin de la tendresse, mais en compagnie d'extraterrestres en tout genre...
Complètement déjanté, ce court métrage belge aura fait rire toute la salle de projection des Utopiales. Un excellent moment gratifié par la réalisation tout en dessin des aventures de ce pauvre Brandon.
Dark Was The Night - Sam McMullen - 18'
Présenté au public français pour la première fois, Dark Was The Night renfermait son lot de surprises.
Parfaite allégorie du coma d'un père et d'une fille, enfermés dans un vaisseau spatial, suite à un terrible accident de voiture, ce court métrage anglais était l'occasion de découvrir Daisy Waterstone, jeune actrice dont le futur semble tout dessiné dans le cinéma tant elle en impose à l'écran.
Bénéficiant d'une réalisation sublime, il est un autre coup de coeur de la rédaction.
Juliet - Marc-Henri Boulier - 11'
"Non mais de toute façon mon choix est déjà fait" ou encore "Finalement, j'ai bien fait de rester jusqu'à la fin" sont deux phrases sorties de la bouche de la même personne ayant assistée à la projection de Juliet.
Dernière projection de cette première session de court métrage, Juliet est reparti des Utopiales avec le prix du public, rien que ça. Marc-Henri Boulier y imagine comment le monde pourrait être transformé grâce à l'évolution des sex-toys, devenant des androïds de l'amour, avant de prendre le contrôle de nos vies, la faute à une compagnie avide de profits (dont le design rappel une certaine pomme croquée). Déroulé à travers une réalisation intelligente, Juliet alterne les plans d'interviews, de publicités ou encore de moment de la vie en compagnie de ces nouveaux objets de plaisir, avant de nous mettre face aux dérives et conséquences en découlant.
Vous l'aurez compris, Juliet était l'un des courts métrages à voir absolument !
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2.
| Session 2 - 84'
C'est parfaitement installé dans la salle Dune de la Cité des Congrès nantaise que nous démarrions cette seconde séance de courts métrages durant le second jour des Utopiales.
The Shaman - Marco Kalantari - 17'
Prenant place en 2204, cette production autrichienne met en scène un monde où les machines et les hommes se livrent une guerre sans merci. Ces dernières possèdent à présent une âme, et c'est elle que les Shamans sont chargés de combattre en s'infiltrant dans l'autre monde. Seul problème, c'est par la parole et la rhétorique que les humains devront prendre le dessus sur les machines.
D'une beauté toute singulière, The Shaman est un autre coup de coeur de la rédaction grâce à une réalisation léchée et des moyens humains (beaucoup de figurants et de décors créés) conséquents.
Sumsing - Martin Rahmlow - 4'
Entièrement réalisée en images numériques, Sumsing est l'illustration d'un corps vivant reprenant le dessus sur les rouages des machines. Accompagné tout du long par une bande son tribale, ce court métrage allemand ressemble à un clip et n'aura pas fait l'unanimité dans la salle.
The Lost City of Tommorow - Auden Bui - 15'
Financé grâce à un kickstarter l'année dernière, The Lost City of Tomorrow a été terminé le lundi précédent sa diffusion aux Utopiales. C'est pourquoi la qualité de certains rendus 3D, ou encore des déperditions de son, s'en sont fait ressentir.
Outre ces finitions produites dans l'urgence, The Lost City Of Tommorrow était un (quasi) sans faute, faisant ainsi de lui, le court métrage le plus frustrant de cette compétition.
On y suit Frank Wilhoughby,
un employé chargé de couper une station d'archives cinématographiques. Ayant une vie pour le moins vide et dénué de sens, sa rencontre avec un androïde, s'étant nourrie de ces archives durant de nombreuses années, va lui changer la vie.
Touchant dans son propos, ce court métrage américain est porté par Lucas Lind, autre nom à retenir de cette édition 2015. Très juste dans son interprétation, l'acteur vous transportera dès ses premiers mots, à l'inverse d'un Jon Peterson, deuxième partie de ce tandem, bien trop en deçà.
Clones - Rafael Bolliger - 14'
Autre coup de coeur, Clones nous vient tout droit de Suisse. Premier court métrage à aborder le transfert de conscience, thème qui sera repris par deux autres productions de la troisième session de projection.
Techniquement bluffant, cette production signée Rafael Bolliger vous plongera dans une station spatiale à l'ambiance sombre pour suivre l'extraction de l'âme d'un génie scientifique.
La réalisation froide vient poser une immersion des plus réussies dès les premiers instants pour un résultat pesant et plaisant.
Speed Bob - Benjamin Blatière - 5'
Speed Bob, c'est l'autre fierté française aux cotés de Juliet et d'Avant. Signé Benjamin Blatière, qui n'hésite pas à se mettre lui même en scène, on le retrouve aux commandes d'un vaisseau sur une planète pétrolière qui semble être sa propriété.
Si on pense d'abord à la ressemblance entre ce dernier et notre JB international, c'est également à StarCraft, Fallout ou encore Star Wars qui vous viendront à l'esprit.
C'est sur un rythme infernal mettant en scène la course poursuite entre Bob et un extraterrestre siphonneur de pétrole que le français nous trainera jusqu'à sa mort.
Malheureusement trop court techniquement, ce court métrage souffre de rendus pas toujours très propres qui vont très mal vieillir.
Mais on pardonnera facilement ces quelques manques de finition au profit d'un humour omniprésent, faisant de lui un autre coup de coeur de la rédaction.
MOTH (Man Of The House)
Encore un coup de coeur pour nous, ce MOTH (Man Of The House) était la caution zombie de cette compétition internationale de courts métrages. On y suit un jeune enfant, livré à lui même, cherchant à survivre comme il peut dans un monde où le virus à ravager notre société.
Sombre et froid, MOTH était une agréable surprise. Avec un twist final assez original, il s'évite les clichés et les stéréotypes du genre pour un résultat très plaisant.
Helio - 20' - Teddy Cecil
Autant le dire tout de suite, Helio est un hommage à 1984 d'Orwell, et c'est bien là son gros défaut.
En effet, ce court métrage, mettant en scène un mineur vivant dans une ville souterraine, pose ses bases dans le roman de l'auteur anglais. Des panneaux affichant les soixante dix millièmes jours de paix, des affiches de propagande, une radio d'état... tous les éléments sont là pour poser l'ambiance dès les premiers instants.
Pris en chasse par la police gouvernemental, ce mineur masqué, à l'instar d'un certain Tom Hardy, se retrouve dans une course poursuite pour sauver sa propre vie d'une mort certaine.
Le réalisateur américain profite de ce court métrage pour en faire un véritable laboratoire à idée, n'hésitant pas à multiplier les plans novateurs et ingénieux.
Bien dommage donc, qu'il n'ait pas développer un véritable univers plutôt que de s'engluer de l'héritage lourd de 1984.
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3.
| Session 3 - 92'
Alors que la première projection de la troisième et dernière session de courts métrages avait eu lieu dans la petite la Solaris la veille, nous nous retrouvons en salle Dune pour découvrir les sept dernières productions en course dans cette compétition internationale de courts métrages.
Qui aurait pu croire que la nature reprendrait ses droits suite à la mort d'une petite souris en plein coeur de Manhattan ?
Visiblement, ce trio de réalisateurs allemands y a pensé et l'a mis en image. Le résultat est ce court métrage de quatre minutes où la nature va reprendre le dessus sur l'un des endroits les plus agités de la planète.
Si techniquement le résultat est impressionnant, le manque d'originalité vient rapidement se faire sentir laissant place à un sentiment de déjà vu, dommage.
Welcome to Forever - Laddie Britt Ervin - 12'
Second court à aborder le transfert de conscience vers un corps mécanique, Welcome to Forever nous vient des États-Unis, et le moins que le puisse dire, c'est que ça se ressent dès les premières secondes.
En effet la réalisation de ce court métrage sent bon les séries comme Breaking Bad, avec une colorimétrie et des plans typiques de la série de Vince Gilligan. Dans le propos, c'est en revanche tout autre chose. Nous y suivons Cal Jenner, un technicien devant débrancher ces nouveaux corps d'accueil. Or il va tomber sur un os et devra affronter une sorte de meha dernier rempart de la conscience d'un retraité américain. Finalement il repartira avec le chien robot de la maison ; un message assez étonnant mais un bon moment tout de même.
Toonocalypse - Owen Rixon - 18'
Derrière ce nom ô combien intrigant se cache un des courts métrages les plus rafraîchissants de cette compétition.
Si on peut vous dire dès à présent qu'il ne remportera pas cette dernière, on ne peut en revanche que trop vous le conseiller.
On y découvre deux colocataires filmant le début de l'apocalypse. Or cette apocalypse est loin des clichés habituels car les extraterrestres ne sont rien d'autre que des petits monstres cartoonesques, tout en dessin et pas plus offensifs qu'un papillon.
Seulement voila, après un an de cohabitation - l'entente s'étant installée après une période d'observation - ces derniers vont muter et devenir des créatures beaucoup plus massives. Elles finiront par se retourner contre leurs hôtes allant même jusqu'à les transformer en être de leur espèce.
Intelligemment réalisée et scénarisée, cette production anglaise kickstartée aura eu le mérite de faire rire toute la salle et de nous faire vivre un bon moment, faisant de lui un autre coup de coeur de la rédaction.
Man Without Direction - Johannes Stjäre Nilsson, Pelle Öhlund & Nini Jemth - 15'
Si Pelle Öhlund a reçu la distinction particulière du jury de cette compétition, ce n'est pas pour rien. En effet, l'acteur suédois a survolé cette dernière en offrant une prestation ahurissante dans le court Man Without Direction.
Il y incarne un V.R.P. tombant en panne au beau milieu de nulle part, se retrouvant dans un hôtel de campagne duquel il ne repartira pas indemne. Car c'est une réelle introspection qu'il va vivre, affrontant ses démons un à un avant de réussir à s'extirper de l'hôtel.
Réalisé dans la pure veine des séries suédoises, ce court métrage vous plonge dans une ambiance sombre pour mieux vous en ressortir dans la lumière ; un gros (gros) coup de coeur !
Ils mourront dans l'espace - Javier Chillon - 15'
Cette production espagnole aura su se faire remarquer durant cette troisième session de courts métrages.
Mettant en scène une expédition partant à la dérive dans l'espace, on y suit un ingénieur décryogénisé d'urgence afin d'effectuer les réparations nécessaires au rétablissement de la situation.
Sauf que les choses vont vite tourner au drame quand il annoncera son incapacité à réparer le vaisseau, le plaçant ainsi au coeur d'un piège duquel il ne semble pas pouvoir se tirer.
Réalisé tout en noir et blanc, ce court métrage espagnol pose rapidement une ambiance lourde et pesante, appuyant parfaitement le propos développé dans ce dernier.
Portal To Hell !!! -Vivieno Caldinelli - 12'
Produit par Canal +, significatif d'une diffusion sur la chaine de Vincent, et mis en jeu pour la première fois aux Utopiales, il n'est pas étonnant que ce soit Portal To Hell !!! qui rafle la mise.
En effet, ce court métrage canadien mettant en scène Rowdy Roddy Piper, ancienne gloire du catch canadien, face à Cthulhu avait tout pour séduire la chaîne cryptée.
Complètement décalé dans son propos, il met en scène R.R.P. comme gardien d'un immeuble, devant faire face au grand ancien suite à l'incantation magique de deux retraités du bâtiment.
Dans la veine d'un Shaun Of The Dead, Portal To Hell !!! vient rajouter son nom sur la liste des indispensables du genre ; gros coup de coeur !
World Of Tommorow - Don Hertzfeldt - 16'
Dernier court à être présenté dans cette compétition 2015, World of Tommorrow est reparti des Utopiales avec le prix du jury.
Si Don Hertzfeldt a raflé la mise, c'est grâce à un court d'une qualité incroyable à tous les étages. Réalisé tout en dessin, pour le moins simpliste, W.o.T. s'appuie sur une grande force narrative, parfaitement scénarisée, qui vous entraînera dans un futur où notre conscience est téléchargée de corps en corps au fil du temps. Troisième court à aborder ce propos, il se différencie par une réalisation touchante, pleine de mélancolie et juste dans son propos.
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4.
| Palmarès
Prix du Jury
C'est donc à World Of Tomorrow que revient le prix du Jury malgré une compétition très serrée. Plus de vingt et un courts métrages auront été diffusé pour ce cru 2015, offrant au passage une troisième session de projection à cette compétition dans le planning des Utopiales.
Mention spéciale du Jury
Décernée à Pelle Öhlund pour sa prestation très remarquée dans le court métrage suédois Man Without Direction.
Prix du Public
C'est Juliet, dernier court métrage de la première journée de projection, qui repart avec le prix du public de ces Utopiales 2015. Notez bien ce nom quelque part afin de ne pas rater son lancement au public sur internet.
Prix Canal +
Comme nous vous le disions plus tôt, c'est Portal To Hell !!! qui repart avec un contrat de la chaîne cryptée. Hilarant et parfaitement réalisé, ce court métrage canadien aura su laisser son empreinte sur cette compétition 2015