Si tout le monde s'accorde à dire qu'un peu de diversité fait du bien à une franchise bientôt quadragénaire, l'introduction de personnages incarnés par des acteurs issus des minorités n'est pas totalement désintéressée, comme on peut s'en douter. A ce titre, le cas de Rogue One, qui entend séduire la Chine et tout le marché asiatique, est assez intéressant à étudier.
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Première chose, rappelons que la franchise Star Wars n'a pas, dans l'Empire du Milieu, la notoriété qu'elle a dans le reste du monde. Il faut dire que la sortie en salles des six films précédents The Force Awakens date de 2015 : l'année dernière, Disney tentait en effet d'augmenter la réputation de l'une de ses licences en diffusant, pour la première fois, les films Star Wars dans les cinémas chinois.
Un premier essai donc. Et le casting de Rogue One en est un autre. En choisissant Donnie Yen (originaire de Hong Kong) et Jiang Wen (réalisateur et acteur chinois très populaire) pour accompagner Felicity Jones et son commando rebelle, Lucasfilm et Disney entendent séduire le public asiatique, qui répond généralement très positivement au star power de leurs acteurs phares.
Seulement, le casting d'acteurs asiatiques dans des blockbusters américain est devenu monnaie courante à Hollywood, et le public chinois, notamment, commence à se méfier de cette approche. Le mot d'ordre semble simple : si les personnages ont une importance, les spectateurs suivront. Ce qui explique peut-être le succès de Warcraft, où Daniel Wu jouait le méchant, en Chine. Et ce qui semble a priori expliquer l'échec, sur place, d'Independence Day Resurgence, malgré la présence de l'actrice chinoise Angelababy, dispensable et sacrifiable dans le film d'Emmerich, là où une plus petite production comme Insaisissables 2 a cartonné, grâce à la pop star taïwanaise Jay Chou.
Évidemment, et malgré un spoiler majeur de Jiang Wen à la Star Wars Celebration (qu'on ne répétera pas ici) le sort des deux personnages asiatiques du roster, Chirrut et Baze, est encore incertain, et le storytelling de Gareth Edwards déterminera donc tout le succès de Rogue One sur le marché asiatique. En tous cas, sur place, les réactions sont pour le moment mitigées : une partie du public asiatique craint un second Independence Day 2, quand d'autres se réjouissent de l'ouverture ethnique du spin-off Star Wars. En revanche, tout le monde s'accorde à dire que Donnie Yen, connu partout dans le monde pour la saga de Kung-Fu Ip Man, et Jiang Wen, ultra-populaire en chine (avec 40 films en tant qu'acteur et 6 en réalisateur), pourraient mener Rogue One au-delà du score de The Force Awakens dans l'Empire du Milieu, qui n'avait offert "que" 124 millions de dollars au film de J.J.Abrams.
Dans tous les cas, le cas Rogue One risque bien de faire date dans l'histoire industrielle d'un Hollywood toujours plus tourné, et à juste titre, vers le marché asiatique.