1.
| L'Hérésie d'Horus
Commençons par la commencement. Et ça tombe bien, puisque l'Hérésie d'Horus peut être considérée à plus d'un titre comme la genèse de l'univers Warhammer 40.000. Techniquement, l'ensemble de cette saga, qui compte désormais bien des romans, se déroule même 10 000 avant le jeu de figurines de Games Workshop, à l'heure où l'Empereur de l'humanité unifie les étoiles grâce à des légions de guerriers génétiquement modifiés qu'on appelle les Space Marines.
Mais la jalousie et la tentation guette le plus influents des fils spirituels de l'Empereur, Horus, qui va fédérer autour de lui les laissés pour compte et les guerriers les plus amers de l'humanité. Une odyssée passionnante, bien qu'elle ne mette en scène que des Space Marines, à quelques exceptions près. Elles seront bienvenues, d'ailleurs, puisqu'elle prennent la forme de civils envoyés au front pour capturer les exploits des guerriers de l'humanité en poèmes, peintures et films en tous genre. Très vite, leur regard sera donc le nôtre, et nous permettra de plonger dans l'univers assurément grandiloquent de cette préquelle à Warhammer 40.000 riches en intrigues politiques et en batailles épiques, forcément.
Il y a quelques années encore, l'Hérésie d'Horus n'était pourtant qu'un événement vague dans le canon du jeu de figurines. Depuis, elle est une série de romans à succès qui compte déjà 44 ouvrages, publiés depuis 2006. Et forcément, tous ne sont pas indispensables, et on recommande donc aux débutants la trilogie qui ouvre ce cycle, qui vous propose une histoire complète et plutôt satisfaisante sur la déchéance d'Horus. Elle est composée des romans L'Ascension d'Horus (Horus Rising) de Dan Abnett, Les Faux Dieux (False Gods) de Graham McNeill et La Galaxie en Flammes (Galaxy in Flames) de Ben Counter.
Un trio de romans qui vous fera découvrir une période où l'humanité touche du doigt son âge d'or pour mieux sombrer dans la guerre et l'ignorance, et qui ouvre les portes d'une saga beaucoup plus large, dans laquelle des romans que Fulgrim, Legion, Le Premier Hérétique (The First Heretic) ou encore Un Millier de Fils (A Thousand Sons) s'arrêtent sur des détails passionnants de la révolte de nos chers Space Marines. Mais commencez déjà par la trilogie originale pour avoir ne serait-ce qu'une vague idée de la subtilité qui peut se cacher derrière l'apparence over the top de Warhammer 40.000.
2.
| Les Fantômes de Gaunt
Si l'Hérésie d'Horus est une préquelle plutôt intéressante et à même de vous donner les bases de l'univers de Warhammer 40.000 et de ses personnages les plus récurrents, à savoir les Space Marines, ces derniers ne sont qu'à peine humains, ce qui rend l’identification parfois difficile. Si vous préférez les Hommes aux Surhommes, on recommande donc plutôt la saga des Fantômes de Gaunt, consacrée à de simples soldats de la Garde Impériale, l'armée de l'humanité, qui sont appelés à combattre sur les fronts de l'immense croisade de Sabbat.
Ici, nous suivons ainsi Ibram Gaunt, un officier politique qui hérite du sort de l'unique régiment rescapé de Tanith, une planète rasée par les forces du Chaos. D'abord récalcitrant à l'idée de commander cette troupe très soudée qui voit d'un mauvais œil l'arrivée d'un Commissaire dans leurs rangs, l'exemplaire officier finira par nouer des liens indestructibles avec les hommes et les femmes du régiment, qui finiront par être surnommés les Fantômes de Gaunt. Un sobriquet qui fait autant référence à leur respect pour leur commandant qu'à leurs capacités d'infiltration hors-normes - en gros, les Fantômes sont des ninjas écossais doublés ET des tireurs hors-pair, un mélange très utile dans l'univers où il n'y a que la guerre !
Plus humaine, dans tous le sens du terme, que les autres sagas consacrées à Warhammer 40.000, le récit que Dan Abnett a inauguré en 2003 compte désormais 15 bouquins, qui traduisent tous parfaitement l’insignifiance de la vie humaine dans l'univers complètement dingue de Games Workshop. La stupidité avec laquelle les personnages du fameux régiment disparaissent n'a ainsi rien à envier à un Game of Thrones et est tout à fait capable de déchirer le cœur des lecteurs, déjà malmené par un paquet de batailles angoissantes et des querelles intestines inquiétantes.
Émouvante, épique et particulièrement addictive, Les Fantômes de Gaunt est l’équivalent littéraire de Band of Brothers dans l'univers de Warhammer 40.000. L'horreur de la guerre y est savamment décrite, les personnages sont attachants et les thèmes abordés mettent en valeur les aspects les plus stupidement passionnants du space-opéra dystopique de Games Workshop. On vous recommande donc fortement cette saga guerrière qui sent bon l'esprit de corps, mais qui a le mérite d'aller plus loin.
3.
| La trilogie Night Lords
J'évoquais tout à l'heure les fameuses forces du Chaos. Mais quelles sont-elles ? À l'origine, de simples démons qui vivent dans un monde inversé au nôtre et qui se nourrissent de nos émotions. Mais ils sortent parfois de leur royaume intangible pour nous corrompre, et même les inflexible Space Marines ne sont pas à l'abri de cette tentation. C'est ce phénomène, aidé de beaucoup d'amertume et d'injustices diverses et variées, qui ont mené à la création des Space Marines du Chaos, une version torturée et finalement plus humaine (car faillible) des plus grands guerriers d'humanité.
Dans la trilogie d'Aaron Dembski-Bowden, nous suivons l'une de ces légions de Space Marines du Chaos, qu'on appelle les Night Lords, et plus particulièrement la troupe de notre infâme protagoniste, un certain Talos, promis à une sombre destinée. Cette saga est donc l'occasion pour le lecteur de s'encanailler avec les plus grands vilains de l'univers Warhammer 40.000, et les trois romans ne manquent ainsi pas d'atrocités en tous genres et d'autant plus que les Night Lords sont connus pour leur pratique de la guerre psychologique.
Mais aussi fun que puisse être l'attaque d'un avant-poste impérial par des adversaires se servant du noir et des cadavres de pauvres humains pour affaiblir ses défenses, on aurait tort de croire que l'intérêt de la trilogie Night Lords se limite aux scènes gores et aux combats archi-violents. Toute la puissance de l'œuvre d'Aaron Dembski-Bowden réside plutôt dans la sympathie que l'auteur a pour ces monstres en puissance et en actes. Car derrière ces montages de muscles génétiquement modifiées et de plaques d'armures ornées de crânes se cache la soif de vengeance de guerriers floués il y a 10 000 ans de cela.
Une amertume qui a eu tout le temps de muter en haine, mais qui n'est pas inintéressante pour autant. Dans ces trois romans, on en apprend ainsi beaucoup sur l'étonnant quotidien de ces grands vilains, qui s'avèrent au moins aussi passionnants, si ce n'est plus, que leurs confrères loyalistes, pour peu qu'on leur pardonne leurs excès de rage. Si vous avez l'habitude de décortiquer la psychologie des plus cruels antagonistes, quelque soit leur univers, on vous recommande donc de jeter un œil à cette série !
4.
| Les Anges des Ténèbres
Un peu à la manière de la trilogie Night Lords, le roman Les Anges des Ténèbres (Angel of Darkness) entend rétablir la vérité sur l'univers de Warhammer 40.000, et plus particulièrement, sur la façon qu'ont les maîtres de l'humanité de mener le peuple en bateau. Mais pour se faire, Gav Thorpe, qui est non seulement romancier mais également un nom jadis très impliqué dans le développement du jeu Warhammer 40.000, ne va pas opter pour les Space Marines du Chaos, mais bien pour un Space Marine du passé.
Rassurez-vous, ce n'est pas une autre catégorique de Marines à connaître avant d'attaquer le bouquin. Si vous avez bien suivi ce dossier, vous comprendrez même de quel genre de Space Marine il s'agit : un guerrier de la légion des Dark Angels, qui se réveille après avoir flotté des milliers d'années dans l'espace suite à l'Hérésie d'Horus, un certain Merir Astelan. Manque de bol pour lui, les Dark Angels sont connus pour leur politique du secret et il va ainsi être arrêté par le Chapelain-Investigateur Boreas, qui entend bien lui arracher des réponses sur un âge désormais révolu, qui pourrait bien secouer toute la hiérarchie de la légion de Space Marines.
Le roman de Thorpe prend ainsi la forme d'un long dialogue entrecoupé de flashbacks entre les deux personnages, qui discutent ensemble de l'état de l'humanité et de ses dirigeants. Car malgré les années qui séparent Merir de Boreas, le premier prétend ne jamais avoir renié la cause qui est la sienne : la défense de l'humanité. En revanche, il ne comprend pas pourquoi cette dernière s'adonne désormais à l'obscurantisme, et en ce sens, cet unique roman (oui, j'ai triché, ce n'est pas une série de bouquins, à proprement parler) est l'occasion parfaite pour découvrir les paradoxes qui forment l'Imperium, cette gigantesque organisation pour laquelle des milliards d'hommes et de femmes meurent chaque jour.
Assez intimiste, finalement, Les Anges des Ténèbres se dévore assez rapidement, et vous permet de saisir un paquet de subtilités qui font le sel de l'univers de Warhammer 40.000, même si la fin n'est pas à la hauteur des nombreux et mystérieux échanges entre les deux Space Marines.
5.
| Eisenhorn
Comme vous avez pu le voir dans les chapitre précédents, le nom de Dan Abnett, également connu pour ses comics Guardians of the Galaxy, est récurrent du côté des productions littéraires tirées de l'univers Warhammer 40.000. Mais j'ai tenu à garder la première de ses sagas dans ce monde torturé pour la fin, puisqu'elle représente à merveille la noirceur de la création de Games Workshop. Et pour cause, elle met en scène un inquisiteur répondant au nom de Gregor Eisenhorn.
Ce personnage, qui décrira les événements des romans qui composent sa trilogie à la première personne, est connu pour ses méthodes peu glorieuses, typiques de l'Inquisition, un organisme chargé de protéger l'humanité - mais qui donne beaucoup dans la paranoïa voire le conspirationnisme - grâce à trois bras armés, l'Ordo Xenos, luttant contre les Aliens, l'Ordo Hereticus, qui traque les traîtres, et l'Ordo Malleus, qui fait des démons en tous genre son casse-croûte. Ses trois branches donneront d'ailleurs leur nom aux romans de cette trilogie, dans laquelle Eisenhorn va enquêter sur une grande variété de mondes et de personnages.
Idéal pour plonger dans toute la splendide paranoïa qui caractérise l'humanité de Warhammer 40.000, la saga vous propose une narration soutenue, qui vous immerge dans l'esprit d'un agent de l'Imperium puritain, qui deviendra pourtant l'un des éléments les plus radicaux et les plus retors de la société impériale. Autant vous dire que la trilogie est elle aussi à même de vous faire découvrir tous les paradoxes de la création de Games Workshop et la complexité de ses personnages.
On notera d'ailleurs qu'au contraire de toutes les autres séries de romans ou ouvrages présentés ici, Eisenhorn est intimement lié au développement d'un jeu de la maison britannique. Il s'agit en l'occurrence d'Inquisitor, un jeu de rôle spin-off de Warhammer 40.000, qui se pratiquait à l'aide de figurines haute de 54 millimètres. Parmi elles, on retrouvait ainsi Eisenhorn et l'un de ses alliés, Cherubael, et ce sont ces produits qui avaient inspiré à Dan Abnett sa première série dans l'univers où il n'y a que la guerre.