Vous avez dit vampire ?
A force de se casser la figure, Universal apprend peu à peu à marcher. L'enseigne propriétaire des monstres classiques du cinéma, bien inspirée par le projet-témoin The Invisible Man de cette année, tente une fois encore de raviver son catalogue d'épouvantables créatures, sur la base de budgets plus restreints et auto-contenus. Un revirement catégorique vis-à-vis de cette dernière décennie, et alignée sur les priorités modernes d'Hollywood.
Après avoir tenté et échoué à copier le modèle Marvel Studios, comme bien d'autres, Universal tire les mêmes enseignements que Warner Bros. avec le film Joker : plutôt que de chercher à imiter Disney et se heurter à l'insolente toute-puissante de l'entreprise sur le terrain du gros budget, revenir à des œuvres plus sincères, moins chères, et plus facilement rentables. Cadencé à un budget (invraisemblablement serré) de 7 millions, le film The Invisible Man de Leigh Wannell, produit par Blumhouse, opère pour le moment à un score de 102 millions au box office, avant même d'être sorti hors des Etats-Unis et de l'Australie.
Cette semaine, le Hollywood Reporter rapporte que le studio de Jason Blum est au travail sur une nouvelle relance de Dracula, peu de temps après la série de Steven Moffat diffusée en janvier sur la BBC. A la mise en scène, on retrouvera la réalisatrice Karyn Kusama, connue pour les films Jennifer's Body avec la scénariste Diablo Cody, The Invitation, Destroyer et Girlfight, saluée de quelques prix et profitant d'une bonne réputation dans les réalisatrices de l'horreur "au féminin". Une embauche symbolique pour Jason Blum, qui expliquait il y a quelques années vouloir mettre en avant davantage de femmes à la mise en scène des productions Blumhouse, suite à un commentaire maladroit sur le nombre de réalisatrices dans le cinéma de genre.
Cette nouvelle approche de Dracula devrait imiter le modèle posé par The Invisible Man, en abandonnant le XIXème siècle du roman de Bram Stoker pour un décor plus contemporain. Kusama sera accompagnée par ses deux scénaristes habituels, Matt Manfredi et son époux Phil Hay, co-auteurs de Destroyer et The Invitation - une formation d'habitués qui confirmerait la piste d'un projet autonome, où le studio ferait confiance à une équipe plus qu'à un cahier des charges de commande, comme cela a pu être le cas par le passé.
En résumé, Hollywood continue de se transformer après l'énorme part laissée aux projets de tentpoles de la décennie passée (où les monstres classiques auront été les premiers à souffrir, au point de devenir une sorte de blague sur les internets modernes). Dans l'intervalle, un autre projet de relance des créatures d'Universal évoluerait à part, dans le feutré, tandis que Skybound Entertainment travaille aussi sur une relance comique de Dracula par le prisme de son serviteur, Renfield. Le soleil semble se lever sur les amoureux de vampires - paradoxe - en espérant que les résultats seront au rendez-vous.