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Édito #7: Le frisson, cette sensation agréable !

Par AlexLeCoq
27 janvier 2014
Édito #7: Le frisson, cette sensation agréable !

Passer à côté des plus grands classiques du cinéma serait aujourd’hui une hérésie tant le média est majeur dans la pop culture même si j'avoue sans mal ne jamais avoir été un adorateur du 87ème Art. Si la vidéo a permis de créer des expériences narratives incroyables, c’est un peu la corvée lorsque je dois m’auto-persuader que je vais passer 1h30 voir 2h assis sur mon canapé à regarder une histoire sur laquelle je n’aurais aucune incidence et sur laquelle je serai juste spectateur et jamais acteur. Évidemment, j’ai toujours compris la nécessité de ne pas interférer dans une histoire pour pouvoir se laisser guider par son auteur mais le jeu vidéo est la preuve qu’un minimum de liberté peut-être offert au spectateur sans véritablement interférer sur son bon déroulement. Et même si au final, le film était excellent et agréable, c’est toujours une tannée dès lors que je dois en regarder un nouveau, sauf quand il est question de films d’horreur.

Et oui, j’ai trouvé mon Graal : le frisson. Que ce soit pour regarder Halloween, Saw (premier du nom), Massacre à la Tronçonneuse, L’Exorciste ou encore The Thing, c’est toujours un rituel qui ne change pas et qui participe incroyablement à l’expérience. Il faut évidemment qu’il fasse nuit, avoir fermer ses rideaux et si possible, en cas de solitude, il faut absolument porter un casque pour s’isoler de tout élément extérieur afin d’être totalement plonger dans cette expérience horrifique. Regarder un film d’horreur, c’est aussi une préparation psychologique au cours de laquelle il faut se rappeler que nous ne sommes seulement des spectateurs et qu’au final, le triste sort des protagonistes n’aura aucune influence sur le reste de sa petite journée ou nuit, mis à part quelques cauchemars peut-être. Et rapidement, le film commence et le sentiment d’immersion se fait tout de suite ressentir et toute les résolutions précédentes ont immédiatement disparu en même temps que le générique d’introduction. Tout comme les héros de la bien souvent macabre aventure, il n’y aura pas un seul ou très peu de temps de repos et de souffle avant que le générique de fin ne défile. Il faudra surveiller les moindres recoins de chaque plans pour ne jamais être surprit même, quelque part, la bonne nouvelle, c’est que nous ne nous ferons jamais étriper. Le film d’horreur réussit à prendre le spectateur par la main et le plonge, qu’il le veuille ou non, dans son univers et il devient lui aussi acteur dans la narration et il découvre le plus souvent les évènements en même que ces derniers trépassent.


Quand un réalisateur met en scène, il pense premièrement au spectateur avant, presque, de penser à son scénario car alors que les autres genres cherchent à divertir, tout le ressort de l’horreur, c’est d’impliquer son spectateur car il faut jamais qu’il ne sort de son histoire sans quoi, tout le processus de peur sera ruiné. Et la peur est souvent synonyme d’ignorance dans ce genre de film. Ne pas savoir ce qu’il se passe est toujours traumatisant et il n’y a rien de plus déstabilisant que d’être lancé dans un univers hostile dans lequel il est impossible d’avoir le moindre contrôle. Ce manque de contrôle est une grande force du cinéma d’horreur car le réalisateur choisi d’emmener le spectateur dans des situations désagréables et le spectateur n’a seulement deux options, arrêter son film ou suivre son histoire, à contre-cœur.

Une manipulation géniale qui peut prendre plusieurs formes puisque la peur peut être physique autant que psychologique. Le réalisateur peut jouer avec le physique comme le dernier Evil Dead qui multiplie les scènes plus gores les unes des autres ou à travers la déformation de l'être humain, caractéristique des films de zombies. Mais il est possible de tirer sur la corde de la psychologie comme des films comme Saw, très claustrophobique et mentalement dérangeant mettant les pauvres prisonniers face à des choix absurdes qui finissent souvent dans le sang (encore une fois, surtout le premier) mais c'est aussi le cas dans des films comme dernièrement Conjuring : Les dossiers Warren qui se focalise sur une présence maléfique et invisible qui frappe quand bon lui semble.

Et parfois, des films réussissent à allier avec brio les deux et l’exemple qui me vient directement en tête est l’excellent(issime) The Thing de John Carpenter. Incroyable en terme d'ambiance, le film de Carpenter annonce directement la couleur lors d'une des premières scènes marquantes dans laquelle la créature, qui prend l'apparence d'un chien, se déforme pour un rendu assez gore encore aujourd'hui. Mais le film avec Kurt Russel sait aussi manier des éléments de stresses psychologiques avec son histoire se déroulant en plein milieu de l'Antarctique (pas plus froid comme ambiance), isolant ces protagonistes de toute civilisation. Mais aussi dans l’idée que la créature peut-être en n’importe lequel des membres de l’équipe scientifique ce qui donne lieu à une scène incroyablement forte en tension alors que MacReady (Kurt Russel) teste le sang de chacun pour savoir si l’un d’entre eux est “infecté”.

La tension est à son comble d'un côté comme de l’autre de l’écran et, pour tout avouer, mon cœur a lâché la première fois que j’ai vu le film alors que je n’étais encore qu’un jeune enfant, ce qui a déclenché une série d'horribles cauchemars. Pour autant, The Thing reste aujourd'hui un de mes films préférés et cette pression est une forme d’implication que je ne retrouve seulement dans les films d’horreur et qui est pour moi une des forces de ce type de narration qui prouve que l'on est à l'abri nulle part, même dans son salon !

Maintenant, j’ai envie de faire du cinéma d’horreur.