On vous avait annoncé la sortie prochaine d’Elles & le Feu dans une news, aujourd’hui nous sommes ravis d’accueillir Alice Doublier pour un échange à bâtons rompus sur son roman et son métier d’autrice.
Elles & le Feu sort le 15 mai aux éditions Hachettes romans. « N’hésitez pas à la précommander ! » (ça c’est l’autrice qui a pris possession de mon clavier).
Dans cette interview, il sera question de l’histoire de ce roman de fantasy féministe, de méthode d’écriture, du chemin vers la publication et des nouvelles casquettes que doivent porter les auteurs aujourd’hui.
SyFantasy : Elles & le feu sort le 15 mai prochain. De quoi ça parle ?
Alice Doublier : C’est un livre de fantasy young adult qui raconte le destin de trois jeunes femmes. Le prince héritier arrive en âge de se marier, et ce qui devrait être une occasion en or pour les princesses des royaumes devient l’évènement de tous les complots politiques et rebondissements. Sans en dire plus, vous pouvez vous attendre à de la magie, de la romance et de la sororité.
SyFantasy : Donne nous trois raisons d’acheter ton roman.
A.D. : Pour ses personnages féminins variés et réalistes, pour les thématiques abordées (quête de soi, consentement, orientation sexuelle, etc.) et pour lire un livre de fantasy pleins d’intrigues politiques et de rebondissements.
SyFantasy : C’est un stand-alone ?
A.D. : C’est une duologie. D’ailleurs, c’est amusant de penser qu’au début cette saga était prévue sur quatre tomes.
SyFantasy : L’histoire a donc évolué en cours de route ?
A.D. : L’histoire, bien sûr, comme tous les manuscrits pendant les réécritures. La première version d’un texte est de la matière brute, à nous de la transformer en un livre publiable où tout est maîtrisé. La structure aussi a évolué, notamment après des retours d’éditeurs. J’avais prévu quatre tomes là où seulement deux étaient nécessaires. C’est là qu’on voit qu’un regard extérieur peut aider !
SyFantasy : Peux-tu nous présenter la façon dont tu as travaillé avec ton éditrice ?
A.D. : Je l’ai d’abord vue aux rencontres auteurs/éditeurs du festival des Imaginales. Après lui avoir envoyé mon texte, elle m’a fait un retour avec des points à améliorer. Ils me semblaient tous pertinents, donc j’ai effectué une réécriture. Après celle-ci, j’ai signé mon contrat et le travail éditorial a continué. Il y a eu plusieurs passages de professionnels de l’édition, et chaque fois le texte est devenu plus efficace et pertinent. C’était extrêmement gratifiant de pouvoir travailler avec des professionnels pour que ce que j’avais en tête se matérialise de la manière la plus pertinente possible. J’ai réécrit encore et encore, et je suis très contente du résultat.
SyFantasy : Comment écris-tu ? As-tu une routine ?
A.D. : J’écris beaucoup et souvent. Dès que je le peux, en fait. Malheureusement, comme une écrasante majorité des auteurs, je travaille à côté et dois donc placer l’écriture sur mon temps libre. Cela peut brimer la créativité, alors il faut apprendre à se mettre rapidement dans sa bulle pour tirer le maximum du temps qu’on réussit à libérer. Néanmoins, je ne crois pas que l’on s’habitue à cette frustration quand l’appel du vrai monde nous oblige à nous arrêter…
SyFantasy : Un conseil pour quelqu’un qui voudrait écrire ?
A.D. : Amuse-toi ! L’écriture, c’est censé être créatif et sans pression. Pas la peine de se mettre comme objectif d’écrire immédiatement comme les plus grands auteurs ; cela s’améliore avec le temps. Il y a un peu ce mythe de l’écrivain génie, auquel je ne crois pas du tout. C’est un art comme un autre, qui s’apprend et se perfectionne. Personne n’a jamais pris une guitare et joué merveilleusement bien sans entraînement… C’est pareil pour l’écriture.
SyFantasy : Quand tu parles d’ « écriture », tu fais une somme du style et de l’intrigue ? Privilégies-tu l’un par rapport à l’autre ?
A.D. : L’intrigue, c’est le côté créatif et l’imagination. C’est bien d’avoir une idée intéressante, mais la retranscrire sur le papier est un autre travail, qui se rapproche plus de l’artisanat. Maîtriser les dialogues, écrire des descriptions, nouer les sous-intrigues entre elles… Ce sont autant d’éléments qui demandent une certaine maîtrise ! Personnellement, je trouve que les deux sont indispensables. Une belle idée sans l’exécution est illisible, mais une maîtrise de l’écriture sans propos derrière est assez insipide... Les deux, et vous avez un livre !
Crédit : Hachette romans
SyFantasy : Qu’est-ce qui te plait le plus, « écrire » au sens de faire des phrases, ou imaginer des histoires et les restituer par des mots ?
A.D. : Le cœur du livre, pour moi, c’est l’histoire et ce qu’elle raconte. Quelle est la volonté du livre ? Quels sont les sujets que l’on souhaite aborder ? La langue est là pour soutenir tout cela. Pour sublimer, même. Je trouve personnellement qu’un auteur qui se regarde écrire est assez terrible… Une belle phrase qui ne dit rien, c’est de la décoration. Cela reste beau, bien sûr, mais ce n’est pas ce qui m’intéresse en premier lieu.
SyFantasy : ça a été la croix et la bannière pour te faire publier ?
A.D. : Disons que c’est un processus ! Elles & le Feu est mon cinquième roman écrit, cela montre bien les étapes qu’il y a eu avant que je ne signe enfin un contrat. Beaucoup d’envois, de participation à des concours, de retravail, etc. Ce n’est pas facile de se prendre des non à la chaîne, mais j’ai personnellement réalisé assez tôt que, publication ou non, je n’arrêterai pas d’écrire. Ça m’a aidé à mieux le vivre. La période de galère, avec le recul, c’est aussi une période où l’on affûte nos plumes d’auteurs. C’est difficile à vivre, bien sûr, mais je crois que c’est nécessaire.
Pour ma part, deux ans et demi après mes premiers envois et quelques mois après ma participation aux rencontres auteurs/éditeurs des Imaginales, je signais chez Hachette Romans.
SyFantasy : On sait à quel point il est dur et rare de se faire publier, mais on a l’impression que tu as tout fait pour. Est-ce que tu penses que « quand on veut, on peut » ou qu’il y a une part d’aléa ?
A.D. : Il y a bien sûr une part d’aléa et de chance. Être au bon endroit au bon moment, avoir eu envie d’écrire quelque chose qui s’avère plaire, faire la bonne rencontre… Néanmoins, rien ne sert de se dire qu’on n’a pas de chance, comme il est inutile de penser que l’on est parfaitement maître de notre destin. Il y a très peu de choses que l’on peut contrôler dans l’édition, alors autant tout donner sur celles-ci, faire de notre mieux et accepter de lâcher prise sur le reste. Publié ou non, je pense qu’il vaut mieux garder en tête la raison première de tout cela : l’envie et le plaisir d’écrire.
SyFantasy : Tu nous disais que tu écris très vite, tu fais exprès de te dégager du temps pour la promo ?
A.D. : Et oui ! Cela me retire encore du temps d’écriture, mais j’essaye de le faire sans me mettre trop la pression. Au début, je voulais être sur les réseaux et avoir un vrai programme, mais c’était ingérable avec un travail, l’écriture et tout le reste. Surtout, c’est un métier à part entière ! Maintenant, je me mets moins la pression et je suis mes envies pour mes publications. Néanmoins, même comme ça, cela prend un temps considérable.
SyFantasy : Est-ce essentiel aujourd’hui d’exister sur les réseaux ?
A.D. : Essentiel, je ne sais pas, mais c’est vrai que si nos lecteurs sont sur les réseaux, cela peut être utile d’y être également. Les enjeux ne sont pas les mêmes pour un auteur de littérature blanche par exemple, mais pour le Young adult, je dirais que cela peut aider, surtout que c’est un genre où les réseaux sociaux sont très prescripteurs. L’important, en fait, ce n’est pas que l’auteur soit sur les réseaux, mais que le livre y soit. Je suis personnellement dans une maison d’édition qui fait un très bon travail, donc cela me retire de la pression. Je sais que d’autres n’ont pas cette chance. Bien sûr, la réponse est différente pour les auteurs auto-édités.
SyFantasy : Tu penses que ces compétences nouvelles que l’on demande aux auteurs sont une tendance qui va s’inscrire dans le temps ?
A.D. : Cela va évoluer avec les réseaux, je pense. Aujourd’hui, Instagram et Tiktok sont les réseaux phares pour la prescription de livre, mais qui sait de quoi demain sera fait ? Je pense que l’important pour les auteurs est de se diriger vers les contenus qu’ils aiment bien faire, parce qu’il ne faut pas oublier que ce n’est pas notre métier.
SyFantasy : Quand sort la suite ?
A.D. : C’est une sortie rapprochée, le deuxième et dernier tome sera donc disponible dès l’automne 2024 !
SyFantasy : Le rendez-vous est pris 😉
Merci à Alice Doublier de nous avoir accordé de son temps pour réaliser cet entretien.