Comme convenu, la décision de la World Fantasy Convention de ne plus remettre son prix à l’effigie de Lovecraft allait réveiller les amoureux de l’auteur de Providence. Son biographe, le spécialiste de la littérature de l’imaginaire, S.T. Joshi, a décidé de boycotter les World Fantasy Award et a renvoyé les statuettes qu’il avait reçues. L’auteur américain né en Inde s’en était vu couronner par deux fois en 2005 et en 2013. Dans un courrier retranscrit sur son blog, il a reproché aux organisateurs de la convention de céder aux sirènes du politiquement correct. Afin de préserver la mémoire de l’écrivain, il appelle ses « amis » et « collègues » à se joindre à sa protestation.
La démarche de S.T Joshi de réhabiliter le créateur du mythe de Cthulhu se voit phagocyter par un éditeur d’extrême droite américain qui a décidé de reprendre la figure de Lovecraft pour créer un nouveau prix littéraire contre ceux qui dénigrent « la suprématie blanche ». Hier plusieurs auteurs, dont Jeff Vandermeer ou Scott Edelman, en avait relayé l'information sur Twitter.
Dans cette surenchère, il serait bon de se souvenir des mots de Sofia Samatar lauréate du prix en 2014, pour son roman A Stranger in Olondria qui revenait sur le sentiment étrange qui l’avait traversé en recevant le prix. Elle expliquait sur son blog qu’elle n’interdisait à personne de lire Lovecraft. Elle l’enseignait d’ailleurs à ses élèves. Le reproche qu’elle formulait n’était pas à l’encontre de l’auteur, mais de l’utilisation de l’image de Lovecraft comme représentative d’un prix international qui honorait une œuvre de l’imaginaire.
