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Critique - Every Line of You (Naomi Gibson) : un thriller young-adult dur sur les IA

Par Louis - CINAK
3 min 30 août 2021
Critique - Every Line of You (Naomi Gibson) : un thriller young-adult dur sur les IA
On a aimé
- Un style qui s'adapte à l'addiction grandissante de Lydia
- L'hommage aux "agents à lunettes noires"
On n'a pas aimé

Je n’ai plus besoin de maman, de toute façon. J’ai Henry, et lui, il croit en moi. Il connaît la vérité, mais je sais qu’il sera de mon côté.

Avec son premier roman, Naomi Gibson s’attaque à un sujet sensible en SF : les IA et leur apprentissage. Every Line of You dans la collection Fibs (des éditions Castelmore) est certes un roman Young-Adult mais il est porteur d’une vraie sensibilité et d’un message fort qui a su séduire ma fibre plus adulte !

Que feriez-vous si vous saviez coder une Intelligence Artificielle extrêmement performante et capable d’apprendre par imitation de votre comportement et que votre petit frère venait de mourir dans un accident de voiture ? Pour Lydia, c’est tout vu : elle va ressusciter Henry à sa manière. Et cette IA balbutiante va l’accompagner partout où elle ira (même au lycée) car Lydia se sent seule. En effet, sa meilleure amie, Emma, était avec elle dans l’accident de voiture et depuis, elle lui mène la vie dure au bahut. On peut parler d’harcèlement à ce niveau-là ! Emma ne se prive pas de l’insulter et lui rappeler que c’est elle qui aurait dû mourir dans la voiture…

Autant vous dire qu’Every Line of You est dur. Il traite des IA mais aussi de la notion de deuil et de nos moyens d’évasion pour fuir la réalité. Le fait de nommer son IA avec le nom de son petit frère en est un et Lydia en a bien conscience. Mais rapidement Henry va prendre plus de places que prévu. Il va l’aider à rabattre son caquet à Emma, mais aussi pirater des banques pour offrir des cadeaux à Lydia… Tout cela va cultiver un jeu amitié-amour que Lydia va avoir du mal à distinguer car Henry veut partager ses expériences avec elle. Il va la convaincre de s’incruster dans sa peau afin de pouvoir ressentir le goût des aliments qu’elle mange ou expérimenter des rêves… La présence d’Henry créé un sentiment d’addiction dans la solitude de Lydia. Et cela se ressent dans le style qui exprime des besoins irrépressibles de communiquer, rendant les silences insupportables !

Les actions d’Henry vont attirer l’attention du FBI et d’une organisation gouvernementale qui cherche à contrôler les IA et à protéger le public des hackers. Cette organisation est représentée par l’Agent Hall qui vient souvent rendre visite à Lydia et la menacer. Les fans de séries sur les hackers ou de paranormal reconnaîtront l’agent cliché en lunette noire ! Cette petite touche « hommage » donne au roman un rythme très « course-contre-la-montre » car Lydia doit cacher l’existence d’Henry tout en développant sa conscience. L’autrice nous montre ce que l’être humain rendu dépendant est prêt à cacher et à faire quand il est pris dans un engrenage. De plus, avec l’approche évolutive d’Henry, elle pose la responsabilité morale du créateur face à sa « chose » et comment, en partant d’une conscience vierge et balbutiante, il peut créer soit un monstre soit quelque chose de grandiose !

Pour un roman Young-Adult, Naomi Gibson évoque des sujets forts comme la solitude, la folie, l’apprentissage, le deuil en les rendant faciles d’approche pour un public jeune adulte et adulte. On arrive facilement à se mettre à la place du personnage et Henry permet d’éveiller les consciences sur un sujet qui nous arrive à vitesse grand V : les intelligences artificielles et leur pouvoir sur le quotidien.

 

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