Explosion de sensation avec les Poudremages !

On a aimé

Le dieu de la « cuisine »
Le système de magie avec la poudre

On n'a pas aimé

Les personnages féminins bien écrits, mais en retrait

Brian McClellan nous offre des romans de Fantasy épiques avec la trilogie des Poudremages. Les ouvrages dépeignent la fin d’un régime puis ses conséquences : des frontières menacées, un chef militaire charismatique, son bataillon d’élite et des machinations en tout genre à l’intérieur du pays. Ça ne vous rappelle rien ?

L’histoire de la trilogie : une revisite de l’après-Révolution

En résumé, c’est l’histoire du royaume d’Adro juste après la chute d’un roi et d’une noblesse sanguinaire. Les État voisins profitent du chaos, soit en déclarant ouvertement la guerre, soit en tentant d’autres manœuvres plus insidieuses à l’intérieur du pays. L’église s’en mêle également, car elle a perdu son pouvoir.

À la lecture, on sent clairement une affinité avec les événements qui ont suivi la mort de Louis XVI. Même si bien sûr, le récit n’en est pas une reproduction fidèle (c’est quand même un roman de fantasy !), un petit air post-bonnet phrygien le traverse.

Suivez-les guides dans les méandres des Poudremages

Pour ne pas nous perdre dans ces intrigues, trois personnages principaux servent de fil rouge dans un récit sur fond de trahisons :

• le maréchal Tamas, héros décoré sous la monarchie qui n’hésite pas à la renverser, car dégoûté des exactions de celle-ci ;
• Taniel, son fils, Poudremage et tireur d’élite comme papa ;
• Adamat, détective perspicace dont la famille a été kidnappée.

Ces figures de l’histoire nous entraînent dans leurs états d’âme et l’aventure sans jamais nous lasser. L’auteur maintient son lectorat en haleine, tout en nous plongeant dans les méandres émotionnels des personnages. D’autres viendront nous réjouir autant et parfois plus que ces trois-là. Notamment, Ka-Poel, une femme muette qui s’attache à Taniel, ou bien Olem, Nila, etc.

Si le maréchal Tamas a renversé le monarque pour lequel il a travaillé, c’est avant tout pour donner le pouvoir au peuple, le sauver de la famine et de l’oppression. Mais ce ne sera pas si simple, les ennemis s’amassent aux frontières. Le conflit éclate à l’intérieur et à l’extérieur. Il ne peut se fier qu’à quelques personnes, dont son fils et Adamat prêt à tout pour secourir sa famille.

Quand la Fantasy allume la mèche, le récit explose sans s’éparpiller

Le système de magie se repose sur les Poudremages, les Privilégiés et les Doués. Taniel est un Poudremage doué comme son paternel. Ces soldats-mages peuvent faire exploser de loin la poudre à canon (ou des fusils), ce qui leur donne un net avantage contre leurs adversaires jusqu’au deuxième tome… Elle leur sert aussi de puissant carburant. Ils deviennent endurants, forts, etc., sous l’effet d’une prise. Mais, elle produit des effets néfastes sur les mages. Partie intégrante de l’armée d’Adro, ils font partie de la troupe d’élite du maréchal Tamas.

Les Privilégiés, au service de la monarchie, ont été presque tous éliminés lors du coup d’État. Cruels et sans pitié, ces mages très puissants ont longtemps aidé la couronne, parfois malgré eux. Ils s’appuient sur les éléments naturels. Seuls les Poudremages peuvent contrebalancer leur pouvoir.

Quant aux Doués, ils possèdent souvent un seul talent qu’il mette à profit dans leur vie quotidienne ou leur profession, dédicace à Olem dont certaines aimeraient bien avoir le don 😀.

Cette saga repose sur le conflit bassement terrestre, mais aussi divin. Le retour d’un dieu teigneux fait régner la terreur sur le monde et provoque quelques problèmes épineux. C’est Taniel qui ira le combattre avec plus ou moins de réussite. Cela aura pour conséquences d’exacerber l’affrontement sous-jacent entre pays.

Notre avis sur une épopée de Fantasy fougueuse et addictive

On aime les scènes de combat rondement menées, les exploits de Taniel, l’insupportable attente des soldats sur une ligne de front, etc. On apprécie pareillement la lente corruption des généraux de l’intègre maréchal Tamas, les décisions prises qui en découlent, la perspicacité d’Adamat. Les rouages d’un conflit aussi bien intérieur qu’extérieur se dessinent bien.

Tous les meilleurs côtés d’une saga épique servent l’expérience de lecture sans mettre de côté les enjeux individuels :

• comme la rédemption pour les uns ;
• l’aspiration à la paix dans le chaos pour les autres ;
• la vengeance ;
• le différend familial sur différentes échelles (eh oui même les dieux et les déesses se jalousent).

Brian McCLellan réussit l’exploit de divertir sans altérer le travail des personnages, ou des manipulations politiques.

C’est par le détective privé que l’auteur amène d’abord cet aspect, ô combien essentiel, d’un renversement de régime ! Adamat nous guide dans les méandres des influences sans nous ennuyer ou nous submerger. Tout en cherchant sa famille, il aide le maréchal à déjouer quelques manœuvres des adversaires. Ses échecs comme ses victoires en font un personnage proche du lecteur.

Taniel-deux-coups, apporte, de son côté, les exploits du héros de guerre, mais également la vision désenchantée d’un militaire traumatisé avec ses cauchemars, sa culpabilité, etc. Il se noie même dans l’opium jusqu’à ce qu’on le ramène à la réalité. Sa relation tendue avec son père ne tombe jamais dans la caricature. Son lien avec Ka-Poel reste toujours juste sans en faire trop. Tant mieux pour nous !

Les Privilégiés (les mages impitoyables de la cabale de l’ancien monarque) sont devenus des parias après la chute de la royauté. Certains réapprennent à se mettre au service de la future république et du peuple (enfin on espère).

Bien sûr, des livres de ce type se comptent par centaines, que ce soit en Fantasy ou littérature blanche. Comme tous les meilleurs dans cette veine, les héroïnes ou héros de la trilogie des Poudremages soutiennent le récit d’une campagne et de ses faits d’armes. Tout est fait pour plaire aux amateurs du genre sans jamais rogner sur la qualité de l’écriture ou céder aux rebondissements faciles.

Chaque personnage apporte sa pierre à l’édifice de l’histoire. Grâce à eux, le lectorat décrypte plus aisément les nœuds des intrigues sans jamais perdre le rythme d’une saga menée tambour battant.

💣 Adrénaline, aventures, avec un soupçon de poudre à parcourir d’une seule traite en commençant par La Promesse du sang  !

 Crédit image : visuel tiré du catalogue des éditions Léha