Une écriture atypique ou typographie et figures de style subliment le récit.
En 2020 toute l’humanité, ou presque, s’est retrouvée assignée à résidence à cause d’une pandémie mondiale. Certains ont saisi l’occasion pour se lancer dans le streaming. D’autres pour enfin lire tous ces livres qu’ils avaient achetés sans jamais les ouvrir. Tandis que d’autres encore, découvraient les joies de la méditation en se retenant d’étrangler enfants et conjoint à cause de cette proximité forcée.
Pour Adrien Bürki, cette période fut propice à l’écriture d’un roman. Ainsi naquit La Couronne boréale, une aventure rocambolesque, d’abord proposée sous un format de feuilleton littéraire en ligne, avant d’être finalement publiée chez PVH éditions, en 2022.
L’histoire
Tessa, professeure d’archéologie, réunit Milos, un de ses plus brillants anciens élèves, Max, une cambrioleuse de génie, et Marteen, son amant également archéologue, afin de mettre la main sur un artefact légendaire : La Couronne boréale. Un objet mythique, de la non-moins légendaire civilisation Nakasunienne, qui n’a laissé presque aucune preuve de son existence. Ce qui devait alors être une enquête universitaire se transforme vite en une périlleuse aventure, lorsqu’une mystérieuse société secrète décide de mettre des bâtons dans les roues des quatre compagnons pour récupérer l’objet avant eux. Entre la Suisse, le Québec et l’Allemagne et à la faveur de rencontres aussi fortuites qu’improbables, La Couronne boréale nous entraîne dans une aventure haletante, drôle et surprenante, à mi chemin entre les enquêtes de Sherlock Holmes et les expédition d'Allan Quatermain.
Notre avis
Ne faites pas l’erreur de penser que La Couronne boréale est un récit d’aventures archéo-policières classique. Si les bases de son scénario en reprennent les codes, c’est pour les sublimer avec une écriture d’une rare maestria.
Car c’est bien là qu’Adrien Bürki excelle. Maniant les mots avec la virtuosité d’un chef d’orchestre, l’auteur joue avec les double sens, s’amuse des oxymores et des allitérations, nous fait redécouvrir les figures de l’insistance et l’asyndète. Jouant avec la typographie et la mise en page. Allant souvent jusqu’à briser le quatrième mur, comme lorsqu’il digresse pour s’étendre sur des considérations qui lui sont propres, le narrateur n’est pas qu’un personnage. Il chuchote à l’oreille du lecteur, l’aguiche même, en lui révélant des détails qui ont échappé aux personnages principaux. A la fois intra et extradiégétique.
Il décrocha son téléphone qui n’était pourtant accroché nulle part, étant d’ailleurs un engin particulièrement dépourvu d’aspérités, et passa quelques coups de fil–dieu sait pourtant que l’engin avait été retenu ailleurs le jour de la distribution des fils.
Servi à la fois avec un scénario bien ficelé, riche en rebondissements et des personnages joliment écrits, La Couronne boréale allie à merveille humour fin et extravagance pour nous offrir un récit digne des ténors du genre.
Une œuvre à découvrir chez PVH éditions, en numérique ici et en version reliée par là !