Critiques

La société protectrice des Kaijus : Ou comment un livreur Über devient manutentionnaire à Jurassic Park

Par Alex Moon
3 min 5 août 2023
La société protectrice des Kaijus : Ou comment un livreur Über devient manutentionnaire à Jurassic Park
On a aimé
- Vraiment très drôle et rafraichissant.
- Coup de coeur pour le personnage de Niamh et son caractère complètement barré !
- Une histoire qui peut être arrêtée et reprise sans jamais se sentir perdu : pratique quand on lit dans le bus ou dans une salle d'attente et que l'on est régulièrement interrompu.
On n'a pas aimé
- Un livre dans lequel c'est le voyage qui compte, pas la destination. Ce n'est pas un problème pour moi mais les amateurs de twist final surprenant y trouveront peut-être à redire.

Dans l’imaginaire fantastique, que ce soit au cinéma, dans les BDs ou les romans, le monstre géant est soit un gentil colosse, (King Kong, Mon voisin Totoro, le Géant de Fer…) soit un destructeur. (Godzilla, Cloverfield, Dune…) L'entre-deux est rare. Pourtant John Scalzi nous offre une alternative, à mi-chemin entre la Sea Shepherd et Jurassic Park. Un monde où les monstres géants, les Kaijus comme les appellent les Japonais, seront à la fois protégés et étudiés. Ici, point de lutte contre des braconniers avides de dépecer les grosses bêbêtes, ou de destruction de New York par des lézards géants. La société protectrice des Kaijus nous propose une aventure originale, dépaysante et pleine d’humour, sur le quotidien d’une ONG qui s'engage à protéger des créatures de la taille d’une montagne et à préserver leur habitat naturel. Si vous avez toujours trouvé Godzilla mignon ou bien si vous rêviez de visiter le véritable Jurassic Park, alors bienvenue au pays des Kaijus.

 

En route pour l’aventure !

 

Jamie Gray n’a vraiment pas de chance. Il vient de se faire virer de son job au service marketing d’une grosse boîte de livraison de repas à domicile. A quelques jours du confinement, il se retrouve à devoir bosser comme livreur sous-payé pour la dite boîte, afin de parvenir à joindre les deux bouts. Durant son service, il retrouve par hasard un ami d’enfance, Tom, qui finit par lui proposer un boulot pour la mystérieuse SPK. Il s’agit, dit-il, d’une société de protection pour gros animaux, présente partout à travers le monde et financée par des philanthropes, des scientifiques et des politiques. Ils ont besoin de quelqu’un pour porter du matériel sur les sites de recherches et la paie est très confortable. Sans hésiter, Jamie accepte et s’envole pour ce qu’il pense être le Groënland. Lorsqu’il sort de l'avion, il découvre une jungle luxuriante. On lui explique qu’il s’est engagé pour 6 mois de mission sur l’autre Terre, une Terre parallèle à la nôtre où vivent de gros monstres dignes des films de science-fiction : les Kaijus. Tom lui explique alors que la SPK s’emploie à empêcher les Kaijus de franchir la barrière dimensionnelle entre les deux mondes, tout en les étudiant et en les protégeant de ceux, de l’autre côté, qui voudraient les utiliser pour faire du profit. Jamie, en bon geek fan de littérature SF, se montre particulièrement enthousiaste. Il rencontrera ceux qui deviendront ses meilleurs amis sur place : Aparna une biologiste courageuse, Niamh astrophysicien.ne au fort caractère et Kahurangi chimiste et géologue à l’humour corrosif. Entre deux bains de phéromones puants et quelques attaques de crabes arboricoles, ils vont devoir organiser une rencontre amoureuse entre deux créatures titanesques, apprendre à se défendre contre des parasites de la taille d’un ours et organiser des visites culturelles pour des touristes fortunés avides de sensations fortes.

 

Un livre par un geek pour les geeks.

 

Avant tout, John Scalzi nous montre à quel point il est un puits de pop culture. Doom, Mothra (film japonais de 1961), les Ewoks de Star Wars, Pacific Rim… ne sont qu’une poignée des multiples références avec lesquelles le récit s’amuse.

Le livre nous plonge sans problème dans la cohérence de son univers, sans jamais s’alourdir de trop de détails techniques ou scientifiques, ni briser la suspension d’incrédulité. Si l’on s’attache à ses personnages et à leurs personnalités bien tranchées, on finit par se prendre d’affection aussi pour ses grosses bêtes, bien moins des monstres que des animaux qui font juste partie d’un écosystème complexe. Si le message est plutôt évident : Qui de l’homme ou de la créature est le véritable monstre ? Il n’est jamais adressé de façon moralisatrice ou politique. Le sous texte à beau être écologique, le livre est avant tout une superbe aventure, légère et entraînante, avec de sacrées tranches d’humour.

Une lecture idéale pour se vider la tête après une période sombre ou pour retrouver les sensations des meilleures œuvres de fiction des années 80 à aujourd’hui.

 

La société protectrice des Kaijus, par John Scalzi, est disponible aux éditions l’Atalante juste ici !