Critiques

Le Gast pays, ou la fin du cycle arthurien d'Alex Nikolavitch

Par Alex Moon
5 min 17 juillet 2024
Le Gast pays, ou la fin du cycle arthurien d'Alex Nikolavitch

À travers trois romans, Alex Nikolavitch retrace le mythe d’Arthur et des chevaliers de la Table ronde. Depuis Uther Pendragon (Trois coracles cinglaient vers le couchant), l’illustre paternel du roi de Bretagne, puis narrant l’épopée de Lancelot du Lac (Lancelot avançait en armes), pour nous proposer cette fois la jeunesse de Perceval, dans Le Garçon avait grandi en un gast pays.

À la fois poème épique et conte médiéval, le roman nous offre une relecture originale d’une œuvre intemporelle.

 

 

L’histoire

 

Le jeune Perceval a grandi loin de tout, dans une gast forêt où sa mère s’est réfugiée bien des années plus tôt et où le monde semble différent. Figé. Le jour où il quitte ce lieu hors du temps, il découvre un pays vivant, rempli de collines verdoyantes et de magie. Avec sa seule candeur et son désir d’apprendre, Perceval va partir à la découverte de ce royaume, à la rencontre de chevaliers, de paysans, d’adeptes de l'ancienne religion comme de la nouvelle, de fées et de brigands. 

Son premier contact avec la chevalerie se fera par l’entremise de Gawain, dont la quête d’un ancien héros devenu parjure va curieusement se mêler à celle de Perceval. Ce dernier, qui ignore tout des us et coutumes des hommes, va se retrouver mêlé à des aventures qui pourraient décider du sort du pays tout entier.

 

L’avis d’Alex

 

Le roman surprend d’abord par son rythme, celui d’un livre qui prend son temps. Sans pour autant se montrer ennuyeux, le récit, tout comme son héros, se cherche, se plaît dans les longues descriptions de paysages encore sauvages et de personnages charismatiques, avance à petits pas, hésite, et s’aventure hors des sentiers battus. Loin de jouer sur un suspense intense et des rebondissements incroyables, l’auteur préfère nous transmettre l’émerveillement du garçon face à ses différentes rencontres et ses découvertes.

En mêlant sources historiques et littéraires, Alex Nikolavitch tisse une fable entre le roman courtois et le conte gallois traditionnel (d’ailleurs, la plupart des personnages sont nommés en gallois). Le folklore y est particulièrement présent : fées et idoles païennes ont encore leur place dans le pays et dans le cœur de ses habitants, bien qu’elles soient petit à petit supplantées par le Dieu unique. C’est d’ailleurs cette guerre-là qui se joue réellement, plus que celle d’un roi contre une magicienne, l’affrontement de l’ancien et du nouveau.

De la même manière que le monde celtique s’efface petit à petit au profit de la religion chrétienne, l’innocence de Perceval est peu à peu vaincue par son entrée dans l’âge adulte. Aussi philosophique que poétique, Le Garçon avait grandi en un gast pays, est une œuvre à part, mais certainement pas anodine.

 

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