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Critique - L'Empire du Silence (Christopher Ruocchio) : Un début de saga prometteur dans un univers entre SF et Fantasy !

Par Louis - CINAK
3 min 3 mai 2021
Critique - L'Empire du Silence (Christopher Ruocchio) : Un début de saga prometteur dans un univers entre SF et Fantasy !
On a aimé
- Un univers riche et profond
- Un style très intimiste
On n'a pas aimé
- Des personnages secondaires pour l'instant oubliables

Pendant la guerre, j’ai été Hadrian le Demi-mortel, Hadrian l’immortel. Après la guerre, j’ai été le Dévoreur de Soleil

Christopher Ruocchio s’est fait connaître pour sa série du Dévoreur de soleil, dont l’Empire du Silence est le premier tome. Comparé à Dune et au Nom du Vent,L’Empire du Silence, chez Bragelonne, possède la même ambition iconoclaste, avec un héros qui fait un point sur sa vie et qui possède le recul des erreurs commises.

Nous suivons la vie d’Hadrian Marlowe, un jeune Palatin, au cœur d’un Empire intergalactique raciste et religieux. En cherchant à fuir un destin d’Inquisiteur, Hadrian va tantôt se retrouver mendiant, gladiateur, archéologue et bien d’autres choses qui nous seront révélées dans les tomes suivants.  Comment le lecteur sait tout ça ? Tout simplement parce qu’Hadrian nous le dit dès les premières pages. C’est un Hadrian vieux de mille ans, régicide, héros et ennemi de l’humanité, qui nous conte son existence mouvementée. Rien de bien nouveau sous le soleil, me direz-vous, si vous avez lu le Nom du Vent ou le Cycle de Syffe de Patrick Dewdney. Mais le réduire à des comparaisons simplistes serait nier toutes les qualités de la patte de Christopher Ruocchio. Son univers est profond et rappelle bien des fois des codes de la fantasy, ne serait-ce que pour la myriade de royaumes humains qui peuplent sa galaxie ou pour sa flopée d’extraterrestres réduits en esclavage par une humanité fanatisée et mystifiée par la Fondation.

D’ailleurs, cette Fondation, parlons-en. Dans toute l’histoire d’Hadrian, la Fondation est comme une épée suspendue au-dessus de la tête du personnage. Si elle venait à découvrir sa désertion, il serait traqué, ce qui le pousse parfois à se lier à des gens peu recommandables ou à faire des choses stupides. Cette institution a d’ailleurs une place particulière, presque toxique dans cet empire galactique. Leur credo se résumerait ainsi : comme l’humanité fut la première espèce à atteindre les étoiles, elle a un droit sur toutes les autres. Une logique implacable : pour des intérêts économiques, elle bafouera les idéaux humanistes et broiera tout être pensant le contraire. Ces courants opposés, Hadrian les découvre au gré de son périple, se forgeant une volonté propre et une force d’âme qui lui coûteront visiblement cher à l’avenir.

La richesse de l’univers de L’Empire du Silence est ce qui va faire grandir son personnage. Chaque épisode de sa vie est organique. Le récit est fluide et maîtrisé. L’histoire de l’exploration spatiale, les empires humains, ces ruines noires qui rappellent les monolithes de l’Odyssée de l’espace, tout cela influencera la vie d’Hadrian et de l’Empire (en plus de toucher l’afficionado de world-building qu’est tout bon fan de Fantasy et de SF). L’auteur maîtrise son univers et l’art de nous attirer dans ses filets. Même quand l’histoire patine légèrement sur des épisodes qui me paraissent quelques fois superflus, il y instille des éléments de lore qui nous font savourer la scène avec la force des images qu’il suscite en nous.

Le style est très intime et à la première personne, ce qui permet à l’auteur de décrire toutes les douleurs d’Hadrian. Chose intéressante, l’auteur passe sous silence certains traumatismes du personnage, mais qui reviennent le hanter à des moments cruciaux. On dirait presque que l’auteur respecte l’intimité de son personnage, apportant une certaine douceur à son style. Mais lacune propre à tous les récits à la première personne, les personnages secondaires semblent assez creux, mais cela peut se rattraper dans les tomes qui suivront (c’est ce qui est arrivé à Calame de Paul Beorn). Mais ma peur est que nous ne les retrouveront pas dans la suite, comme s’ils étaient de simples « épisodes » dans la vie d’Hadrian.

L’Empire du Silence est un bon roman introductif à une saga qui semble prometteuse. Hadrian Marlowe est touchant et ses instants de gloire et de souffrance nous interpellent grâce à un style particulièrement intime. A la lecture, nous avons envie de comprendre son histoire et les raisons qui l’ont poussé à trahir son empire. Mais encore plus que le personnage, l’univers dans son ensemble nous fait rêver, entre science-fiction et fantasy. Je recommande chaudement ce livre et j’attends avec impatience l’arrivée du tome 2 !

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Crédit illustration : Sam Weber