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Critique - Les Bras de Morphée (Yann Bécu) : Un beau roman de science-fiction plein d'humour à lire pour se détendre

Par Louis - CINAK
3 min 24 juin 2021
Critique - Les Bras de Morphée (Yann Bécu) : Un beau roman de science-fiction plein d'humour à lire pour se détendre
On a aimé
- L'humour loufoque de Frimousse
- L'humour fin de Michel
- Tous les concepts créés pour l'occasion
On n'a pas aimé
- Une histoire qui part dans tous les sens

On invita les gros dormeurs à désormais rester chez eux. « L’Ecole pour tous » fut l’un des premiers idéaux républicains à tomber.

Le premier roman de Yann Bécu, Les Bras de Morphée, est un ovni plein d’humour car il imagine un monde où un virus mondial à plonger l’Humanité dans un profond sommeil. Et c’est à travers le regard d’un des rares privilégiés capables de rester éveillé plus longtemps que les autres que l’auteur nous brosse le portrait de ce monde d’après.

Pascal Frimousse est professeur de français au Lycée français de Prague. Mais est-ce réellement important d’apprendre le français quand on dort 20h par jour ? N’a-t-on pas de meilleures choses à faire ? C’est tout le propos de Yann Bécu qui invente un monde qui va à l’essentiel ! Le politiquement correct, la politesse… tout cela prend du temps et donc passe à la trappe dans ce monde d’après. Tout le monde se doit d’avoir une vie simple et rythmée au son de son alarme de téléphone car Morpheus, le virus, frappe à heure fixe !

Frimousse était d’abord perdu avec tous ces changements de rythme mais il s’est vite habitué à résumer les gros pavés de la littérature française en quelques lignes. Les élèves n’ont plus le temps d’apprendre et les professeurs de corriger les copies : l’esprit de synthèse est devenu la plus grande des qualités. Mais Pascal Frimousse est un Eveillé, il ne dort que 12h par jour. Il a donc le temps, trop de temps… C’est ainsi qu’il a débuté sa carrière de troll : il est payé pour faire perdre son temps aux cibles qui ont enquiquiné ses commanditaires. Entre deux trollings, il se retrouve avec les autres Eveillés dans un bar pour se la coller et parler des projets qui ont été avortés à cause de Morpheus (mariage, thèse, relations à distance…). L’histoire de Pascal Frimousse vient à changer quand il se retrouve à partir à la recherche d’un scientifique qui aurait trouvé l’antidote au virus !

Yann Bécu a une vision absurde de l’avenir, brossé par un humour de situation loufoque. Par exemple, il arrive à Frimousse de gérer quelques affaires de trolls avec des Russes alors qu’il ne parle pas la langue, entraînant quelques moments bien épiques. Le personnage de Michel, le tenancier du bar des Eveillés, est une vraie perle d’humour fin, saupoudré d’une pointe d’alcoolisme et de philosophie de comptoir semi-sérieuse.

L’auteur se permet aussi quelques propos sérieux avec la question des gouvernements devant s’habituer à l’épidémie qui dure. Les citoyens peuvent perdre leur emploi en même temps qu’une heure d’éveil, passant du statut d’Eveillé à Marmotte ! La question des relations amoureuses est traitée également. L’histoire de Roméo et Juliette est particulièrement touchante : deux jeunes gens tombent éperdument amoureux avant la pandémie et vivent l’un en face de l’autre. Mais Morpheus les plonge dans 23h de sommeil avec simplement une plage de 60s d’éveil en commun, les lançant dans des discours enflammés avant de s’endormir…

Le problème majeur du roman de Yann Bécu est son manque de repères. L’histoire part dans tous les sens et l’histoire du remède n’est qu’une opportunité pour l’auteur d’explorer les strates de la nouvelle société pragoise. C’est pour cette raison que je classerais Les Bras de Morphée comme une lecture détente, sans l’ambition de questionner la société.

Les Bras de Morphée est un beau livre d’humour savoureux et fin avec quelques situations loufoques qui vous feront pouffer de rire dans les transports. Davantage conçu comme une succession de scènes humoristiques, moins que comme un roman uniforme, je recommanderais Les Bras de Morphée pour un moment détente à la plage ou dans les transports !

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Crédit illustrateur : Tangui Morin / Mirage C / Getty Images